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– Revue de presse N° 111– {2003–2024 – 21ème année}
– Articles du 20 avril 2024

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image3 Alger 21 avril 1961

https://fr.wikipedia.org/wiki/Putsch_des_g%C3%A9n%C3%A9raux

Putsch des généraux

Le putsch des généraux du 21 avril 1961, également appelé putsch d'Alger, est une tentative de coup d'État, fomentée par une partie des militaires de carrière de l'armée française en Algérie, et conduite par quatre généraux cinq étoiles (Maurice Challe, Edmond Jouhaud, Raoul Salan et André Zeller). Ils déclenchent cette opération en réaction à la politique choisie par le président de la République, Charles de Gaulle, et son gouvernement, qu'ils considèrent comme une politique d'abandon de l'Algérie française. Pour sa part, le général Jacques Massu reste à l'écart après s'être vu proposer le rôle de chef.

D'autres généraux participent au putsch, de sorte qu'il est impropre de parler uniquement de « quatre généraux putschistes ». On peut citer par exemple les généraux Paul Gardy et Jacques Faure, mais qui n'avaient pas le grade de généraux d'armée.

Le 8 janvier 1961, par un référendum sur l'autodétermination en Algérie organisé en métropole et en Algérie, les électeurs se prononcent à près de 75 % en faveur de l'autodétermination. Des négociations secrètes sont alors ouvertes entre le gouvernement français de Michel Debré et le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) lié au FLN. Une partie des cadres de l'armée, après avoir mené sept années de combats sous la direction de plusieurs gouvernements depuis le début de la guerre d'Algérie estime être proche de la victoire sur le plan militaire et se sent trahie par le général de Gaulle et son projet d'Algérie algérienne et veut s'opposer par un coup de force aux projets d'indépendance de l'Algérie.

Trois des quatre généraux putschistes sont en poste en Algérie au moment du putsch d'Alger du 13 mai 1958 qui conduit le général de Gaulle au pouvoir. Les slogans d'alors sont « Algérie française, de Gaulle au pouvoir ». Partisans de l'Algérie française, leurs attitudes divergent après 1958 mais ils se retrouvent à l'annonce de l'ouverture des pourparlers avec le FLN et le GPRA alors que l'armée progresse et se sent proche d'une victoire.

Le général Challe remplace le général Salan en décembre 1958 au poste de commandant supérieur Interarmées de l'Algérie à la suite des évènements de mai 1958. Il est rappelé en métropole en mars 1960 au poste de Commandant en Chef Centre–Europe (CINC CENT) à l'OTAN après la Semaine des barricades (24 janvier–1er février 1960). Il démissionne en janvier 1961.

Le général Salan est commandant supérieur Interarmées de l'Algérie depuis 1956 cumulé avec le poste de délégué général du gouvernement depuis le 6 juin 1958 puis il est muté en métropole en décembre 1958; il quitte le service actif le 10 juin 1960. Menacé d'arrestation il s'exile en Espagne en octobre 1960 où il se rallie à l'OAS fondée le 11 février 1961.

Le général Jouhaud est le pied–noir du groupe, né à Bousfer (Oranie). Ancien adjoint de Salan, il est promu chef d'état–major de l'armée de l'air en septembre 1958 en métropole quittant l'Algérie après avoir été très impliqué dans le Coup d'État du 13 mai 1958; il demande sa mise en retraite en octobre 1960.

Le général Zeller est chef d’état–major de l’armée depuis 1955, démissionnaire en février 1956 pour protester sur une baisse des effectifs en Algérie il reprend ses fonctions avec le grade de général d’armée en juillet 1958 jusqu’au 1er octobre 1959 où il passe en deuxième section (réserve). Il écrit dans Carrefour (hebdomadaire) portant la parole du désaccord des militaires avec la politique de de Gaulle.

Le colonel Argoud, ancien chef d'état–major du corps d'armée d'Alger du général Massu, est rappelé en métropole en février 1960. Il est un des principaux organisateurs de la préparation du putsch puis joue un rôle actif sur le terrain.

Le pouvoir gaulliste est bien informé depuis plusieurs mois par la police judiciaire d'Alger et les services de renseignements des intentions de certains militaires. L'année précédente, le 25 janvier 1960, pendant la semaine des barricades, le colonel Antoine Argoud s'est même entretenu avec Michel Debré pour demander un changement de politique, faute de quoi « une junte de colonels » renverserait le gouvernement pour maintenir l'Algérie comme territoire français. La tension étant montée tout au long de l'année 1960, une possibilité de coup d'État est alors dans tous les esprits en particulier au printemps 1961. Du fait de ces signaux, l'École militaire à Paris, l'un des centres du complot, est étroitement surveillée.

Dans sa conférence de presse du 11 avril 1961, le général de Gaulle fait part de sa conviction que l'Algérie sera indépendante, il en parle avec détermination et même cynisme. Son ton est ressenti comme une provocation par les tenants de l'Algérie française.

La veille du putsch, les cabinets de Louis Joxe et Pierre Messmer, respectivement ministres des Affaires algériennes et des Armées, sont informés une nouvelle fois de l'imminence d'un putsch. Constantin Melnik prend les mesures nécessaires pour la sécurité du général de Gaulle.

L'armée a fait le serment que l'Algérie restera française, cet engagement du général Challe est largement partagé dans l'armée et doit être le motif de ralliement devant l'évolution de la politique algérienne de de Gaulle.

L'objectif, après la prise de contrôle de l'Algérie, commence par sa pacification après la relance d'une offensive définitive sur l'ALN avec la mobilisation des algériens des deux communautés et le renvoi du contingent en métropole ; elle serait suivie de l'obtention du consensus des populations musulmanes au maintien de la France dans une Algérie enfin pacifiée. Devant ce succès le général de Gaulle devra se soumettre ou se démettre.

Les moyens sont de mobiliser rapidement certains régiments pour contrôler Alger, obtenir les ralliements promis des autres provinces algériennes et les soutiens des officiers de métropole : école militaire, école saint Cyr, régiments de Toulouse, de Montauban, d'Orléans et de Rambouillet, le général Vanuxem promettant le soutien de régiment en garnison en Allemagne, tenir à l'écart les populations civiles en raison de la crainte de débordement comme pendant la Semaine des barricades, s'appuyer sur le principe que l'armée ne tire pas sur l'armée.

Dès le 5 septembre 1960 de Gaulle dans une conférence de presse évoque une Algérie algérienne mais étroitement unie à la France. Le 11 avril 1961 dans une conférence de presse de Gaulle évoque l'hypothèque diplomatique et militaire (477 000 militaires en Algérie en 1961) que constitue le conflit algérien et le poids économique : « L'Algérie nous coûte plus qu'elle nous rapporte », il conclut « la décolonisation est notre intérêt et par conséquent notre politique ».

Dégager l'armée de ses missions civiles, lui enlever sa capacité d'intervenir sur la scène politique et après la fin du conflit algérien la redéployer en métropole et à l'international dotée de forces d'intervention et de la dissuasion nucléaire, telle est la mutation débutée avant le putsch qui s'accélère à la suite de ces évènements.

Pour faire face aux évènements, la fermeté affichée par le général de Gaulle dans son discours du dimanche 23 avril qui délie du devoir d'obéissance à l'autorité militaire et fait basculer les nombreux indécis, celle de son gouvernement et de Michel Debré son premier ministre permettant une mobilisation d'union nationale à Paris et en métropole et le recours à l'article 16 permettent la bascule du putsch et à de Gaulle de mettre en œuvre les réformes qu'il estime nécessaire à la grandeur de la France.

Une idée forte réunit les différents protagonistes, putschistes et sympathisants, gaullistes, et opinion internationale (Espagne et États–Unis) : l'anticommunisme – nous sommes en effet à l'époque de la Guerre froide. Le FLN s'est rapproché de l'Union soviétique et reçoit son soutien. L'armée tire les leçons de la Guerre d'Indochine et développe la notion de Guerre révolutionnaire, Pierre Messmer avant le référendum de 1961 dit que la mission de l'armée est de combattre les Fellagas pour « empêcher l'Algérie de basculer vers l'est et de devenir l'Algérie soviétique ».

Putschistes, indécis et loyalistes, l'armée de conscription tenue à l'écart

La grande majorité des cadres de l'armée en Algérie partage les opinions des putschistes mais reste réservée sur une participation active tant à cause de son impréparation que pour sa nature insurrectionnelle. Dans les jours qui ont précédé le 22 avril un nombre inhabituel de colonels se trouve en permission, des commandants de base aérienne sont en métropole, certains après avoir hésité restent loyalistes (général de Pouilly) ou se tiennent à l'écart après avoir participé à la préparation de l'opération (colonel Brothier), jugeant que les chances de réussite sont minces.

L'armée française en Algérie française est divisée en deux entités très différentes : les réserves générales et les troupes de secteur, soit plus de 477 000 hommes au total en 1961, dont 33 000 officiers. Aucune unité de secteur ne participe au putsch.

Dans les réserves générales, à la Légion, seuls 3 régiments sur 10 suivent le général Challe. À la 10e division de parachutistes, 2 régiments sur 7 (1er REP du commandant Denoix de Saint Marc et 9e RCP du colonel Brechignac) participent à l'action mais 6 sur 7 se déclarent d'accord. À la 25e division parachutiste, 5 régiments sur 7 s'engagent (1er RCP du colonel Plassard, 14e RCP du lieutenant–colonel Lecomte, 18e RCP du lieutenant–colonel Masselot, 2e REP du commandant, par intérim, Cabiro, 8e RPC du colonel Lenoir). À la 11e division d'infanterie, pas un seul des cinq régiments ne bouge.

