– Revue de presse N° 281
– 7 octobre 2024 – { 2003–2024 – 21ème année }
Quand le président algérien accuse la France de... « génocide » – Boulevard Voltaire
Philippe Kerlouan
7 octobre 2024
Depuis l'annonce, en juillet dernier, du soutien de Paris au plan d’autonomie du Maroc pour le territoire du Sahara occidental, les relations entre l'Algérie et la France, qui n'étaient déjà pas au beau fixe, sont devenues glaciales. Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, vient d'écarter de nouveau une visite en France, refusant « [d'aller] à Canossa », et va jusqu'à accuser la France de « génocide » durant la colonisation.
Avec une insolence mêlée de cynisme, il a déclaré que, de 1830 à 1962, « l’Algérie a[vait] été choisie pour le Grand Remplacement, le vrai Grand Remplacement », consistant à « chasser la population locale pour ramener une population européenne avec des massacres, avec une armée génocidaire ». Il a dénoncé les essais nucléaires de la France au Sahara. Il a évoqué l’accord franco–algérien de 1968, qui octroie un statut particulier aux Algériens en matière de droits de circulation, séjour et emploi en France, reprochant à « l'extrême droite » de vouloir l'abroger. Il « n'accepte pas les mensonges sur l'Algérie », il « demande la vérité historique ».
On ne peut guère compter, pour lui répondre, sur un Emmanuel Macron qui, lors de sa première campagne présidentielle, qualifiait la colonisation de « crime contre l'humanité ». Un Président qui a rendu hommage à des complices du FLN, qui est toujours prêt à dénigrer la France plutôt qu'à la défendre – c'est le même homme qui, à deux jours du 7 octobre, vient de demander l'arrêt des livraisons d'armes à Israël servant dans la bande de Gaza, sans avoir la même exigence à l'égard du Hamas. Dans ces conditions, que tous les Français, militaires et civils, qui sont morts durant la guerre d'Algérie, que tous les pieds–noirs, que tous les harkis et leurs descendants me permettent de rétablir modestement une part de vérité.
Ce que l'Algérie doit à la France
De tous les pays colonisateurs, la France est sans doute celui qui s'est le mieux comporté. Sans la colonisation, l'Algérie ne serait pas le pays moderne qu'elle est devenue. Le président algérien oublie qui a construit des routes, des hôpitaux, les écoles, qui a commencé, en 1952, l’exploration pétrolière du Sahara. Il se garde bien de reconnaître l'esprit d'entreprise des pieds–noirs, loin d'être tous des exploiteurs qui faisaient « suer le burnous ». Il se garde bien de reconnaître tout ce que l'Algérie doit aux Français. Il se garde bien de reconnaître qu'une grande partie de la population aimait la France. Et jamais il n'a regretté les attentats aveugles, les égorgements, les crimes odieux du FLN, avant et après l'indépendance.
Il ferait mieux de se demander pourquoi beaucoup de jeunes Algériens fuient leur pays, un pays riche, un grand exportateur de gaz naturel liquéfié, mais incapable de diversifier son économie. Ce serait reconnaître l'impéritie d'un gouvernement, toujours aux mains du FLN et l'emprise de la corruption et du népotisme. Non content de laisser partir sa jeunesse, tout en entretenant la haine de l'ex–colonisateur, le gouvernement algérien ne coopère guère quand la France veut expulser les Algériens en situation irrégulière et se plaint si on menace de réduire les visas. Il a trouvé dans la France un bouc émissaire pour tenter de dissimuler ses échecs. Pourquoi se gênerait–il quand son Président se couche et se soumet ?
La grande majorité des Algériens estiment que leur système politique devrait être réformé. Au lieu de se complaire dans la repentance, de souligner les erreurs de la colonisation et de minimiser ses apports, Emmanuel Macron devrait plutôt œuvrer au renouveau politique de l'Algérie, pour que les Algériens aient envie de rester dans leur pays et de contribuer à sa prospérité. Patience, direz–vous : il n'est plus à l'Élysée pour longtemps. Sans doute, mais que de mal il aura fait à la France !
Un dessin animé avec la guerre d'Algérie en toile de fond bientôt sur France Télé
Le 07 oct. 2024 à 16h20 (TU)
Mis à jour le 07 oct. 2024 à 16h20 (TU) Par AFP © 2024 AFP
France Télévisions lancera à partir du 28 octobre "Petite Casbah", une série animée pour enfants située à Alger en 1955
France Télévisions lancera à partir du 28 octobre "Petite Casbah", une série animée pour enfants située à Alger en 1955, aux prémices de la guerre d'Algérie (1954–1962), avec l'espoir d'initier "un début de dialogue" sur la décolonisation, toujours taboue.
