X
 
 

Messe commémorative au sanctuaire de Santa Cruz de Nîmes pour la fusillade du 26 mars 1962 rue d'Isly à Alger

 
         
 
 

Les rapatriés d'Algérie ont commémoré, 26 mars 2014, à Nîmes les victimes françaises tuées par leur propre armée le 26 mars 1962 à Alger.


Les rapatriés d’Algérie n'ont pas fini de panser leurs plaies. Celle du massacre par l'armée française, le 26 mars 1962, rue d'Isly à Alger d'une manifestation pacifique demeure encore vive.
Présent lors d'une messe commémorative au sanctuaire de Santa Cruz, G. P., témoin direct, bafouille aujourd'hui encore à l'évocation des faits.

 
       

 « J’avais 20 ans et j'étais de cette manifestation pacifique qui voulait apporter son soutien au quartier de
Bab El Oued totalement coupé du monde. Un quartier populaire auquel même les médecins n'avaient plus accès. » Un quartier sous tension bouclé par l'armée française au lendemain des accords d'Évian le 19 mars 1962, impuissant à mettre fin aux massacres.
Un quartier à majorité pied-noire à laquelle la foule veut apporter son soutien, drapeaux en main et entonnant La Marseillaise.
Arrivé devant la grande poste, à l'angle de la rue d'Isly, le cortège se heurte au 4eme régiment de tirailleurs algériens de l'armée française, unité dépourvue de formation de maintien de l'ordre, j'ai vu le servant du fusil-mitrailleur préparer son arme. Je lui ai demandé pourquoi alors que l'ordre n'avait pas été donné. Il a pointé son canon sur mon ventre et m'a crié " Dégage "
Des tirs éclatent et l'armée française ouvre alors le feu sur cette foule composée de femmes et d'enfants. « Je me suis mis à courir et je voyais les gens tomber et moi pas », se souvient G.P., avant que les larmes ne viennent interrompre l'évocation de cette tragique journée.

Témoignage d'une guerre sur laquelle l'armée posera une chape de plomb. « J’ai entendu les cris de halte au feu mais rien n'a arrêté les militaires français qui sont allés chercher les manifestants réfugiés sous les porches d'immeuble, dans les commerces. »

Au lendemain des faits, La Dépêche d'Alger recensera 82 morts. Un événement qui sonne le départ d'Algérie d'un million de personnes et emporte la quatrième génération de la famille de G.P vers l'inconnu.

     
Source : Midi Libre édition de Nîmes le 27 mars 2014 - Stéphane Barbier.