Pour les unités hors division, le 1er REC du lieutenant–colonel de La Chapelle, le groupement de commandos parachutistes du commandant Robin, les commandos de l'air du lieutenant–colonel Emery se rallient aux mutins, ainsi que d’autres unités : le 5e REI du commandant Camelin, le 27e dragons du colonel Puga, le 7e RTA, le 1er RIMa du commandant Lousteau, le 94e régiment d'infanterie du colonel Parizot. Au total, malgré les défections, Challe dispose de 25 000 hommes.

La marine, sous le commandement du vice–amiral Querville également préfet maritime, reste loyaliste, l'amirauté devient le point de ralliement des opposants au putsch, elle assure le retour de huit cents appelés du contingent libérables et quitte Alger sous contrôle du putsch pour le port de Mers el–Kébir. Les forces de maintien de l'ordre se cantonnent à une position de neutralité, elles ne s'opposent pas aux mouvements des troupes putschistes mais n'apportent pas leur concours malgré certaines manifestations de sympathie]. L'administration préfectorale, qui depuis 1960 détient des compétences civiles qui étaient dévolues à l'administration militaire en Algérie, reste légaliste.

En métropole, en Allemagne et outre–mer beaucoup d'officiers sont favorables au putsch. Le choix de Challe et l'arrestation le samedi matin du « complot de Paris », état–major sous la direction du général Faure, empêche la mobilisation et la participation active des régiments prévus. Les forces de l'ordre métropolitaines obéissent sans réserve, leurs syndicats (préfecture de police, police nationale, CRS) publient un texte où ils s'engagent « à défendre avec le plus grand courage les institutions démocratiques de la France ».

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La veille du putsch (21 avril)

Le général Challe arrive à Alger dès le jeudi 20 avril par un vol depuis la base de Creil en Noratlas avec la complicité du général Nicot, chef d'état major de l'armée de l'air et conseiller de Michel Debré et du général Bigot, commandant la 5e région aérienne (Alger), en compagnie du général Zeller et du lieutenant–colonel Broizat. Il est rejoint par le général Gardy et le colonel Godard qui ont pris un vol régulier d'air Algérie et par le général Jouhaud ; ils ont été précédés quelques jours avant par le colonel Lacheroy et le colonel Gardes venus finaliser les contacts avec les soutiens promis et les plans d'actions ; l'état–major du complot est en place.

En Algérie la sécurité militaire informe les autorités de l'imminence d'un putsch confirmé par le général Simon prévenu dans l'après–midi par un conjuré. Des mesures sont prises (plan Jupiter) mais les moyens sont limités et les délais courts. Le général Gambiez, commandant en chef interarmées, téléphone au général Saint–Hillier, commandant la 10e DP, dinant avec Hélie de Saint Marc, commandant par intérim le 1er REP : « Mon général, vous pouvez être tranquille ».

En métropole, le général de Gaulle assiste avec Léopold Sédar Senghor à une présentation de Britannicus, Jacques Foccart, secrétaire général aux Affaires africaines et malgaches, précise qu'il est averti pendant l'entracte de ce complot, une cellule de crise est constituée. Ce n'est pas la première alerte.

Samedi 22 avril

Dans la nuit, à 2 h du matin, le 1er régiment étranger de parachutistes (REP) sous les ordres d'Hélie Denoix de Saint–Marc, commandant par intérim du régiment et le groupement des commandos parachutiste de l'air (CPA 40) sous les ordres du commandant Robin, s’emparent en trois heures des points stratégiques d'Alger, notamment du Gouvernement général d'Alger, du palais d'été, de l’hôtel de ville, de la caserne Pélissier, de la radio et de l’aéroport d'Alger. La seule victime de l'opération est le maréchal des logis Pierre Brillant, abattu en défendant l’émetteur de la radio d'Ouled Fayet.

Les généraux du cadre de réserve André Zeller, Maurice Challe, Edmond Jouhaud et Paul Gardy, secondés par les colonels Antoine Argoud, Jean Gardes, Charles Lacheroy, Joseph Broizat, prennent le contrôle d'Alger. Challe critique la « trahison et les mensonges » du gouvernement envers les Algériens qui lui ont fait confiance et annonce que :

« Le commandement réserve ses droits pour étendre son action à la métropole et reconstituer un ordre constitutionnel et républicain gravement compromis par un gouvernement dont l'illégalité éclate aux yeux de la nation. »

Radio–Alger renommée Radio–France, animée par André Rossfelder, annonce à 7 h du matin à la population d'Alger : « l'armée a pris le contrôle de l’Algérie et du Sahara […] L'Algérie française n'est pas morte […] Vive l'Algérie française pour que vive la France ». Le délégué général du gouvernement en Algérie, Jean Morin, le ministre des Transports, Robert Buron, le général Gambiez, le général Vésinet, général de corps d'armée d'Alger, le général Saint–Hillier et un certain nombre d'autres représentants des autorités civiles et militaires sont arrêtés, ils seront transférés à In Salah le dimanche 23 avril au soir. Jean Morin, arrêté après l'investissement du palais d'été par les parachutistes, a cependant la possibilité d'appeler Michel Debré, premier ministre et Louis Joxe, ministre des affaires algériennes, et les met au courant de la situation à Alger, il contacte également différents responsables civils et militaires, le standard téléphonique ne sera découvert qu'au petit matin. Il permet ainsi la réaction du général de Gaulle et du gouvernement.

Un peu plus tard, Challe s’exprime sur la radio d’Alger :

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« Je suis à Alger avec les généraux Zeller et Jouhaud, et en liaison avec le général Salan [alors en exil volontaire en Espagne] pour tenir notre serment, le serment de l’armée de garder l’Algérie pour que nos morts ne soient pas morts pour rien. Un gouvernement d’abandon […] s’apprête aujourd’hui à livrer définitivement l’Algérie à l’organisation extérieure de la rébellion. […] Voudriez–vous que Mers el–Kébir et Alger deviennent des bases soviétiques ? […] L’armée ne faillira pas à sa mission et les ordres que je vous donnerai n’auront jamais d’autres buts. »

Cette déclaration est suivie de la diffusion d'un ordre du « commandement militaire » instituant l'état de siège. Les européens d'Alger pavoisent. Francine Dessaigne rapporte dans son livre« Dans la rue, les gens se congratulent et les soldats sont fêtés […] Nous nous sentons revivre, libérés d'un poids, et nous croyons à la fin de nos souffrances ».

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Le samedi, les putschistes contrôlent Alger et sa région, ont pris les commandements militaires, les premiers objectifs sont remplis.

Mais la progression du putsch est entravée : le ralliement escompté des régions militaires d'Oran et de Constantine n'est pas confirmé. Le général Gardy nommé par Challe commandant du corps d'armée pour l'Oranie et le colonel Argoud partent pour Oran pour contrôler le général de Pouilly, général du corps d'armée d'Oran et Zeller va à Constantine convaincre son ami le général Gouraud hésitant.

À Paris, la police arrête dès 6 h du matin le général Jacques Faure, six autres officiers et quelques civils impliqués dans le « complot de Paris » prévu pour relayer en métropole le putsch. Elle met ainsi la main sur les plans et contacts de la partie métropolitaine de l'insurrection. Des officiers de réserves rassemblés dans les forêts d'Orléans et de Rambouillet sont dispersés.

Dès 7 h 45 de Gaulle reçoit Louis Joxe, ministre des affaires algériennes qu'il dote des pleins pouvoirs, et le général Olié, chef d'état–major investi du commandement de l'armée en Algérie, ils s'envolent aussitôt en caravelle pour une mission à risque en Algérie. Ils atterrissent à Oran et se rendent à Mers el–Kébir pour rencontrer l'amiral Querville et le général de Pouilly, général du corps d'armée d'Oran. Ils se rendent ensuite à la base de Teleghma pour rencontrer à Constantine le général Gouraud, général du corps d'armée de Constantine qui a promis son soutien à Challe. L'entretien se poursuit par un dîner pendant lequel Gouraud subit par téléphone la pression pour les arrêter. Après une nuit à Teleghma ils quittent la base au petit matin juste avant sa prise de contrôle par le 6e RPIMA, la Caravelle essuiera quelques tirs de son avant–garde, ils se rendent ensuite à Bône–les–Salines voir les généraux Fourquet, commandement aérien tactique de Constantine, et Ailleret, région nord–est Constantine, tous les deux opposés au putsch. Ils rejoignent la métropole et rendent compte à de Gaulle dès 12 h 15.

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Lors du Conseil des ministres à 17 h, de Gaulle, serein, déclare : « Ce qui est grave dans cette affaire, Messieurs, c’est qu’elle n’est pas sérieuse », Philippe de Gaulle rapporte que cette sérénité est surtout apparente et n'est pas partagée par son entourage. L’état d’urgence est décrété. Les partis de gauche, les syndicats et la Ligue des droits de l’homme appellent à manifester « l’opposition des travailleurs et des démocrates au coup de force d’Alger ».

Dimanche 23 avril

Salan arrive d’Espagne accompagné de Jean–Jacques Susini, il revendique la responsabilité politique et souhaite armer les activistes civils. Challe, malgré son isolement croissant, refuse. Alger est pavoisé, trente huit conseillers municipaux du Grand Alger et vingt conseillers généraux publient leur loyauté en faveur des généraux.

En métropole règne un certain désarroi. En dehors des régiments identifiés une incertitude pèse sur ceux qui pourraient basculer à la faveur de la sympathie que le mouvement suscite. Dans les allées du pouvoir, malgré la situation, les bureaux sont déserts, signe d'un certain attentisme.