Ce feuilleton (6x26 minutes) a été co–écrit par la romancière Alice Zeniter, prix Goncourt des lycéens 2017 pour "L'Art de perdre" sur une famille de harkis.
Il sera diffusé quotidiennement sur France 4 et mis en ligne sur Okoo, la plateforme jeunesse de France Télé.
On y suit Lyes, Khadidja, Ahmed et Philippe, des enfants de 10 à 12 ans rassemblés dans une cabane sur les toits de la Casbah, vieille ville d'Alger, en juin 1955.
Confrontés à l'arrestation par la police de Malek, le grand frère de Khadidja, ils vont, en sillonnant la ville, déchiffrer un mystérieux carnet noir trouvé dans ses affaires.
"Le sujet n'est pas du tout la guerre d'Algérie", Alger étant encore épargnée par les affrontements au moment du récit, a assuré Pierre Siracusa, directeur de l'unité jeunesse, animation et éducation chez France Télé, lundi lors d'une conférence de presse.
"Le sujet est l'Algérie" et "comment une bande d'enfants qui représente à peu près toutes les communautés d'Algérie en 1955 essaie de faire collectif", a–t–il ajouté.
C'est fort du succès des "Grandes grandes vacances", série animée sur la Seconde Guerre mondiale sortie en 2015 sur France 3, que le groupe public a décidé de s'emparer de cette "période–là", entourée de "tabous" et de "silence", selon M. Siracusa.
"On manque de représentation, d'un récit qui peut être le point de départ d'un début de dialogue", explique–t–il. Et "l'alibi d'une adresse aux enfants peut peut–être permettre de faire bouger un peu les lignes parce qu'on se doit de ne pas être polémique, d'être réconciliateur", fait–il valoir.
Dans un souci pédagogique, la série alimentera aussi Lumni, la plateforme éducative de France Télévisions, qui entend ainsi "traduire la multiplicité culturelle de l'Algérie", "ouvrir un dialogue intergénérationnel" au sein des familles, et aborder "en parallèle" le sujet de la "colonisation", selon Anne Daroux, directrice de l'éducation chez France Télé.
Y seront notamment proposées des pastilles documentaires de cinq minutes (également diffusées à l'antenne dans un format réduit), "apportant des éléments de contexte pour chaque communauté" représentée.
Algérie : le président Tebboune annule sa visite en France
Sophie Amsili
Le ton est virulent, glacial, à l'image de la crise diplomatique dans laquelle la relation franco–algérienne a plongé il y a quelques mois. Lors d'une interview à la télévision algérienne ce week–end, le président Abdelmadjid Tebboune a annulé sa visite d'Etat à Paris et a eu des mots très durs contre la France sur une série de sujets,ciblant en particulier une « minorité » qui sape le rapprochement entre les deux pays.
Sur la question de la colonisation française, le président algérien n'a pas hésité à parler de « génocide » : « L'Algérie a été choisie pour […] le vrai grand remplacement » , qui consiste à « chasser la population locale pour ramener une population européenne avec des massacres, avec une armée génocidaire », a affirmé le président algérien, un mois exactement après sa réélection pour un second mandat . Il a accusé une « minorité haineuse » en France de bloquer toute avancée sur le dossier mémoriel. « Je n'irai pas à Canossa »
Interrogé sur le fait qu'Alger ne récupérerait pas ses ressortissants visés par des obligations de quitter le territoire français (OQTF), le président algérien a balayé des « mensonges hypocrites » destinés à « faire détester l'Algérie aux Français ». Il a renvoyé vers un sujet plus « sérieux » : l'impact des 17 essais nucléaires français effectués dans les années 1960 dans le Sahara algérien. « Vous voulez qu'on soit amis, venez nettoyer les sites des essais nucléaires », a–t–il lancé.
Quant à la renégociation de l'accord de 1968 qui octroie un statut particulier aux Algériens désirant s'installer en France, relancée à plusieurs reprises ces dernières années par la droite française, c'est devenu un « étendard derrière lequel marche l'armée des extrémistes », a fustigé le président algérien.
