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Jean-Louis Debré
le 25 janvier et par M. Hamlaoui Mekachera le 4 février auxquels
nous avons fait part du profond mécontentement d’une
partie de plus en plus importante des Français d’Afrique
du Nord. Le nombre de pétitions que vous avez reçues
ainsi que les manifestations des parlementaires et des rapatriés
à Saint-Laurent-du-Var, à Palavas-les-flots et dans
deux jours, samedi 18 février à 15 heures, à
Montpellier confirment ce triste constat.
La MIR comme le HCR depuis le vote de la loi 2005-158 en faveur
des Français rapatriés n'ont pas joué leur
rôle d’indicateur des attentes de nos compatriotes.
Après les graves insultes proférées par M.
Georges Frêche, le silence du Chef de l’Etat et l’absence
de déclaration de votre part montrent que notre communauté
est moins bien traitée que d’autres communautés
qui n’ont pas à leur actif les sacrifices consentis
par les Français d’Afrique du Nord et d’Outre-mer.
La réunion du HCR du 15 février vient renforcer ce
triste constat.
Le nombre de manquements aux règles de fonctionnement des
réunions administratives dépasse l’entendement
:
-convocation adressée hors délais
-ordre du jour imprécis et non-respecté
-compte-rendu succinct et incomplet de la réunion précédente
diffusé le jour même et non
validé par les membres
-vote d’une motion en l’absence de règlement
intérieur sur un texte non-diffusé avant la réunion
-vote en l’absence de tout contrôlé faute d’un
règlement intérieur
-absence de budget de fonctionnement,
-conditions de déplacement et d’hébergement
des personnes venant de province inacceptables,
-aucune diffusion des documents et projets adressés dans
les délais
-démission d’un membre au cours de la réunion,
précédée de la démission de deux autres
membres quelques jours avant
L-HCR Villepin 150206 BC pro.doc / 16/02/06
-deux présidents de séance, M. Emmanuel
Charron présidant la réunion aux côtés
de M.Alain Géhin. Lors du précédent HCR, M.
Marc Dubourdieu n’a assisté qu’au début
de la séance inaugurale pour présenter M. Vauthier
et à la clôture du HCR pour recueillir les impressions
des membres. Sa présence à quelques réunions
c’est faite à la demande du HCR en tant qu’observateur.
-date de la prochaine réunion et calendrier non-fixés,
Tous ces dysfonctionnements et ces irrégularités font
que cette réunion n’a aucune valeur administrative.
Cette nouvelle perte de temps et d’argent public, le HCR étant
sous l’autorité directe du Président de la MIR,
sont de la responsabilité de M. Charron. Il est difficilement
pensable qu’un Haut fonctionnaire de ce niveau puisse commettre
involontairement autant d’erreurs et de manquements aux règles
et usages administratifs établis. D’autre part toute
discussion avec le Président de la Mission Interministérielle
aux Rapatriés est sans effet et tout projet sans aboutissement.
Plus important encore, l’absence de remontée d’informations
fiables vers le gouvernement fausse votre appréciation de
la situation réelle. Tous ces points nous conduisent, dans
l’intérêt général, à maintenir
notre demande de démission du Président de la MIR.
L’attitude de M. Charron se justifie peut-être par la
fin, depuis le vote de la loi 2005-158 du 23 février, de
la mission principale de la MIR. Ne faudrait-il pas, devant l’ampleur
des problèmes restant, pour parachever l’œuvre
entreprise par l’Etat depuis quelques années, créer
un vrai ministère des Français rapatriés ?
En effet, ce rôle a été dévolu à
M. Hamlaoui Mekachera, la loi portant désormais à
juste titre son nom, sans que celui-ci en ait officiellement la
fonction. Cette nomination permettrait un fonctionnement plus conforme
à l’importance des problèmes encore à
traiter. La création prochaine, et très attendue,
de la Fondation de la Mémoire de la Guerre d’Algérie
et des Combats du Maroc et de Tunisie conforte cette demande car
en toute logique cette fondation doit être rattachée
à ce Ministère.
Dans le contexte des propos injurieux de M. Frêche et du dessinateur
Siné dans Charlie Hebdo, nous vous sollicitions de nouveau
pour qu’une délégation de Français d’Algérie,
incluant des victimes et des familles de disparus, soit enfin reçue
par vous, 44 ans après leur drame, ce qui n’a jamais
été fait par aucun Premier ministre, ni par aucun
Président de la République depuis 1962. Car si vos
opposants au Parlement ont réclamé l’abrogation
de l’article 4, ils n’ont pas demandé celles
des articles 1, 2, 3 et 5. Les centaines de milliers de familles
de harkis et de pieds-noirs victimes des crimes ayant suivi le 19
mars 1962 auraient ainsi le sentiment d’être considérées
avec autant d’importance que les 13 acquittés d’Outreau.
A la veille de 2007, année qui va marquer le 46e anniversaire
de l’exode des Français d’Algérie, l’ensemble
de la communauté rapatriée attend une traduction concrète
de la reconnaissance de la Nation exprimée par la loi 2005-158.
Devant les dernières agressions subies les Français
rapatriés se mobilisent. Alors que ce constat était
déjà fait pour nos compatriotes harkis, pour la première
fois de façon significative, une partie importante de la
deuxième et troisième générations «
pied-noir » considère de leur devoir de prendre le
relais de la première génération ayant déjà
mené 44 années de défense de leurs intérêts
moraux et matériels.
Restant à votre disposition et à celle de vos collaborateurs,
Nous vous prions de croire, Monsieur le Premier Ministre, à
l'assurance de nos très respectueuses salutations.
Bernard COLL Secrétaire général de Jeune Pied-Noir
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