L'opinion publique, elle, se mobilise contre le putsch. Les syndicats (CGT, CFTC, FEN, UNEF) appellent une grève nationale d'une heure le lundi 24 avril après–midi : « La riposte des travailleurs au coup de force des généraux factieux », FO rejoint cette action. L'ensemble des partis politiques, sauf les indépendants appelle à rejoindre le mouvement. La difficulté de la gauche est de montrer son opposition au coup d'état, son attachement au fonctionnement démocratique et pour certains leur engagement pour le mouvement de décolonisation, sans pour autant soutenir l'ensemble de la politique de de Gaulle.

À 20 h, le président Charles de Gaulle, vêtu de son uniforme de général, paraît à la télévision et prononce un discours appelant les soldats d'Algérie, les Français, d'Algérie ou de métropole, à refuser le coup d'État ; il informe également des mesures qu'il prend :

« Un pouvoir insurrectionnel s'est établi en Algérie par un pronunciamento militaire. Les coupables de l'usurpation ont exploité la passion des cadres de certaines unités spéciales, l'adhésion enflammée d'une partie de la population de souche européenne égarée de craintes et de mythes, l'impuissance des responsables submergés par la conjuration militaire. Ce pouvoir a une apparence : un quarteron de généraux en retraite; il a une réalité : un groupe d'officiers partisans, ambitieux et fanatiques. Ce groupe et ce quarteron possèdent un savoir–faire limité et expéditif, mais ils ne voient et ne connaissent la nation et le monde que déformés au travers de leur frénésie. Leur entreprise ne peut conduire qu'à un désastre national ; car l'immense effort de redressement de la France, entamé depuis le fond de l'abîme, le 18 juin 1940 ; mené ensuite en dépit de tout, jusqu'à ce que la victoire fût remportée, l'Indépendance assurée, la République restaurée ; repris depuis trois ans, afin de refaire l'État, de maintenir l'unité nationale, de reconstituer notre puissance, de rétablir notre rang au dehors, de poursuivre notre œuvre outre–mer à travers une nécessaire décolonisation, tout cela risque d'être rendu vain, à la veille même de la réussite, par l'odieuse et stupide aventure d'Algérie. Voici que l'État est bafoué, la nation bravée, notre puissance dégradée, notre prestige international abaissé, notre rôle et notre place en Afrique compromis. Et par qui ? Hélas ! Hélas ! Hélas ! Par des hommes dont c'était le devoir, l'honneur, la raison d'être de servir et d'obéir. Au nom de la France, j'ordonne que tous les moyens, je dis tous les moyens, soient employés partout pour barrer la route à ces hommes–là, en attendant de les réduire. J'interdis à tout Français, et d'abord à tout soldat, d'exécuter aucun de leurs ordres. L'argument suivant lequel il pourrait être localement nécessaire d'accepter leur commandement, sous prétexte d'obligations opérationnelles ou administratives, ne saurait tromper personne. Les chefs, civils et militaires, qui ont le droit d'assumer les responsabilités sont ceux qui ont été nommés régulièrement pour cela et que, précisément, les insurgés empêchent de le faire. L'avenir des usurpateurs ne doit être que celui que leur destine la rigueur des lois. Devant le malheur qui plane sur la Patrie et devant la menace qui pèse sur la République, ayant pris l'avis officiel du Conseil constitutionnel, du Premier ministre, du Président du Sénat, du Président de l'Assemblée nationale, j'ai décidé de mettre en œuvre l'article 16 de notre Constitution. À partir d'aujourd'hui, je prendrai, au besoin directement, les mesures qui me paraîtront exigées par les circonstances. Par là même, je m'affirme en la légitimité française et républicaine qui m'a été conférée par la nation, que je maintiendrai quoi qu'il arrive, jusqu'au terme de mon mandat ou jusqu'à ce que viennent à me manquer soit les forces, soit la vie, et que je prendrai les moyens de faire en sorte qu'elle demeure après moi. Françaises, Français ! Voyez où risque d'aller la France par rapport à ce qu'elle était en train de redevenir. Françaises, Français ! Aidez–moi ! »

Conformément à l'article 16 de la Constitution de la Cinquième République française, après l'accord du conseil constitutionnel, le général de Gaulle se saisit des pleins pouvoirs. L'article 16 reste en vigueur jusqu'au 29 septembre 1961.

« Cinq cent mille gaillards munis de transistors », comme dira le général de Gaulle à propos du contingent, ont entendu son appel à l'obéissance et à l'aide ainsi que son interdiction d'obéir aux officiers rebelles. Des unités d'appelés refusent d'obéir aux ordres des mutins (2e et 8e RPIMA), certaines se soulèvent à leur tour et arrêtent les officiers putschistes en leur sein (14e BCA).

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À 23 h 45, le premier ministre Michel Debré apparaît à la télévision, il dramatise la situation en évoquant un projet d'opération aéroportée sur la région parisienne par les putschistes, il appelle la population « toute entière » à se mobiliser[n 17] et en particulier à se rendre sur les aéroports « à pied ou en voiture », « dès que les sirènes retentiront », pour « convaincre des soldats trompés de leur lourde erreur ».

Lundi 24 avril

En métropole et plus particulièrement dans la région parisienne une forte mobilisation populaire se fait contre les putschistes. Toute la nuit, des volontaires se présentent au ministère de l'intérieur ; ils viennent non seulement des mouvements gaullistes mais également de mouvements de gauche, et sont organisés en « groupe de défense civile et de soutien au général de Gaulle ». Si des équipements militaires sont distribués, surpris de la présence de mouvements appartenant à la gauche, Jacques Dauer déclare qu'aucune munition n'est distribuée. Des regroupements s'organisent comme à l'usine Renault de Boulogne–Billancourt (syndicats et Pierre Dreyfus) ou à la gare de l'est (CGT) ; ils réclament aussi des munitions. Le soir, le palais Bourbon, abritant l'Assemblée nationale, est gardé par 12 chars Sherman appartenant au groupement blindé de gendarmerie mobile.

La grève de 17 h à 18 h rassemble près de dix millions de travailleurs. l'état d'urgence est prolongé, le blocus de l'Algérie est maintenu.

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En Algérie, pour les putschistes, le mouvement s'épuise. Sur le plan des forces militaires le général Bigot, commandant de l'air en Algérie, est de moins en moins suivi, des Noratlas et des Mystères IV sont rapatriés en métropole. Dans le Constantinois les volte–face du général Gouraud, commandant le corps d'armée, le prive de tout crédit. Dans l'Oranie le général de Pouilly dit au colonel venant l'arrêter « cette aventure est sans issue », parti s'expliquer à Alger avec Challe, il est arrêté par Zeller mais son corps d'armée reste sous le contrôle de son second. Dans l'Algérois la 13e DBLE refuse de marcher sur le PC à Médéa du général Arfouilloux. Les appelés du contingent ont entendu le message du général de Gaulle et des leaders syndicaux (UNEF) les encourageant à la désobéissance aux officiers putschistes.

Cinquante à cent mille Algérois se rassemblent sur le forum écouter une dernière intervention à la tribune des quatre généraux. Des soutiens d'élus musulmans parviennent encore : Le député Chérif Sid Cara, lui–même putschiste en 1958, en tant que président du conseil général d'Oran, publie avec vingt autres conseillers généraux un communiqué de soutien le 24 avril 1961 aux putschistes. Ils y « saluent avec ferveur l’aube d’une Algérie définitivement française, gage évident d’une fraternité réelle », et « présentent l’hommage profondément ému de leur reconnaissance à l’armée française et à ses chefs dont ils se déclarent totalement solidaires ».

Devant cette situation l'état–major du putsch est divisé : Challe, Georges de Boissieu et Bigot sont persuadés de l'échec du mouvement et souhaitent y mettre fin avec le moins de casse possible, d'autres sont partisans d'une radicalisation en armant les milices et en pratiquant une justice sommaire face aux traîtres et indécis et poussent Salan à prendre la direction.

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Mardi 25 avril

Le gouvernement français ordonne, ce matin là, la mise à feu de la quatrième bombe (Gerboise verte) du programme d'essais nucléaires de Reggane. Cet essai, prévu de longue date pour le mois d'avril, est maintenu et, peut–être, précipité pour éviter que l'engin ne tombe dans les mains des généraux putschistes devenant un élément de chantage.

La base de Reggane est sous l'autorité de Paris mais aussi du général Mentré, commandement interarmées au Sahara, favorable aux putsch et du général Thiry ami de Challe mais qui n'est pas prêt à entrer en dissidence, ce tir montre que les ordres venant de la métropole sont exécutés.

En métropole la mobilisation, débrayages, manifestation, reste vive aux cris de « Le fascisme ne passera pas ».

À la mi–journée le général Mentré et le général Gouraud déclarent leur allégeance à l'autorité légitime du chef de l'État.

Le soir, le général Challe apparait une dernière fois au balcon du gouvernement général devant 3 000 Algérois chantant La Marseillaise sur le forum, le micro est en panne.

Sur le bureau de Pierre Messmer, ministre des armées, en fin d'après–midi les télégrammes de chefs de corps clamant leur fidélité s'accumulent : « Monsieur le ministre, voilà quatre jours que l'on rêve, ils sont tous fidèles », déclare son aide de camp.

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La radio est reprise à 23 h 30 par les gendarmes mobiles mais André Rossfelder parvient à fuir.

