Toulouse -  « Le pont Bayard, devant la gare Matabiau, sera cette année baptisé Pont du 19-Mars 1962 » confirmait Michel Pech, représentant le député maire Pierre Cohen.
     
Au grand satisfecit des membres de la Fnaca, qui, lors de la traditionnelle cérémonie des vœux, étaient réunis autour de Louis Vié, président du comité de Toulouse. Ce fut une occasion pour le président national Guy Darmanin de rappeler à tous : « Cette année sera celle de la mobilisation pour commémorer massivement le 50e anniversaire du cessez-le-feu du 19 mars 1962 qui a marqué la fin de la guerre d'Algérie ». Le sénateur Jean-Jacques Mirassou, conseiller général, a d'ailleurs tenu à féliciter le Toulousain Guy Darmanin pour son élection à la présidence nationale de cette active association d'anciens combattants. Et le parlementaire d'ajouter : « Le Sénat, grâce à sa nouvelle majorité, a présenté une proposition de loi pour l'officialisation du « 19 Mars », et a décidé de bloquer le projet de Memorial Day du 11-Novembre ».
R E A C T I O N
 

Ignorez-vous donc que les accords d'Evian n'ont pas été signés par la délégation algérienne (seul apparaît le paraphe de Krim Belkhacem au nom du GPRA et non du FLN...) ?

Ignorez-vous que ces accords "signés" le 18 furent dénoncés dès le lendemain par le FLN ? Lisez les compte-rendus du congrès de Tripoli de juin 62, ils sont édifiants quant au sort que réserve la nouvelle Algérie au million d'européens, vos compatriotes, présents...
Que faites-vous des 150 000 Harkis atrocement massacrés avec leurs familles, des 500 soldats du contingent tués, des 10 000 Pieds-Noirs égorgés ou enlevés après le 19 mars 1962 ?
6 à 7 fois plus de morts dans les 6 mois qui ont suivi Evian que durant les 8 ans de conflit, vous appelez cela un cessez-le-feu ? Diriez-vous de la même manière que l'armistice du 22 juin 1940 a ouvert en France une ère de bonheur ? Allez-vous inaugurer une voie avec cette date ?
Le 19 mars est en Algérie le jour de la victoire contre la France, envisagez-vous de célébrer
également, par exemple, Trafalgar ou Waterloo ?
Est-ce un pas vers la "repentance" puisque vous retirez le nom d'une des grandes figures de l'Histoire de France pour le remplacer par la date d'une défaite (politique et non militaire) de notre pays ?
Avez-vous à ce point honte de celles et ceux qui firent la grandeur de la France pour ôter le nom de l'un d'entre eux d'un pont emblématique de Toulouse et le remplacer par une date synonyme de massacres de masse pour vos compatriotes rapatriés d'Algérie ?
Profond mépris pour les nombreux Français d'Algérie qui ont refait leur vie à Toulouse...
Tous les présidents de la République, de droite comme de gauche, ont refusé d'officialiser le 19 mars en déclarant que ce serait indécent au regard d'un cessez-le-feu non respecté. Le 5 décembre est désormais la date officielle du calendrier patriotique.
Certes cette date ne représente rien sur le plan historique mais elle a l'avantage d'être neutre, de ne pas raviver les blessures et de ne pas bafouer, comme vous le faites en commémorant le 19 mars, les dizaines de milliers de victimes tombées après Evian.
Cette date a été choisie par la commission Favier qui réunissait les principales associations d'Anciens combattants, dont la très majoritaire UNC. 10 ont voté pour le 5 décembre, 1 s'est abstenue, la FNACA - et elle fut la seule - a voté contre. Respecter ce choix, cela s'appelle la démocratie !
Ce que la FNACA n'a pas réussi à obtenir par la voie légale, elle tente de le faire par un habile
lobbying auprès d'élus de bonne foi mais souvent ignorants de cette page sombre de notre
Histoire. Or, justement, l'idéologie est le pire ennemi de la vérité historique...
Je vous suggère de venir expliquer aux milliers de familles qui ont perdu un proche après le 19 mars 1962 que vous entendez célébrer cette date car vous estimez que c'est "la paix retrouvée".
Je vous suggère également la lecture du tout récent ouvrage de JJ JORDI concernant les disparus civils européens en Algérie, essentiellement après les accords d'Evian. Ouvrage rédigé sur la base des archives de l'Etat ouvertes pour la première fois depuis 50 ans sur dérogation spéciale.
Une plongée dans l'horreur édifiante sur ce que des milliers de Français ont subi après les accords d'Evian. LVDE

