17 octobre 1961: la colère des rapatriés

 


Photo datée du 7 juillet 1962 d'Européens «pieds-noirs» réfugiés dans le port d'Oran en attente d'embarquer pour la France alors que l'Algérie a proclamé son indépendance depuis le référendum d'autodétermination du 1er juillet 1962.
Photo datée du 7 juillet 1962 d'Européens «pieds-noirs» réfugiés dans le port d'Oran en attente d'embarquer pour la France alors que l'Algérie a proclamé son indépendance depuis le référendum d'autodétermination du 1er juillet 1962. Crédits photo : UPI/AFP


Les représentants des pieds-noirs dénoncent
«deux poids, deux mesures».




La polémique ne cesse de se développer. Mercredi, François Hollande a déclaré que «la République reconnaît avec lucidité» la «sanglante répression» qui, «le 17 octobre 1961», à Paris, a coûté la vie à «des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance».

Ces propos ont suscité de vives critiques de François Fillon. «J'en ai assez que, tous les quinze jours, la France se découvre une nouvelle responsabilité, mette en avant sa culpabilité permanente», a argumenté l'ancien premier ministre sur Europe 1. «On est déjà dans un pays qui est en ­dépression nerveuse quasi permanente, on n'a pas besoin de ça», a-t-il ajouté. «Bien sûr qu'on peut reconnaître» ces faits, a concédé l'ancien hôte de Matignon, mais il a évoqué «les crimes de l'Algérie au lendemain de l'indépendance, le massacre des harkis, la question des archives algériennes jamais ouvertes».

Pour Fillon, «ou on met tout sur la table, ou on ne le fait pas». Le candidat à la présidence de l'UMP a jugé que ce sujet relevait des seuls historiens. «Les responsables politiques, qu'ils s'occupent du présent, c'est déjà assez difficile comme ça», a-t-il conclu.

La peur et le ressentiment

Le président du groupe socialiste à l'Assemblée, Bruno Le Roux, a jugé ces critiques sans fondement. Pour lui, Hollande n'a pas demandé «à la France et aux Français de s'excuser ou de porter une culpabilité collective, mais simplement de se souvenir que la République peut faillir à ses principes quand elle est guidée par la peur et le ressentiment».

Cette mise au point n'a pas calmé la colère des principales associations de rapatriés. «Nous demandons l'équité des mémoires, déclare Thierry Rolando, président du Cercle algérianiste. Le Chef de l'État ne peut se contenter de ­reconnaître une seule souffrance. Il doit accomplir le chemin jusqu'au bout et ­reconnaître aussi la responsabilité de la France dans les souffrances terribles infligées aux pieds-noirs et aux harkis.» Il rappelle que plusieurs centaines d'Européens ont été massacrés à Oran le 5 juillet 1962 sans que l'armée française, présente dans la ville, n'intervienne pour les protéger.

Nicole Ferrandis, présidente de l'association des familles des victimes de la fusillade survenue rue d'Isly, à Alger, le 26 mars 1962, réclame la même reconnaissance des quelque 49 à 67 civils européens tués par des soldats français lors de cette manifestation qui a tourné au carnage. «Il ne peut pas y avoir deux poids, deux mesures», argumente Nicole Ferrandis, qui a perdu sa sœur lors du drame.

Bernard Coll, président de l'association Jeune pied-noir, observe que le président de la République a reconnu la répression du 17 octobre 1961 alors qu'il prévoit de se rendre en voyage officiel en Algérie en décembre. Il refuse toute idée de «repentance» et estime que la déclaration de Hollande «n'a pour but que de faire plaisir au gouvernement algérien».

De surcroît, les associations de rapatriés, très nombreuses et parfois divisées, semblent cette fois-ci finalement unanimes à contester la proposition de loi des sénateurs communistes, qui consacre le 19 mars comme journée du souvenir de toutes les victimes de la guerre d'Algérie, en référence au 19 mars 1962, date du cessez-le-feu.

Ce texte sera débattu au Sénat le 25 octobre. «Cette journée existe déjà et a été placée, sous la présidence Chirac, au 5 décembre, argumente Denis Fadda, président du comité de liaison des associations de rapatriés. Le cessez-le-feu du 19 mars 1962 fut bafoué aussitôt après son entrée en vigueur, plaide-t-il. Pour des centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, cette date marque le commencement de l'horreur.» La controverse ne semble pas près de s'apaiser.

Par Guillaume Perrault

Source : http://www.lefigaro.fr/politique/2012/10/18/01002-20121018ARTFIG00786-17octobre-1961-la-colere-des-rapatries.php
 
 
Adoption par la Commission des affaires / sociales de la PPL 19 mars journée du souvenir

La commission des Affaires sociales du Sénat adopte la proposition de loi consacrant le 19 mars comme journée du souvenir des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie
Mercredi 17 octobre 2012

Réunie le 17 octobre 2012 sous la présidence d’Annie David (CRC - Isère), la commission des affaires sociales a examiné le rapport d’Alain Néri (Soc. - Puy-de-Dôme) sur la proposition de loi, adoptée par l’Assemblée nationale, relative à la reconnaissance du 19 mars comme journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc.

Sur proposition de son rapporteur, elle a approuvé ce texte sans y apporter de modification.

Plus de dix ans après son adoption par l’Assemblée nationale, le 22 janvier 2002, il était urgent d’achever la reconnaissance des sacrifices consentis par tous ceux qui ont perdu la vie durant la guerre d’Algérie. Alors qu’il a fallu attendre la loi du 18 octobre 1999 pour reconnaître aux opérations militaires intervenues entre 1952 et 1962 en Algérie, en Tunisie et au Maroc le caractère de guerre, le 19 mars, date anniversaire du cessez-le-feu consécutif aux accords d’Evian, s’impose comme la seule date au caractère historique et symbolique suffisant pour honorer toutes les victimes du conflit.

Le 19 mars 1962 ne marque pas la fin de la guerre. Pour certains, rapatriés et harkis, les souffrances s’amplifièrent. Il faut pourtant savoir, cinquante ans après les faits, respecter la douleur de chacun tout en recherchant l’apaisement et, surtout, le meilleur moyen d’assurer la transmission aux générations futures du souvenir de ces années de guerre et de leurs dizaines de milliers de victimes.

La proposition de loi sera examinée par le Sénat en séance publique
le jeudi 25 octobre prochain.