Mercredi 26 avril

Progressivement, les troupes ayant suivi les généraux se rendent. Les insurgés se retirent avec les parachutistes du 1er REP à Zéralda à 30 km d’Alger salués par une foule avec des fleurs aux cris de « Vive l'Algérie française ». Le commandant Denoix de Saint–Marc, qui avait le premier suivi les généraux, se constitue prisonnier et négocie la reddition du général Challe aussitôt transféré en métropole. Zeller disparaît dans les rues d'Alger, il se rend quelques jours plus tard. Les généraux Salan et Jouhaud, les colonels Argoud, Godard, Gardes et le capitaine Sergent entrent en clandestinité et rejoindront l'OAS.

Le putsch a échoué, mais l'article 16 reste en vigueur pendant cinq mois pour éviter tout nouveau soulèvement et permettre les réformes de l'État prévues par de Gaulle.

Sanctions militaires

220 officiers sont relevés de leur commandement, 114 sont traduits en justice. Le groupement des commandos de l'air ainsi que trois régiments ayant pris part au putsch (1er régiment étranger de parachutistes, 14e régiment de chasseurs parachutistes et du 18e régiment de chasseurs parachutistes) sont dissous par ordre du chef de l'État. L'état–major d'autres régiments est dissous et reconstitué : 1er et 9e RCP, 2e, 3e et 8e RPIMA.

Environ un millier d'officiers hostiles à la politique du gouvernement ou par solidarité avec les putschistes démissionnent à cette période, soit 3 % des officiers d'active de l'armée française.

Procès et amnisties

Le Haut Tribunal militaire condamne Maurice Challe et André Zeller à 15 ans de réclusion. Ils sont amnistiés et réintégrés dans leurs dignités militaires sept ans plus tard. Salan et Jouhaud entrent dans la clandestinité et poursuivent leur action au sein de l'OAS que Salan dirige avec Jean–Jacques Susini secondé par Jouhaud pour le secteur d'Oran et que rejoignent les partisans acharnés de l’Algérie française qu'ils soient civils ou militaires. Arrêté le 24 mars 1962 Jouhaud est condamné à la peine de mort, Salan arrêté le 20 avril 1962, qu'on s'attend à voir condamné à la même peine, est défendu par l'avocat et homme politique maître Tixier–Vignancour qui, en mettant en cause la politique algérienne de de Gaulle, sauve sa tête. L’exécution de Jouhaud est suspendue la veille sous la pression de Jean Foyer et de plusieurs membres du gouvernement (Georges Pompidou, Pierre Sudreau, Valéry Giscard d'Estaing, Louis Joxe, Pierre Messmer, Edgard Pisani). Georges Pompidou met sa démission en jeu en avançant l'argument que cette exécution serait une faute aussi grave que celle du Duc d'Enghien. Les condamnations pénales sont effacées par la loi d'amnistie de juillet 1968.

Les généraux putschistes encore vivants sont réintégrés dans l'armée (corps de réserve) en novembre 1982, par une loi d'amnistie. Avec le soutien du président du groupe Pierre Joxe, les 311 députés socialistes votent contre l'avis du gouvernement un amendement écartant du bénéfice de la loi les officiers ayant pris les armes contre la République. Le 23 novembre 1982, Pierre Mauroy engage alors la responsabilité du gouvernement sur ce texte contre lequel aucune motion de censure n'est déposée. Les généraux amnistiés sont Raoul Salan et Edmond Jouhaud, ainsi que six généraux ayant joué des rôles moins importants :

Pierre Bigot, commandant de la 5e région aérienne, libéré en 1965, décédé le 11 janvier 2008 ;

Jacques Faure, représentant des putschistes à Paris (complot de Paris), libéré en 1966, décédé le 9 avril 1988 ;

Michel Gouraud, commandant le corps d'armée de Constantine, libéré en 1965, décédé le 20 mars 1991 ;

Gustave Mentré, commandant interarmées au Sahara (condamné avec sursis et mis à la retraite), décédé le 14 octobre 1975 ;

Jean–Louis Nicot, major général de l’Armée de l'air, il n’avait pas voulu organiser la protection de la métropole contre une possible opération aéroportée des putschistes, libéré en 1965, décédé le 29 août 2004 ;

André Petit, il avait accepté le commandement du corps d'armée d’Alger, libéré en 1964, décédé en 1999.

Bilan

Cet échec du putsch conclut le sursaut au grand jour de ceux qui, dans l'armée, sont partisans de l'Algérie française et s'opposent à la solution politique entreprise et, ce, au nom d'un engagement pris auprès des européens d'Algérie et des populations qui se sont engagées aux côtés de la France. Les accords d'Évian sont signés moins d'un an plus tard. Certains, militaires et civils, poursuivent une action clandestine avec l'OAS. Le général de Pouilly, resté légaliste, témoigne au procès de Raoul Salan :

« Monsieur le Président, j’ai choisi une direction tout à fait différente de celle du général Salan ; j’ai choisi la discipline ; mais choisissant la discipline, j’ai également choisi de partager avec mes concitoyens et la nation française la honte d’un abandon. Pour ceux qui n’ont pas pu supporter cette honte, peut–être l’histoire dira–t–elle que leur crime est moins grand que le nôtre. »

Les opinions favorables aux thèses des tenants de l'Algérie française et la sympathie dont bénéficient les participants persistent dans l'armée et dans une partie de l'opinion publique de nombreuses années après[50]. Les laissés–pour–compte de ces évènements, et de ceux qui ont suivi, sont cités dans la proclamation initiale de Challe du 22 avril :

« Voudriez–vous renier vos promesses, abandonner nos frères musulmans et européens, abandonner nos cadres, nos soldats, nos supplétifs musulmans à la vengeance des rebelles. »

Le massacre des harkis et de leurs familles après l'indépendance est évalué à 60 000 à 80 000 victimes et le rapatriement des Français d'Algérie concernera, selon les sources, de 400 000 à 800 000 personnes.

Pour Pierre Abramovici, le putsch est largement exploité par l'exécutif. Le général de Gaulle dramatise la situation afin de créer autour de sa personne un consensus populaire, près d'un million de personnes iront dans la rue pour le soutenir, dont les forces de gauche, et ainsi renforcer la « monarchie républicaine » qu'il souhaite mettre en place. Cette opinion, contredite par des éléments factuels, ne résume pas les conséquences du putsch. L'armée modernisée, recentrée sur ses missions d'intervention et dotée de la force de frappe quitte durablement la scène politique. La fin de la décolonisation libère la politique étrangère de la France. Fin avril, dans une lettre à son fils, de Gaulle énonce : « L'affaire d'Algérie crève un abcès qui, de toute manière, devait être vidé […] L'événement va, à cet égard, me permettre beaucoup de choses ».

Au niveau institutionnel, de Gaulle prend 25 décisions majeures grâce aux pleins pouvoirs conférés par l'article 16 de la Constitution de la Cinquième République française. À plus long terme, ce putsch et les attentats dont de Gaulle est l'objet lui donnent des arguments en faveur de la réforme institutionnelle de 1962 sur l'élection du président de la République au suffrage universel.

Remarques

L'expression « quarteron » avec le sens de « petit groupe de personnes » a été référencée avant son utilisation la plus fameuse, celle du général de Gaulle. Ainsi Louis Aragon parlait en 1958 d’un « quarteron de conjurés monarchistes ».

À pied, à cheval et en voiture fait référence un film de 1957, avec Noël–Noël, Darry Cowl et Sophie Daumier, qui avait été très populaire en France. Elle fait aussi référence au poème de Jacques Prévert, En sortant de l'école (1946), devenu un classique de la chanson française. La formulation de Michel Debré avait donc, involontairement ou non, revêtu un côté facétieux, dans le but peut–être de montrer que les généraux « n'impressionnaient pas » le gouvernement.

https://www.leparisien.fr/bien–manger/thomas–sotto–je–reve–douvrir–un–restaurant–grec–je–lappellerai–gyros–sottos–20–04–2024–67YINRXZTBBK3PUFOJRY4P4PVQ.php

Thomas Sotto : « Je rêve d’ouvrir un restaurant grec, je l’appellerai Gyros Sottos »

Par Laurent Guez Le 20 avril 2024 à 09h30

Thomas Sotto s’étonne. Pourquoi a–t–on pensé à lui pour parler gourmandise ? Il fait mine de ne rien y connaître, d’être le mauvais client. Mais en le poussant un peu, on découvre un amateur de plaisirs simples et de beaux produits. L’animateur depuis 2021 de « Télématin », sur France 2, s’invite au petit–déjeuner chez les Français — « comme l’ami Ricoré », dit–il en souriant.

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Une matinale qui fait la part belle aux nourritures terrestres, avec les reportages de Loïc Ballet, qui parcourt la France à la rencontre des chefs et des producteurs locaux, et les chroniques sur la nutrition de Christelle Ballestrero. « Moi, je suis plutôt junk food, Christelle incarne la vertu ! »

Vous aimez manger ?

THOMAS SOTTO. On ne peut pas dire que je sois guidé par mon ventre. Tant que je n’ai pas mangé, je n’ai pas faim. Le matin, comme vous le savez, je me réveille très tôt mais je n’absorbe rien de la matinée et ça ne me manque pas. J’ai juste avec moi une banane–doudou, au cas où.

Vos repas, à quoi ressemblent–ils ?

J’ai deux façons de m’alimenter. La première, c’est le repas ravitaillement. Je suis tout seul, et j’ouvre par exemple un sachet de blé ou de boulgour précuit, que je réchauffe au micro–ondes, ou bien une boîte de thon et une autre de maïs, ou encore des crudités. Dans tous les cas, j’ajoute de l’huile d’olive, c’est mon ingrédient de base ! La deuxième façon de manger, pour moi, c’est le repas partage. Le moment convivial, comme un film qu’on regarderait ensemble à la télé (même si, maintenant, chacun consomme son propre programme sur son smartphone ou sa tablette), ou un événement sportif qu’on vivrait entre proches.