R E A C T I O N

J’apprends vous avez pris la décision de débaptiser le pont Bayard à Toulouse pour lui donner désormais comme nom « Pont du 19 mars 1962 »… Peut-on dire que la ville rose va s’anoblir par une telle décision ? Peut-on affirmer que le Chevalier sans peur et sans reproche, ayant largement fait ses preuves de Marignan à Mézières, cède la place à une page d’Histoire de France plus glorieuse que celles qu’il a écrites ? Cela reste à voir !
Vous estimez peut-être, Monsieur le Député Maire, que les Français considèrent massivement le 19 mars comme « la date qui convient le mieux pour honorer la mémoire des morts pour la France en Afrique du Nord », c’est du moins l’impression qu’en a donné votre collaborateur, M. Michel Pech, en l’annonçant…
Je doute fort que les familles éprouvées des 537 soldats français prisonniers de l’A.L.N. en Algérie, qui, malgré les accords d’Evian – capitulation française devant un ennemi vaincu – et la convention de Genève, n’ont jamais été rendus à la France, partagent votre choix.
Vous considérez certainement que cette date repose, en effet, sur une réalité historique puisque, comme beaucoup de nos élus, hélas, vous la considérez comme la date du cessez-le-feu en Algérie, seulement c’est là l’erreur que commettent tous ceux qui ignorent la réalité des faits, ou qui n’ont vu dans le drame humain, véritable génocide dont le 19 mars marque le début, que « la quille ! ». Il y a quelques années, un député de votre groupe, M. Néri, m’avait répondu : « Nous célébrons le 19 mars, parce que c’est le jour où les petits sont rentrés à la maison… ».
En réalité, et sans vouloir vous offenser, il semble que vous maîtrisiez peu la réalité historique, ce qui, pour un représentant du peuple français, peut engendrer une déficience grave, puisque la loi N° 74 – 1044 du 9 décembre 1974 fixe la fin des combats en Algérie au 1er juillet 1962, mais, de plus, la réalité historique, même si on tente encore de l’occulter, n’était pas celle d’un cessez-le-feu, loin s’en faut !
En fait de cessez-le-feu, l’ordre de Ben Khedda était un diktat auquel, dès le 19 mars 1962, le général Ailleret s’empressa d’obéir en transmettant à l’armée l’ordre du jour suivant : « Votre rôle n’est pas terminé. Vous devez contribuer à empêcher que le désordre l’emporte, quels que soient ceux qui tenteraient de le déchaîner de nouveau. ».
Autrement dit « Si les Français protestent, n’hésitez pas à les exterminer »., et c’est ainsi que s’ajouta la persécution au calvaire des Français d’Algérie, de toutes ethnies, qui apprirent, dans ce contexte dramatique, que tous leurs droits civiques de nationaux leur étaient brusquement retirés, la souveraineté nationale du peuple se trouvant désormais concentrée entre les mains du seul corps électoral métropolitain !
Les Français d’Algérie, de toutes ethnies, je le répète, car, contrairement à la fable imposée, la plus grande partie des musulmans voulait rester française (d’où la suppression, dans les accords d’Evian, du choix de la francisation, pourtant annoncée et promise par Charles De Gaulle), ces Français là, de toutes ethnies, étaient donc ravalés au rang d’un troupeau de bétail qu’on menait à l’abattoir en s’indignant qu’il n’accepte pas, de bon gré, le mauvais sort qu’on lui imposait… 
Mais nous étions des hommes, des êtres humains ! Nous ne pouvions endurer sans broncher les attentats, les enlèvements qui se multipliaient et qui n’étaient pas seulement imputables au FLN, mais bien souvent aux barbouzes gaullistes, ces mercenaires, condamnés de droit commun, sortis tout droit des prisons françaises pour détruire, en Algérie, le parti de la France …