Interrogé en conclusion sur sa visite d'Etat en France, Abdelmadjid Tebboune a lancé : « Je n'irai pas à Canossa », employant une expression du chancelier allemand Bismarck signifiant qu'il n'irait pas « supplier un pardon ». Repoussée à plusieurs reprises, finalement prévue fin septembre ou début octobre de cette année, la visite d'Etat du président Tebboune devait s'inscrire dans la continuité de celle d'Emmanuel Macron en Algérie en août 2022, où les deux présidents avaient signé la « déclaration d'Alger » pour un « partenariat renouvelé ». « Il ne ferme pas la porte »
« Le président algérien ne ferme pas la porte à une relance des relations franco–algérienne », remarque cependant Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen. « Pour une fois, il a dit explicitement les gestes forts qu'il attendait de la France sur la mémoire, les essais nucléaires… » Le chercheur souligne également que le président algérien « n'a pas critiqué Emmanuel Macron », avec qui il a toujours affiché sa bonne entente, « mais la droite et l'extrême droite française qui posent des exigences très élevées à un rapprochement avec Alger. »
Algérie : le président Tebboune rejette l’idée d’une visite à Paris et s’en prend à la France
Les relations entre les deux pays sont redevenues difficiles après l’appui d’Emmanuel Macron au plan marocain pour le Sahara occidental, auquel s’oppose Alger.
Publié hier 7 octobre 2024 à 10h07, modifié hier à 16h57
Le dégel attendra. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a écarté samedi, lors d’un entretien télévisé, l’idée d’une visite en France, qu’il a jugée humiliante dans le contexte de relations de nouveau très tendues entre les deux pays. « Je n’irai pas à Canossa », a lancé M. Tebboune, réélu à la présidence le 7 septembre avec 94,65 % des voix. Popularisée par le chancelier allemand Bismarck à la fin du XIXe siècle, l’expression « aller à Canossa » signifie aller supplier un pardon. Elle fait référence à la démarche qu’avait été forcé d’entreprendre au XIe siècle l’empereur germanique Henri IV, qui s’était rendu dans la ville italienne de Canossa pour y implorer le pape Grégoire VII de lever l’excommunication dont celui–ci l’avait frappé. La visite du président algérien, sans cesse repoussée depuis mai 2023, était dernièrement prévue entre fin septembre et début octobre 2024. Mais les relations entre l’Algérie et la France sont redevenues glaciales après l’annonce, fin juillet, de l’appui de Paris au plan d’autonomie marocain pour le territoire disputé du Sahara occidental. Alger a immédiatement rappelé son ambassadeur en France et a réduit sa représentation diplomatique en ne gardant qu’un chargé d’affaires. Evoquant la colonisation française (de 1830 à 1962) et la question mémorielle, le président algérien a estimé que « l’Algérie a[vait] été choisie pour le grand remplacement, le vrai grand remplacement », consistant à « chasser la population locale pour ramener une population européenne avec des massacres, avec une armée génocidaire ».
Un « génocide » durant la période coloniale
« Je n’accepte pas les mensonges sur l’Algérie. Nous étions une population d’environ quatre millions, et 132 ans plus tard, nous étions à peine neuf millions. Il y a eu un génocide », a affirmé M. Tebboune. « On demande la vérité historique », a martelé le président algérien, accusant une « minorité haineuse » en France de bloquer toute avancée sur le dossier mémoriel.
Abordant la question des essais nucléaires français en Algérie, M. Tebboune a lancé à la France : « Vous voulez qu’on soit amis, venez nettoyer les sites des essais nucléaires ! » Entre 1960 et 1966, la France a procédé à dix–sept essais nucléaires sur plusieurs sites dans le Sahara algérien. Des documents déclassifiés en 2013 ont révélé des retombées radioactives encore importantes, s’étendant de l’Afrique de l’Ouest au sud de l’Europe. M. Tebboune a aussi évoqué l’accord franco–algérien de 1968 qui octroie un statut particulier aux Algériens en matière de droits de circulation, séjour et emploi en France. C’est devenu un « étendard derrière lequel marche l’armée des extrémistes » de droite en France, qui cherchent à l’abroger, a–t–il estimé. En décembre 2023, l’Assemblée nationale française avait rejeté un texte demandant aux autorités françaises de dénoncer l’accord.
Signé en 1968, alors que la France avait besoin de bras pour son économie, cet accord écarte les Algériens du droit commun en matière d’immigration. Ils n’ont, depuis, pas de carte de séjour en France, mais des « certificats de résidence ». Ils peuvent s’établir librement pour exercer une activité de commerçant ou une profession indépendante, et ils accèdent plus rapidement que les ressortissants d’autres pays à un titre de séjour de dix ans.
Le Monde avec AFP
Le trotskisme a–t–il encore un passé ?