Vous êtes fan de sport, et surtout de tennis…

Oui. D’ailleurs, les moments d’émotion partagée, aujourd’hui, ce sont principalement les grands événements de l’actualité (Covid, attentats, guerres…) et le sport. Et qui dit sport, ou plutôt match de foot, dit évidemment la pizza. J’achète les miennes chez Croccante, un petit resto traiteur, rue de Vaugirard (Paris XVe), pas loin de chez moi. J’ai une variante : un très bon shawarma libanais que je prends chez Street Four, boulevard Montparnasse. Je rêve d’ouvrir un jour un grec. Il s’appellerait « Gyros Sottos » !

VIDÉO. Kebab, chawarma, gyros : lequel est le meilleur ?

Pas mal ! Qu’est–ce qui vous plaît dans le shawarma libanais, ou dans le gyros grec ?

L’un et l’autre sont des produits d’excellence, dans leur simplicité. Une viande de qualité, une bonne pita, des oignons, une sauce. Quelles saveurs !

Et la grande cuisine ?

Pas vraiment mon trip. J’ai déjà fait des tables étoilées, mais pour moi elles sont toujours trop chichiteuses. En revanche, j’aime bien les endroits comme la Coupole (Paris, XIVe) où nous avons cette conversation. J’y commande des bulots (sans mayonnaise), une sole grillée, des profiteroles… C’est ma brasserie préférée, un vrai morceau d’histoire. Tout ralentit quand on entre ici. J’aime l’ambiance, le décor, la mention « bar américain » inscrite sur le store. Mais je n’ai jamais testé le dancing ! Sinon, je vais parfois déjeuner avec mon ami Nikos Aliagas au café des Officiers (Paris VIIe).

Vous mangez grec avec Nikos ?

Oui, j’adore. C’est le genre de gars qui t’invite à la maison et qui achète 600 fois trop ! Il me rapporte de Grèce des bougatsas, des pâtisseries feuilletées à la crème, aux amandes et à la cannelle.

Êtes–vous un bec sucré ?

Pas trop. Mais je peux me siffler une tablette de chocolat, du moment qu’il n’est pas trop sucré. Ou m’avaler deux éclairs au chocolat de la Maison du chocolat, rue de Sèvres (Paris, VIe). Ce sont les meilleurs de Paris, je les ai quasiment tous testés ! Je peux évaluer la qualité d’un éclair rien qu’en regardant son glaçage, qui ressemble parfois à une pellicule de plastique. J’ai aussi une passion pour les flans, ceux des bons pâtissiers tout comme ceux des stations–service, sous film plastique ! On a le droit de manger ce qu’on veut, non ?

Si, si, bien sûr. Vous êtes amateur de vin ?

Je consomme très peu d’alcool. Je peux prendre plaisir avec un verre de vin rouge, mais je n’y connais rien. J’en serais presque complexé, mais en même temps, je m’en fiche ! J’ai longtemps été accro au Coca Zéro. Depuis le début de l’année, j’essaie de me désintoxiquer. Comme j’aime jouer, je me suis lancé en 2024 dans un « Coca Zéro Challenge » : un Coca par jour maximum. Aujourd’hui, figurez–vous que j’en suis pile à cent jours sans une goutte de Coca ! J’ai une énorme avance !

J’imagine que vous ne cuisinez pas trop…

Je n’ai aucune envie de cuisiner, ni de bricoler d’ailleurs ! À la maison, j’ai quand même testé le service Quitoque, qui est très bien. Vous recevez tous les ingrédients d’un plat et une fiche détaillée pour le préparer. L’autre jour, on a commandé la box pour un plat de bœuf avec du riz et des épices thaïes : le « tigre qui pleure ». Je vous assure qu’avec ma cuisson complètement loupée, il a beaucoup pleuré !

Petit, chez vos parents, c’était comment ?

Très bon. Ma mère cuisinait bien et m’obligeait à tout goûter. Ma famille maternelle vient du Doubs, on apprécie la cancoillotte, le comté et la saucisse de Morteau.

Du côté paternel, ma famille était pied–noir.

Ma grand–mère nous invitait chez elle au Blanc–Mesnil (Seine–Saint–Denis), et nous faisait un couscous fantastique, servi dans un énorme plat pour la semoule jaune au curcuma et une immense cocotte pour les légumes. C’était un couscous oranais, avec des boulettes délicieuses. En parler me rend nostalgique. Mais sans l’affection, ça n’a pas de goût.

Le plat préféré de Thomas Sotto

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Un poulet rôti avec des frites. Istock

« Le poulet — mais le vrai, le bon, celui qui a du goût et qui résiste sous le couteau. Je l’aime avec des frites maison. Pour moi, comme on dit dans le foot, c’est le plat du pied, sécurité. Je sais que ce n’est pas très original mais le simple fait d’en parler me fait saliver… Le poulet arrive à égalité avec le pasticcio grec, fait avec des pâtes, de la viande hachée et de la béchamel. »

Le plat qu’il déteste

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Du céleri rémoulade. Istock

« Tout ce qui s’approche de près ou de loin du céleri m’effraie. Mention spéciale au céleri rémoulade, dont je me demande encore qui a bien pu avoir l’idée saugrenue de l’inventer… »

https://lepetitjournal.com/hanoi/actualites/sebastien–lecornu–patricia–miralles–convies–commemorations–dien–bien–phu–383612

Dien Bien Phu: Sébastien Lecornu et Patricia Mirallès conviés aux commémorations

Lepetitjournal.com de Hanoi

20 AVRIL 2024

C’est ce qu’on appelle un « geste fort ». Ce n’est bien évidemment pas la première fois que le Vietnam commémore la bataille de Dien Bien Phu. C’est en revanche la première fois qu’un représentant du gouvernement français est invité à assister à la cérémonie, cérémonie qui aura lieu le 7 mai prochain, à Dien Bien Phu–même.

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Le gouvernement français sera donc représenté à cette cérémonie du 7 mai 2024, marquant, pour le Vietnam, le 70e anniversaire de la victoire de Dien Bien Phu.

Il sera représenté par deux de ses membres : Sébastien Lecornu, ministre des Armées, et Patricia Mirallès, secrétaire d’État aux anciens combattants et à la Mémoire.

La nouvelle a été confirmée par l’ambassadeur de France, Olivier Brochet, qui a tenu à souligner la portée symbolique de cette présence française en ce jour si particulier.

« Pour la première fois, le gouvernement vietnamien invite la France à être représentée à Dien Bien Phu à un niveau politique. Et donc, la France a décidé que ce serait le ministre des Armées et la secrétaire d'État aux Anciens combattants et à la Mémoire qui seront à Dien Bien Phu le 7 mai prochain. C'est un moment, je crois, qui va être très important dans la relation bilatérale, parce que nous montrons – pas simplement aux Vietnamiens et aux Français, mais au monde entier – notre capacité à regarder le passé ensemble et à le prendre comme il est, à en reconnaître toute la complexité et le caractère tragique, mais à montrer aussi qu'aujourd'hui, 70 ans après, nos deux pays sont des pays amis, qui se retrouvent ensemble sur un ancien champ de bataille pour construire l'avenir », a–t–il confié à nos confrères de la Voix du Vietnam.

Pour bien mesurer toute la portée de l’évènement, il faut se souvenir qu’en 2014, à l’occasion, donc, du soixantième anniversaire de Dien Bien Phu, la France avait déjà proposé une démarche de « mémoire partagée », démarche qui n’avait pas abouti.

Commémorations à Dien Bien Phu

On se souviendra aussi que dans l’intervalle, en 2018, un Premier ministre français, Edouard Philippe en l’occurrence, s’était rendu à Dien Bien Phu, dans une volonté affichée de « mémoire apaisée ».

« Nos deux pays, parce qu’ils sont réconciliés avec leur passé, regardent avec plus de force encore leur avenir partagé. Les liens franco–vietnamiens puisent au plus profond de notre Histoire », avait–il alors déclaré.

On se souviendra enfin que le tout premier haut dirigeant français à s’être rendu à Dien Bien Phu à l’occasion d’une visite au Vietnam est le président François Mitterrand. C’était en 1993.

La photo du jour

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https://fr.le360.ma/monde/officiel–ferhat–mehenni–proclame–lindependance–de–la–kabylie_TL3SSSX7VNAGBPSBJIDQRMB544/

Officiel: Ferhat Mehenni proclame l’indépendance de la Kabylie

Saad Bouzrou

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Lors de la proclamation de l'indépendance de la Kabylie par Ferhat Mehenni, président du MAK, devant le siège de l'ONU à New York, le 20 avril 2024.

Comme attendu, l’indépendance de l’État kabyle vient d’être officiellement proclamée, ce samedi 20 avril à New York, par Ferhat Mehenni, président du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) et du Gouvernement provisoire kabyle (Anavad).

Le 20/04/2024 à 20h54

L’annonce de l’indépendance de l’État kabyle a été faite, ce samedi à 18h57, heure de Kabylie, par Ferhat Mehenni devant le siège des Nations unies à New York. La date, loin d’être anodine, coïncide avec la commémoration des tragiques printemps kabyles de 1980, 1981 et 2001. Le choix de l’heure fait, quant à lui, référence à la bataille d’Icheriden, qui a eu lieu le 24 juin 1857 en Kabylie.

À l’entame de son allocution devant une immense foule, composée essentiellement de la diaspora kabyle établie en Amérique du Nord, le président du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) et du Gouvernement provisoire kabyle (Anavad) a affirmé que le temps est venu de «redonner naissance, de manière officielle et définitive, à l’État kabyle».

