| Accueil | | Thèma | | Retour pages 19 mars 1962 |
 

Mohamed Mouslim - Pour moi, cette date du 19 mars 1962 n'existe pas

 
   
 
 

Mohamed Mouslim est le très respecté président de l'Association régionale des harkis et de leurs enfants, située à Largentière ; « Pour moi, cette date du 19 mars n'existe pas », déclare-t-il sans ambages. Parce que « le cessez-le-feu n'a pas été respecté » ; « la guerre n'était pas finie ». Et Mohamed Mouslim de rappeler les soldats, les Pieds-noirs disparus après cette date. Sur combien de supplétifs s'appuyait l'armée française dans ce conflit ? « On peut penser qu'ils étaient 200 000 », lance l'Ardéchois d'adoption. Combien étaient-ils à rejoindre la métropole ? « 16 000 tout au plus ». Quant aux autres, « j'aimerais bien savoir ce qu'ils sont devenus

   
 

». Le saura-t-on un jour ? Les massacres ont porté sur des milliers de personnes.
« En 1962, on chechait à sauver notre peau », raconte Mohamed Mouslim. Pas question au plus haut niveau politique de rapatrier la population harkie. Mohamed et ses amis du Commando "Tempête" et de la Demi-brigade de Fusilllers-marins (DBFM), leurs familles ont de la chance. Car la Marine nationale, contrairement aux instructions de l'époque, n'abandonne pas ses Harkis. Le 2 mars 1962, quelques jours avant la signature des accords d'Evian, 651 personnes sont regroupées à Mers-el-Kébir en attente d'embarquement. Le 9 juin, le bâtiment de débarquement de chars Trieux les prend à son bord. Grâce à une collecte effectuée au sein de l'ensemble de la Marine en 1962, le lieutenant de vaisseau Favrelle achète un terrain à Largentière, une Ardèche qui rappelle tant l'autre côté de la Méditerrannée. La commune est florissante avec des possiblités d'emplois à la mine Pennaroya. Après une étape au Larzac, les familles rejoingnent Largentière et vivent provisoirement sous des tentes de l'Armée de l'air. On se lance dans la construction de 52 maisons. Elles sont terminées à l'été 1963.
Non seulement la Marine a évacué hommes, femmes et enfants, permettant à ces familles d'échapper aux massacres. Mais elle a favorisé leur installation et leur insertion sur le sol de métropole. Des liens forts existent entre tous ces frères. Aujourd'hui, Mohamed Mouslim ne comprend pas cette volonté de célébrer le 19 mars 1962 : « C'est là que commence le cauchemar ». « Cette date ne doit pas exister ». Lors du congrès national des associations Harkies en février dernier, toutes sont allées dans ce sens. Célébrer cette date, c'est trahir la mémoire de tous ses amis et des civils disparus. Un second abandon.

Patrick CORTES Paru dans l'édition 26C du 14/03/2009 (33552)