Par À Contretemps
7 octobre 2024
« Il y a des éléments courageux qui n’aiment pas aller dans le sens du courant : c’est leur caractère. Il y a des gens intelligents qui ont mauvais caractère, n’ont jamais été disciplinés et ont toujours cherché une tendance plus radicale ou plus indépendante : ils ont trouvé la nôtre. Mais les uns et les autres sont toujours plus ou moins des outsiders, à l’écart du courant général du mouvement ouvrier. Leur grande valeur a évidemment son côté négatif, car celui qui nage contre le courant ne peut pas être lié aux masses. » (Léon Trotski, avril 1939.) ■ Laurent MAUDUIT et Denis SIEFFERT
TROTSKISME, HISTOIRES SECRÈTES
DE LAMBERT À MÉLENCHON
Les Petits Matins, 2024, 464 p.
Ce livre de Laurent Mauduit, cofondateur de Mediapart, et Denis Sieffert, ancien directeur de Politis, met en lumière un courant politique, peu connu du grand public, au sein duquel les auteurs ont évolué jusqu’au début des années 1980 et que l’on désigne sous le nom de « lambertisme », dérivé de Pierre Boussel dit Lambert (1920–2008) son principal dirigeant. Mêlant témoignages et enquête, cet ouvrage, paru quelques mois avant la séquence électorale de cette année, s’inscrit dans les débats de la gauche française à l’heure de la prééminence – certes relative – de La France insoumise (LFI) et de son chef charismatique, Jean–Luc Mélenchon, lui–même militant lambertiste entre 1972 et 1976 à Besançon, passé ensuite au Parti socialiste (PS) de François Mitterrand qu’il quitte en 2008 pour fonder le Parti de gauche suivant le modèle de Die Linke en Allemagne. Comme l’indique la quatrième de couverture, cet ouvrage écrit à quatre mains propose de donner « des clés pour comprendre la crise que traverse la gauche aujourd’hui », et plus spécifiquement celle qui déstabilise LFI, menant sans surprise à la personnalité de Jean–Luc Mélenchon qui aurait « préempté le legs lambertiste » et « reproduit culturellement les traits les plus caractéristiques de ce courant du trotskisme : un rapport problématique avec la démocratie, une hostilité envers les médias, un imaginaire géopolitique de la guerre froide ». Cette thèse, pour le moins discutable – dans la mesure où les tares mentionnées sont partagées par tant d’autres figures ou organisations de gauche –, se double d’un plaidoyer réformiste, affirmé dès l’introduction :
« Plutôt qu’une révolution qui n’a guère fait ses preuves dans notre vaste monde, sauf à entraîner des désastres et à promouvoir des dictateurs, ne faut–il pas plutôt penser à un réformisme radical, social et écologique ? Un “réformisme révolutionnaire”, comme disait Jaurès. Ne faut–il pas s’orienter vers d’autres horizons, par exemple ceux des “communs”, qui ont l’avantage de tracer des pistes allant au–delà de la propriété tout en invitant à une refondation de la démocratie ? »
Les spécialistes du mouvement ouvrier et du trotskisme n’apprendront pas grand–chose à la lecture des presque 500 pages de cette histoire racontée en négatif et où la stigmatisation de certains protagonistes – à l’instar de Jean–Christophe Cambadélis, passé du lambertisme au PS dont il deviendra Premier secrétaire – en épargne d’autres, dont les actes et les trajectoires restent pourtant sujets à caution.