«Considérant l’illégalité de l’annexion de la Kabylie à l’Algérie française, qui n’est attestée par aucun acte de reddition ou de capitulation de la Kabylie, ni en 1857, ni en 1871. Considérant la guerre de libération de la Kabylie contre l’Algérie, menée de 1963 à 1965, et qui n’a donné lieu à aucun acte de capitulation ou de reddition de la Kabylie.

Considérant la naissance du gouvernement provisoire kabyle le 1er juin 2010 et du journal officiel de l’Anavad. Considérant l’adoption consensuelle de l’hymne national kabyle. Considérant l’adoption de la constitution kabyle accueillie avec fierté par le peuple kabyle et la mise en circulation de la carte d’identité kabyle (…), je proclame, au nom du peuple kabyle, la renaissance pour l’éternité de l’État kabyle sur la scène nationale et internationale», a clamé Mehenni dans une déclaration solennelle, suivie d’un tonnerre d’applaudissements et de vivats.

«Je le dis et je le répète: quelle que soit la répression, la question kabyle ne se résoudra ni par la prison ni par l’armée algérienne», a–t–il complété.

Intervenant le 16 avril au siège de l’ONU à New York, lors de la 23ème session de l’instance permanente des Nations unies sur les questions autochtones, Ferhat Mehenni avait fait part de l’impératif d’intégrer la cause kabyle dans le processus onusien de décolonisation.

«Je propose qu’un groupe d’experts soit institutionnalisé au niveau de l’ONU et soit membre d’office de la quatrième commission chargée de la décolonisation. Il sera chargé de recevoir, étudier et éventuellement soutenir les demandes des peuples autochtones à inscrire leur territoire sur la liste des peuples à décoloniser, comme le réclame pacifiquement la Kabylie, pour elle–même par la voix du mouvement pour l’autodétermination, le MAK, et de l’Anavad, son gouvernement provisoire kabyle en exil», avait–t–il plaidé.

Suite et pas fin

https://atlantico.fr/article/decryptage/les–francais–musulmans–sont–ils–victimes–d–autant–de–racisme–et–de–discrimination–que–le–monde–le–croit–france–integration–laicite–religion–assimilation–societe–depart–emigrer–assignation–karim–maloum–mohamed–sifaoui

Les Français musulmans sont–ils victimes d’autant de racisme et de discrimination que Le Monde le croit ?

Karim Maloum

20 avril 2024

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Des fidèles musulmans patientent avant d'assister aux prières matinales de l'Aïd al–Adha à la Grande Mosquée de Paris, le 28 juin 2023.

Tentation du départ

Selon la rédaction du Monde, de plus en plus de Français de confession musulmane « bien installés » (des fonctionnaires, des banquiers notamment) songent à émigrer et à quitter la France face à une « islamophobie d'atmosphère ».

Les Français musulmans sont–ils victimes d’autant de racisme et de discrimination que Le Monde le croit ?

avec Karim Maloum et Mohamed Sifaoui

Atlantico : Le Monde a récemment publié un article pour parler d’un phénomène “difficile à quantifier” : le départ de Français musulmans “bien installés”, en raison d’une “islamophobie d’atmosphère”. Que peut–on dire de la réalité du phénomène que le quotidien du soir a décidé de traiter ? Que sait–on, en effet, du racisme en France et de la façon dont il est vécu ou ressenti par ces populations ?

Karim Maloum : Commençons par poser quelques points préalables. Le titre de l’article du Monde, intitulé “Ces Françaises et Français de confession musulmane « bien installés » qui songent de plus en plus à émigrer” fait bel et bien état de Français “de confession musulmane” qui seraient “bien installés”. Ce qu’il oublie de préciser, de manière volontaire me semble–t–il, c’est le mot “supposé”. Il faut bien comprendre qu’il existe, dans cette communauté, des athées, des apostats, des non croyants ou des laïques. Le Monde, c’est triste à dire, a décidé de les effacer. Aux yeux de ce journal, il n’existe que la vision islamiste de la communauté musulmane ou supposée musulmane : quelle que soit notre origine, que l’on vienne d’Algérie ou du Koweït, on est assigné musulman automatiquement. Ce faisant, on peut dire du Monde qu’il reprend le vocabulaire des islamistes.

Permettez–moi, à cet égard, un peu de pédagogie : être musulman n’est pas une race. C’est une croyance et c’est une nuance importante puisqu’il n’existe pas, rappelons–le, de racisme contre les religions. Et ce que l’on parle de l’islam, du christianisme ou du judaïsme, d’ailleurs. Il ne peut pas y avoir de racisme contre une religion ! Le racisme désigne une discrimination exercée envers un individu ou un groupe de personnes en fonction de l’ethnie de ceux–ci. Il ne concerne pas les religions, les croyances, les opinions. On peut donc être en désaccord sans que l’un d’entre nous ne soit raciste. Or, l’article du Monde mélange tous ces aspects : il mélange les musulmans, la religion, les pratiquants, les étrangers, les immigrés… Tout est confus, pour permettre d’invoquer un concept inventé par les islamistes. J’ai nommé “l’islamophobie”, qui est pensée pour interdire toute critique d’un islam rigoriste. 

Le racisme, soulignons–le, est un délit. Ce n’est pas le cas de l’islamophobie, qui est un mot qui ne veut rien dire. On est en droit d’avoir peur d’une religion, mais un droit fondamental. Il est possible de ressentir de la peur envers toutes les religions. Particulièrement quand celle–ci s’invite dans l’espace public et qu’elle vient perturber celui–ci.

Mohamed Sifaoui : Disons les choses de façon directe : quand j’ai lu l’article du Monde, j’ai eu l’impression que le quotidien du soir se mettait à publier des fake news. Comprenons–nous bien : sans jamais avoir été dans une approche communautariste, il m’arrive évidemment de fréquenter un certain nombre de personnes d'origine maghrébine. J’en connais un certain nombre, le plus souvent de la même ligne idéologique que moi. Je parle donc de personnes qui se définissent d’abord et avant tout comme des citoyens français, démocrates. Ils sont généralement laïques, certains étant croyants tandis que d’autres non. Ce qui m’étonne dans l’approche du Monde, qui est d’ailleurs très française malheureusement, c’est la tendance à essentialiser les musulmans au travers du prisme des islamistes. Ce sont les mêmes qui nous disent d’ailleurs “pas d’amalgame”. Il est vrai qu’il y a, en France, des gens qui se disent mal–à–l’aise et qui le font en utilisant les éléments de langage des islamistes, notamment le fameux vocable “islamophobie”, qui ne veut strictement rien dire et qui vise simplement à atrophier le débat. Ce mot, il faut bien le dire, est un marqueur islamiste. Il est utilisé par les mêmes qui véhiculent depuis plusieurs années un grossier mensonge, celui du racisme systémique français qui pousserait les musulmans à quitter le pays.

Je suis partisan, à titre personnel, de voir la France, pousser au départ les islamistes qui ne doivent plus vivre heureux en France. 

En réalité, il faut bien réaliser que la majorité silencieuse ne rêve que d'élever ses enfants dans un cadre pacifié, stable et au sein de la République française. Ceux–là doivent trouver les conditions pour être très heureux en France comme tous les citoyens. D’ailleurs, ils ne ressentent pas la moindre gêne quand l’Etat se met à lutter contre l’islam politique, puisqu’ils ont souffert eux–mêmes de celui–ci par le passé dans leur pays d’origine. 

Rappelons également que Le Monde connaît une vraie dérive idéologique depuis quelques années. Ce journal considère désormais que les seuls qui doivent être défendus sous le vocable de “musulmans”, ce sont les islamistes.

Le Monde tombe–t–il dans l’essentialisation des populations de confession musulmanes dans cet article ? Quels sont les travers les plus évidents de leur récit, selon vous ?

Karim Maloum : C’est un article terrible : à le lire, on est soit assignés à résidence ou alors en train de faire la queue pour prendre un avion et fuir la France. Dans les faits, permettez–moi de rappeler que les musulmans n’arrêtent pas d’arriver en France. Bien sûr, certains partent, souvent les plus diplômés d’ailleurs – lesquels ne sont généralement pas des “Français bien installés” comme le dit Le Monde mais plutôt des étrangers qui n’ont pas le courage de faire face aux procédures administratives françaises. Certains doivent attendre un an pour obtenir leur titre de séjour, il est compréhensible d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Cela étant dit, c’est une réalité qui ne concerne pas que les musulmans. Elle concerne aussi les chrétiens et les juifs, entre autres. 

D’une façon générale, j’aurais tendance à dire que c’est un article malhonnête. Particulièrement quand il est question du “point de bascule” qui aurait fait changer la société française. Le Monde évoque les attentats de Charlie Hebdo, qui ont coûté leur vie à plusieurs journalistes français, tués par des islamistes. Le quotidien du soir cite aussi le Bataclan, l’Hyper Casher. Ce sont des évènements horribles qui ont choqué tout le monde, choisir de les présenter comme le “point de bascule” du changement de la société française c’est choisir de porter un message confus. Que faut–il comprendre, exactement ? Qu’un tel changement serait la faute des journalistes de Charlie Hebdo ? Je connais, à titre personnel, des gens qui quittent la France parce qu’ils ne veulent plus habiter dans les banlieues françaises et n’ont pas les moyens d’aller vivre en métropole. Certains partent pour le Canada, cela arrive, où le prix de l’immobilier est moins cher.

Il serait faux de dire qu’aucun musulman ne quitte le pays. Il serait naïf de penser que ces gens ne partent pas en partie au moins à cause du laxisme de l’Etat, à cause de l’islamisation de la société, à cause des violences que cette dernière engendre. Cette notion de point de bascule, c’est une honte.