« Fin de la guerre d’Algérie » a osé déclarer l’un des récipiendaires de « la médaille du cinquantenaire du 19 mars » (parce que vous avez osé créer une « médaille du cinquantenaire du 19 mars », en oubliant que les médailles gagnées au feu par les Français d’Algérie d’origine musulmane, en vrais combattants, pendant les deux guerres mondiales, le FLN les leurs a fait avaler avant de les égorger, et ceci aux portes des casernes où les troupes françaises étaient consignées sur ordre du Chef de l’Etat français !).
Fin de la guerre d’Algérie !… Et Bab-el-Oued ? Et la rue d’Isly ? Et le génocide d’Oran ? Et l’extermination, non seulement ders Harkis, mais de villages entiers où ils se réfugiaient (de l’aveu même de Bouteflika !)Budapest ? Varsovie ? Massacre des innocents ? Shoa ? Ou toutes ces atrocités à la fois ? Il n’est pas possible, Monsieur le Député Maire, à moins que vous soyez trop jeune, que vous n’ayez jamais entendu ces plaintes déchirantes, ces râles désespérés, ces implorations pitoyables, retransmises pourtant, sept jours après ce que vous appelez le cessez-le-feu Algérie, sur les ondes de radio Luxembourg et d’Europe 1… Quels crimes avaient commis les hommes, les femmes, les vieillards et les enfants qui furent massacrés lors de la manifestation de solidarité du 26 mars 1962 ? Celui d’être français et d’oser le dire !
Est-ce que 5 juillet 1962 et jours suivants à Oran auraient disparu du calendrier comme de la mémoire des hallucinés qui prétendent que la guerre d’Algérie se serait terminée le 19 mars … Madame Sallaberry, officier en retraite et ancienne chancelière de l’armée française, était en fonction, à cette époque, au bureau des exactions à Rocher Noir : elle affirme sous serment que le nombre des victimes du pogrom de cette sinistre journée et de celles qui ont suivies est plus proche de 4.000 que de 3000 !... Et cet ethnocide a été perpétré en toute impunité, le Général Katz ayant consigné toutes les troupes françaises pour obéir à l’ordre criminel reçu de l’Elysée : « Surtout, ne bougez pas ! ».
La France ne s’est pas beaucoup préoccupée du sort de ses disparus. Elle en a caché l’horreur tant qu’elle a pu. Il a fallu qu’en 1971, par une déclaration solennelle à la presse, le Chef de l’Etat algérien, le colonel Boumedienne, en bon héritier des pirates du temps de la régence turc, déclare que son pays détenait toujours UN GRAND NOMBRE D’OTAGES FRANÇAIS, indiquant que, lorsqu’il le faudrait, il en communiquerait la liste exacte, mais que POUR LA LIBERATION DE CES OTAGES, LA France DEVRAIT Y METTRE LE PRIX … Ce qu’elle n’a pas fait.. Et le monde moderne, dit humaniste, ne s’est pas indigné de telles ignominies…
J’ose espérer, bientôt un demi-siècle après le drame du 19 mars, que tous ceux qu’on a appelé « les disparus » sont morts, comme le sont aussi tous les musulmans du parti de la France, et je n’évoque pas seulement les Européens ou les Harkis, Moghaznis, ou fonctionnaires musulmans… J’ose espérer que le fleuve de sang ouvert le 19 mars 1962 n’est plus qu’un immense charnier où se décompose, avec la dernière flambée du patriotisme français, les restes de près de deux cent mille êtres humains qui aimaient la France et qui sont morts à cause de cet attachement…
Et puis, Monsieur le Député Maire, lorsqu’on accepte la charge d’une députation, il me semble qu’au plan légal, on devient, sinon garant, du moins gardien de la Constitution française. Vous, bien au contraire, vous voulez en afficher la violation sur les murs de la ville dont vous êtes le premier magistrat ! En voulez-vous les preuves ?
Charles De Gaulle, chef de l’Etat français de l’époque, a commencé par violer cette loi incontournable voulue et votée spontanément par le peuple français le 28 septembre 1958, portant sur l’intégrité du territoire national… Ayant l’obligation de respecter ce vote, le Chef de l’Etat n’a pas appliqué la volonté du peuple puisque, après trois ans de manœuvres politiciennes contraires à celle-ci, il a exclu du vote concernant le sort de cette partie du territoire national appelée Algérie, tous les Français à part entière qui y résidaient alors que leurs vies et leurs biens étaient justement mis en jeu par ce vote…