Mohamed Sifaoui : Le Monde ne sait pas et ne veut pas faire la différence entre un musulman et un islamiste. C’est un vrai problème et c’est l’un des symptômes les plus évidents de l’essentialisation dont nous parlons. Elle commence par le fait de reprendre mot pour mot, peu ou prou, le narratif islamiste. Le Monde fait désormais partie de ces médias qui permettent à l’islamisme de remporter des batailles culturelles. Dès lors, je considère qu’il y a œuvre d’utilité publique à attirer l’attention des citoyens et des lecteurs qui, de bonne foi, pourraient se laisser instrumentaliser ou manipuler par ce genre d’articles. Celui–ci n’est rien de plus qu’un grossier mensonge qui ne s’appuie sur aucune étude chiffrée. Qui peut dire combien de musulmans ont quitté la France ces dix dernières années ? Le Monde affirme lui–même que c’est un chiffre difficile à estimer ; autant dire qu’ils n’en savent rien. D’autant plus, il faut bien le dire, qu’il n’est pas possible d’identifier précisément les raisons du départ des uns et des autres. Nous ne connaissons rien des motivations réelles de celles et ceux qui décident effectivement de partir. Les salafistes parlent de la hijra, qui consiste à partir vivre sous un régime où il leur est possible de vivre leur conception de l’islam librement ; sans risquer d’avoir à se frotter à la laïcité ou à un modèle républicain comme ce qui existe en France.

Le cas de figure que Le Monde présente dans son article c’est celui du musulman français qui déciderait de partir parce que la vie est devenue insupportable en France. Permettez–moi de rappeler qu’il n’est aucun autre pays au monde où, au lendemain d’attentats comparables à ceux connus en France entre 2015 et 2017, les musulmans ont continué d’emmener leurs enfants à l’école sans jamais s’inquiéter. Cela ne se serait certainement pas passé de la même façon en dehors des pays démocratique. La vie des musulmans a continué de la même façon, peu ou prou, ces dix dernières années… malgré une pression exercée sur leur mode de vie, par la menace islamiste. Ce que l’article du Monde décrit relève à mon sens de la politique fiction. C’est une représentation d’une France dirigée par l’extrême droite, peut–être, et c’est un mensonge grossier en l’état.

Pour alimenter son narratif, Le Monde a décidé de faire appel à certains intervenants bien spécifiques, comme le journal SaphirNews, présenté comme un “site d’actualité sur le fait musulman”. Que sait–on de cette plateforme et des différents intervenants sélectionnés ?

Karim Maloum : C’est un article qui fait preuve de malhonnêteté, je l’ai dit, ainsi que de pauvreté intellectuelle. Un journal qui se respecte se doit d’appliquer le contradictoire quand il affirme de tels éléments ou se décide à faire une telle enquête. Nous aurions été nombreux à pouvoir donner un autre son de cloche sur ce sujet. Ils n’ont pas appelé Sabrina Medjebeur, Zohra Bitan ou Mohamed Sifaoui pour n’en citer que quelques–uns. Nous sommes connus, il n’est pas si difficile de nous contacter, mais cela n’a pas été fait à ma connaissance. Cela témoigne, me semble–t–il, de l’islamo–gauchisme qui domine tout ou partie de ce papier et qui consiste à toujours dépeindre les musulmans comme des victimes qui ne seraient responsables de rien, parce que cela voudrait dire que les musulmans sont actifs.

Jamais cet article ne dénonce l’islamisme, ne dénonce les attentats, les atteintes à la laïcité que multiplient les islamistes. A aucun moment les journalistes du Monde ne parlent des trafics qui polluent les quartiers où les populations musulmanes ou supposées vivent en forte concentration.

Mohamed Sifaoui : SaphirNews est une plateforme islamiste qui véhicule le narratif islamiste depuis plusieurs années. Il est totalement logique, compte tenu du choix éditorial fait par Le Monde, d’interroger ce type de médias. Ce à quoi on assiste aujourd’hui, c’est la polarisation du débat public entre deux extrêmes ; l’un de droite et l’autre de gauche. L’un comme l’autre ont intérêt à invisibiliser les musulmans réels ou supposés, laïques et démocrates. Il s’agit de faire de l’ensemble des musulmans (encore une fois réels ou supposés) un groupe homogène et monolithique, comme s’ils étaient tous liés aux mêmes aspirations, aux mêmes difficultés et qu’ils étaient tous nourris par une seule et même philosophie. Nous n’avons pas tous la même approche ou la même vision de la vie. Dans un cas comme dans l’autre – c’est–à–dire en provenance de la gauche comme de la droite – c’est une approche raciste que de penser que les musulmans ne constituent qu’un seul bloc. C’est une forme d’essentialisation dans laquelle se reconnaît d’ailleurs Le Monde aujourd’hui (du côté extrême gauche, en l’occurrence, même s’il prétend lutter contre celle en provenance de l’extrême droite).

Permettez–moi de souligner, d’ailleurs, que cet article a été fait sans recueillir l’avis des institutions de l’islam de France. Celles–ci auraient très probablement proposé un peu de contradiction : des gens qui se sentent pressés de quitter le pays ne se constitueraient probablement pas en associations. Il y a un chiffre qui ne ment pas, c’est bien le nombre d’associations musulmanes qui existent en France, le nombre de demande de construction de mosquées aussi. Ils illustrent tous deux combien ces musulmans s’inscrivent dans un avenir sur le sol français. Nous pourrions aussi parler des demandes de naturalisation ou de cartes de séjour émanant de pays musulmans. Tout cela, j’en suis convaincu, viendrait nuancer considérablement le propos mensonger tenu par Le Monde.

Cet article évoque l’islamophobie d’atmosphère dont la France souffrirait. Pour autant, Le Monde n’a pas particulièrement mentionné les pressions et les différentes assignations auxquelles sont soumis les populations de confession musulmane (ou supposée musulmane) en France, du fait de l’Islam politique. Dans quelle mesure un tel oubli jette–t–il le discrédit sur le résultat de l’article ?

Karim Maloum : Cela relève d’un choix éditorial, à mon avis. Cet article n’a jamais remis en cause – ni même pris la peine de poser le débat – le vocable “islamophobie”, qui est utilisé en permanence pour mettre une cible sur le dos de quelqu’un. L'islamophobie est un danger mortel pour les gens qui sont accusés. C’est quelque chose qu’ils auraient pu dire ! Le Monde aurait pu souligner combien ce vocable est utilisé pour interdire toute critique de la pratique rigoureuse de la religion, mais il a choisi de ne pas le faire. Le mot a beau être une invention de l’islamisme, c’est aussi un vocabulaire que le quotidien du soir a décidé de s’approprier. Cela m’inquiète parce que c’est un vocable qui s’utilise en deux temps : d’abord, il est utilisé pour interdire la critique de l’islam puis il permet de racialiser l’appartenance à la religion. C’est ce mot qui permet de nous invisibiliser Mohamed Sifaoui et moi, notamment. 

Le Monde, qui est un journal de grande renommée, vient de valider un concept qui n'est pas scientifiquement fondé.

Mohamed Sifaoui : Le Monde s’est discrédité en tant que journal depuis plusieurs années déjà. Il s’est trompé et a fait le choix de défendre les tenants de l’islam politique. Je compte Le Monde parmi mes plus grands détracteurs alors même que je porte une parole républicaine et laïque depuis des années. Cherchez l’erreur ! L’article du Monde dont on parle, en l'occurrence, vient poser une affirmation que j’estime gravissime : il s’agit de laisser dire ou penser que les musulmans seraient les plus persécutés de France alors qu’en vérité, tous les chiffres dont nous disposons disent le contraire. Si l’on prend la peine de se pencher sur ceux–ci, il apparaît clair que la communauté qui fait l’objet du plus grand nombre de persécutions, de menaces ou d’actes d’hostilité, c’est la communauté juive. A ce titre, il aurait d’ailleurs été intéressant de reprendre les chiffres officiels du ministère de l’Intérieur, d’interroger le nombre de plaintes déposées. Force est de constater que, depuis le 7 octobre 2023, le nombre de plaintes déposées par la communauté juive a explosé. En nombre absolu et proportionnellement au nombre de membres de la communauté, la population musulmane ou supposée fait l’objet de moins d’actes de racisme (quand bien même il va de soi qu’un seul acte raciste reste un acte de trop). Notons aussi que ce sont souvent des gens qui s’expriment au nom de l’islam qui commettent des actes d’hostilité à l’encontre des populations juives.

https://www.lejdd.fr/chroniques/pascal–praud–dans–le–jdd–la–gauche–est–une–religion–144341

21 avril 2024

Pascal Praud dans le JDD : « Dogme, utopie, excommunication : la gauche est une religion »

Pascal Praud

Qu'ai–je fait ? Qu'ai–je dit ? Notre chroniqueur déplore les accusations des contempteurs de CNews.

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Pascal Praud © Augustin Detienne / CNEWS

J’aime beaucoup Alain Cayzac. Tout le monde aime Alain Cayzac. Il est C de RSCG, l’agence de publicité Roux, Séguéla, Cayzac, Goudard qui inventa La Force tranquille. Le grand public connaît Alain Cayzac parce qu’il a dirigé le Paris Saint–Germain. Quand il disparaîtra, le plus tard possible à Dieu ne plaise, chacun soulignera qu’il était un honnête homme. « C’était un humaniste », écrira le journal L’Équipe

Je me souviens avoir déjeuné quelques fois avec lui au 7 rue Chambiges dans cette rue de Paris qui accueille les berlines allemandes l’hiver et les cabriolets anglais l’été. Je le croisais aussi avec son épouse au hasard d’un restaurant, son épouse Marinette qui partage sa vie depuis tant d’années. Ils forment tous les deux depuis cinquante ans ce que la rumeur de la ville nomme un beau couple, entre amour, complicité, enfants et petits–enfants.