La deuxième violation de la Constitution Française concerne la liberté de penser de tous les citoyens et, quoi qu’on en dise, elle est encore en vigueur aujourd’hui… La Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 affirmait bien que « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions » et que « La libre communication des pensées est un des droits les plus précieux de l’homme »… Nous pouvons crier la vérité, Monsieur le Député Maire, nous pouvons nous user les doigts à écrire la vérité, nous pouvons nous déchirer le cœur à la proclamer, en général, les politiciens de gauche comme de droite n’y répondent pas  parce qu’ils ne veulent pas reconnaître les crimes du maître à penser que tous ont déifié, alors que le tout premier des crimes gaullistes a été la dégradation même de l’esprit humain !
Le troisième des crimes gaullistes est celui qui a porté atteinte à la Liberté … L’article IX de la déclaration de 1948 précise : « Nul ne peut être arbitrairement détenu ou exilé… ». Alors là, combien de milliers de Français d’Algérie ont été arrêtés, incarcérés, torturés, mis au secret sans jugement, relâchés par des magistrats, puis repris par des barbouzes, ou dénoncés à l’ennemi de la veille par ces mêmes barbouzes selon les ordres criminels du Chef de l’Etat français ? On ne le chiffrera jamais, même si s’entrouvrent, aujourd’hui, des archives soigneusement expurgées… Mais il n’empêche que, depuis la violation de la Constitution Française, la France n’est plus une démocratie, mais un pâle reflet qui n’a plus rien à voir avec la bravoure du Chevalier Bayard !
Vous, Monsieur le Député Maire, vous qui, en tant que premier magistrat d’une des plus grandes villes françaises, devriez être un des garants du respect de la loi dans un pays de droit, les violations de la Constitution Française devraient vous révolter tout comme elles ont révolté un illustre maître à penser de votre parti M. François Mitterrand et tout comme l’écrit aujourd’hui votre candidat à l’élection présidentielle M. François Hollande : « La France s’honorerait à reconnaître ses responsabilités dans l’abandon volontaire de nos concitoyens pendant la période suivant les accords d’Evian et le cessez-le-feu en Algérie.. ».
Eh bien, non ! Il semble que vous ayez oublié l’objectivité et la rigueur attachées à votre haute fonction ! Pour plaire aux négationnistes de la FNACA, vous voulez célébrer jusque sur les murs de la ville un cessez-le-feu qui n’a jamais existé ! Alors, Monsieur le Député Maire je vous demande seulement, en votre âme et conscience, de vous poser vous-même la question suivante : que célébrez-vous le 19 mars : un cessez-le-feu ou une forfaiture  marquant le début d’un génocide ?
Et pour avoir pris la décision de débaptiser un pont qui porte le glorieux nom de Bayard pour le remplacer par la date d’un « péché mortel », comme l’a écrit le Maréchal Juin, ne réalisez-vous pas que la ville rose, cette belle ville que nous aimons, va en perdre jusqu’à cette appellation de rose tant elle rougira de honte !
            Alors ne vous étonnez pas, Monsieur le Député Maire, que j’appelle, par cette lettre ouverte, tous les Français dignes de ce nom, qui souhaitent, non pas la perdition, mais la réhabilitation de leur patrie, à une manifestation de masse pour protester contre un forfait qui ajoute à la forfaiture ! Et, j’en suis certaine, ils répondront PRESENTS !
Je vous prie de croire, Monsieur le Député Maire, à l’expression de mon écœurement le plus profond.
Anne CAZAL

 
 
 
 
 

La décision nauséabonde du maire de Toulouse de baptiser un Pont de la ville 19-Mars 1962 malgré les 1565 français disparus après cette date.