Alain a eu un AVC il y a quelques années. Il court moins vite mais son esprit est intact, vif et combatif quand il s’agit de défendre les valeurs auxquelles il croit. Et ces valeurs s’appellent tolérance, fraternité, solidarité. Qui d’ailleurs récuserait ces mots que la Gauche a kidnappés sans imaginer que la Droite fut tolérante, fraternelle et solidaire ?

Il y a quelques jours, j’ai reçu un SMS d’Alain Cayzac. « Je ne reconnais pas le Pascal Praud que j’ai connu et apprécié », écrivait–il. Il me disait que je valais mieux à ses yeux que le travail que je produisais. Dans ce premier message, il ne me reprochait rien de précis. Rien ! Je lui ai répondu : qu’ai–je fait ? Qu’ai–je dit ? Et nous avons ainsi échangé plusieurs jours.

Je remarque qu’il existe des sujets d’affolement légitime, le climat ou le Covid, et qu’il en existe d’illégitime, l’immigration par exemple

À chaque fois – Alain Cayzac m’a donné le feu vert pour rapporter ses propos –, je jugeais qu’il lançait l’anathème sans apporter le commencement d’un début d’argumentaire. Je lui en faisais le grief. Alain restait dans ces accusations vagues, réquisitoires que j’entends chez les contempteurs de CNews : vous affolez la population, vous encouragez la haine, vous n’apportez pas de solutions.

Soit dit en passant, je remarque qu’il existe des sujets d’affolement légitime, le climat ou le Covid, et qu’il en existe d’illégitime, l’immigration par exemple.

Les enfants de Mitterrand

De quoi parlait ici Alain Cayzac ? Je comprenais qu’il évoquait les faits divers qui avaient égrené la semaine écoulée. À Montpellier, on avait évité un drame ; à Viry–Châtillon, à Bordeaux, ils avaient eu lieu.

Le fait divers devient fait de société quand les mêmes causes produisent les mêmes effets. Dans ces trois affaires, une police des mœurs sévissait. Des lycéennes, des frères, un homme passaient à l’acte au nom d’un Dieu qu’ils pensaient ainsi révérer. En filigrane, le procès de l’immigration apparaissait. Je devinais chez mon interlocuteur un rejet de ce débat. « En ce qui concerne les étrangers, c’est l’obsession qui me gêne. La xénophobie n’est pas loin », concluait–il dans un énième SMS qu’il m’envoyait. « Pourquoi lui réponds–tu ? », interrogeait mon amoureuse. « Pourquoi lui réponds–tu ? », demandait aussi son épouse. Nos compagnes disaient la même chose ! Il me l’a dit, je lui ai dit, nous avons ri.

Les enfants de Mitterrand sont à la retraite. La Mitterrandie a rendu sa copie. La peine de mort, quelques avancées sociales resteront pour l’Histoire. Hélas, les quatorze années de François Mitterrand annoncent le déclin français. Cette vérité est insupportable aux oreilles des nostalgiques du 10 mai 1981. Ils ont cru en un monde meilleur et c’est un monde pire qui est advenu.

L’immigration illustre ce désenchantement. SOS racisme est né dans les années 80. Julien Dray, Coluche, Simone Signoret, Guy Bedos ont porté sur les fonts baptismaux cette croisade pour la réconciliation des communautés.

Personne n’imaginait que quarante ans plus tard les filles ou petites–filles des jeunes gens qui portaient le badge Touche pas à mon pote au revers de leur veste, personne n’imaginait qu’elles iraient dans la ville parfois couverte des pieds jusqu’à la tête.

Personne n’imaginait des quartiers sous l’emprise sinon de la charia, du moins sous influence islamiste. Personne n’imaginait des bars interdits aux femmes, des sujets bannis aux lycées, des professeurs exécutés. Personne n’imaginait des mezouzas décrochées du linteau des portes ! Personne n’imaginait ces dérives. Et ceux qui imaginaient le danger terminaient honnis de tous, rejetés dans les culs–de–basse–fosse de la République.

Je le redis, j’aime beaucoup Alain Cayzac. Il pense que la société multiculturelle est une richesse. Je constate son échec. Si je parle de lui aujourd’hui, c’est parce que ses SMS m’ont touché. Je n’aime pas décevoir un homme pour qui j’ai de l’estime. Je n’aime pas qu’il imagine que je sois xénophobe, intolérant, égoïste que sais–je. Mais que faire quand Samara est tabassée, quand Shemsiddine est tué ? Ignorer les faits ? Les lunettes de 1981 sont devenues des œillères en 2024.

L’utopie comme bréviaire

La Gauche est une religion. Si vous n’entendez pas ça, vous ne comprenez rien. La Gauche est une religion. Elle refuse les hérétiques et sont hérétiques toux ceux qui ne pensent pas comme elle. Elle avance le cœur en bandoulière mais elle porte l’excommunication au bord des lèvres. Elle incarne le camp du Bien. Mieux encore, elle est le Bien. Et tant pis si Maastricht déçoit ! Et tant pis si trop d’impôts tuent l’impôt ! Et tant pis si la dette augmente ! Et tant pis si la réforme de l’État attendra !

Ses militants sont des croyants. Ils croient que la laïcité vaincra, que l’islamisme disparaîtra, que la France gagnera. Le réel percute cet idéal. Les Français ne partagent plus le même Dieu, ni les mêmes mœurs et parfois plus la même langue. Peu importe ! L’homme de Gauche, l’immémorial, l’enfant de Jaurès, le fils de Mendes France, l’héritier de Mitterrand, est imperméable à l’évidence. L’utopie suffit.

À la question « Y a–t–il trop d’immigration en France ? », question posée à Raphaël Glucksmann par Jordan Bardella sur France Inter il y a quelques jours lors de leur débat, Glucksmann a répondu : « Votre question est à côté de la plaque ! »

La Gauche sort des recettes que l’expérience a désavouées, elle joue retour vers le futur

Je me demande parfois qui est à côté de la plaque quand la Gauche sort des recettes que l’expérience a désavouées, quand elle joue retour vers le futur.

Je garde néanmoins une tendresse pour les romantiques de la Bastille. Je les observe comme une espèce protégée entre l’ours polaire et le panda géant, animaux en voie d’extinction qu’il faut soustraire aux vicissitudes de l’existence. « Le débat Gauche Droite ne peut se résumer à la question migratoire », plaide Cayzac.

Sans doute. Puissions–nous alors, cher Alain, converser encore longtemps.

Et tant pis si nos clashs perdurent. Nos compagnes, je le sais, seront d’accord…

https://www.valeursactuelles.com/societe/laurent–nunez–denonce–une–montee–de–lultraviolence–chez–certains–jeunes

Laurent Nuñez dénonce « une montée de l'ultraviolence chez certains jeunes »

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"A la maison, je n'ai jamais entendu de discours pied–noir militant", confie Laurent Nunez

Société

Lors d’un entretien sur BFMTV, le préfet de police de Paris est revenu sur le fléau de l’ultraviolence chez les jeunes, mettant en garde contre « une certaine forme » d’entrisme islamiste dans les écoles.

Publié le 21 avril 2024 à 16h00

Viry–Châtillon, Montpellier, Grande–Synthe… Ces dernières semaines, les faits d’ultraviolence chez les jeunes se sont accumulés. Ce dimanche 21 avril, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, était l’invité de BFMTV. L’occasion pour lui de revenir sur ce phénomène alarmant, qui touche les jeunes générations.

« La part des mineurs dans la délinquance est stable, voire plutôt en baisse, sur l’agglomération parisienne ces cinq dernières années », a affirmé en préambule le préfet, rappelant que la part de mineurs impliqués dans la délinquance représentait 21 % en 2019 contre 13 % en 2023. « L’implication des mineurs dans des faits plus graves que par le passé est réelle », a toutefois souligné Laurent Nuñez, citant notamment les cambriolages ou encore les vols avec violence.

De « l’entrisme islamiste » dans les écoles de la République

« On voit bien qu’il y a une montée de l’ultraviolence chez certains jeunes », a–t–il affirmé au micro de la chaîne d’information en continu. « Il y a de multiples causes, parfois un désengagement des parents, l’individualisme est beaucoup plus répandu et il y a parfois des violences entre jeunes liées à une certaine forme d’entrisme de certaines doctrines, telles que l’islamisme », a ajouté le préfet de police de Paris.

Jeudi 18 avril, le Premier ministre, Gabriel Attal, avait lui–même affirmé que « des groupes plus ou moins organisés qui cherchent à faire un entrisme islamiste » prônaient « les préceptes de la charia […] dans les écoles ». Interrogé sur ces déclarations, Laurent Nuñez affirme qu’il n’y a « pas d’exagération » de la part du locataire de Matignon. « Vous avez un certain nombre de penseurs du séparatisme islamiste qui vous expliquent que les lois de Dieu sont supérieures aux lois de la République et s’en traduit une déclinaison dans de nombreux domaines, y compris à l’école », a insisté le préfet. Et de préciser : « Il en découle tout un certain nombre de comportements […] qui peuvent avoir une interférence dans les relations entre jeunes, voire dans les violences entre jeunes, quand untel est stigmatisé parce qu’il n’obéit pas à certains préceptes religieux. »

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Alors que débute le parcours de la flamme olympique débute, les inquiétudes concernant la sécurité des JO sont loin d’être dissipées…