Sans doute fallait–il revenir, plus de vingt ans après « l’affaire Lionel Jospin » et l’effervescence médiatique qui l’a accompagnée, sur ces héritiers singuliers de Lev Davidovitch Bronstein dit Léon Trotski(1879–1940), ce « Staline manqué », selon Willy Huhn [1]. Nous avons pu assister alors à l’apparition d’un sous–genre littéraire, avec les mémoires d’ex–lambertistes comme Patrick Gofman, Cœur–de–cuir (Flammarion, 1998) ; Philippe Campinchi, Les Lambertistes (Balland, 2000) ; Benjamin Stora, La Dernière Génération d’Octobre (Stock, 2003) ; Boris Fraenkel, Profession : révolutionnaire (Le Bord de l’eau, 2004) ; Michel Lequenne, Le Trotskisme, une histoire sans fard (Syllepse, 2005)… Depuis, à l’exception de la thèse de Jean Henztgen – soutenue en 2019 sous le titre Du trotskisme à la social–démocratie : le courant lambertiste en France jusqu’en 1963] –, rares sont les travaux ayant pris pour objet cette famille atypique dont les vicissitudes éclairent des pans de la vie politique, non seulement dans sa périphérie mais aussi en son centre, par–delà le clivage réforme/révolution. Le premier chapitre de Trotskisme, histoires secrètes survole « l’âge d’or » de ce courant souvent réduit à l’une de ses nombreuses appellations, l’Organisation communiste internationaliste, ou, plus simplement, à son sigle – l’OCI –, en vigueur entre 1965 et 1981, dont le legs est aujourd’hui disputé par les membres du Parti ouvrier indépendant et ceux du Parti des travailleurs. Cette matrice commune, dont l’origine prend sa source dans l’Opposition de gauche du Parti communiste de l’Union soviétique, reste marquée, dans le contexte français, par la scission du Parti communiste internationaliste, survenue en 1952 et conduisant à l’existence de deux organisations que l’on distinguera par le nom de leur organe : La Vérité pour le groupe (majoritaire) de Pierre Lambert, autour de 150 militants, et La Vérité des Travailleurs pour celui (minoritaire) mené par Pierre Frank (1905–1986), environ 50 militants, avec l’appui du Secrétariat international de la IVe Internationale animé par Mikhalis Raptis dit Pablo (1911–1996). Dans le contexte de la guerre froide et à la veille d’une hypothétique troisième conflagration mondiale, ce dernier préconise le 14 janvier 1952 « l’entrisme sui generis par rapport aux organisations et ouvriers influencés par les staliniens ». Il s’agissait donc pour les trotskistes d’entrer discrètement dans le Parti communiste français (PCF) et d’accompagner le « gauchissement » du principal pôle d’attraction ouvrière – entre 200 000 et 300 000 adhérents –, afin de favoriser la construction du « parti mondial de la révolution socialiste ». Cette orientation est appuyée par les militants qui entourent Pierre Frank mais combattue par les militants regroupés autour de Pierre Lambert – engagés dans le soutien à la Yougoslavie de Tito et une alliance avec des réformistes de Force ouvrière autour du journal L’Unité. Toujours est–il que les uns et les autres cultivent une même admiration pour le chef de l’Armée rouge – responsable de la sanglante répression des marins de Kronstadt en 1921 – et partagent une même base théorique, condensée dans Le Programme de transition, datant de 1938 et définissant l’Union soviétique comme un « État ouvrier dégénéré » plutôt que comme un capitalisme d’État. Trotskisme, histoires secrètes traite notamment des liens entre lambertisme et social–démocratie, à travers les chapitres consacrés à la figure de proue de ce courant ou à l’entrisme, ce qui nous amène à explorer tant la période de l’entre–deux–guerres que la seconde moitié du XXe siècle. En effet, la notice biographique de Pierre Lambert pour « le Maitron » rédigée par Pierre Broué (1926–2005) – un « ex », lui aussi – nous renseigne sur le caractère sinueux de cette relation : « Il n’avait pas quinze ans quand il adhéra aux Jeunesses communistes de Montreuil et guère plus quand il en fut exclu à cause des questions qu’il formulait sur l’abandon par le PC de ses positions antimilitaristes au lendemain du Pacte franco–soviétique. Contacté par des trotskistes, il fut convaincu de rejoindre alors l’Entente des Jeunesses socialistes de la Seine qui poursuivait, sous la direction de Fred Zeller, la défense de l’internationalisme et de l’antimilitarisme, mais ne la suivit pas quand ses dirigeants furent exclus à la conférence de Lille en juillet 1935 : il demeura donc, tout en affirmant des positions “formellement trotskistes”, dans les rangs des JS reconstituées dans la Seine par le Parti socialiste SFIO, et, dans la SFIO, adhéra à la Gauche révolutionnaire. »
Un bref rappel s’impose. La Ligue communiste, première organisation trotskiste en France, est créée en avril 1930 par des militants exclus du PCF qui diffusent l’hebdomadaire La Vérité, dont le gérant est Pierre Frank, ainsi que la revue La Lutte de classes, dirigée par Pierre Naville (1904–1993). Dans une conjoncture marquée par le 6 février 1934 et les appels au « front unique » contre les menaces du fascisme et de la guerre, les partisans de Léon Trotski, une quarantaine environ, entrent dans la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) – qui compte plus de 100 000 membres – pour y fonder, en août, le Groupe bolchevik–léniniste (GBL). Malgré la réticence initiale de certains militants, les trotskistes voient leur audience s’accroître, en particulier dans la jeunesse et en région parisienne, mais le GBL est exclu de la SFIO l’année suivante. Un nouveau cycle de scission/fusion se prolonge jusqu’à la victoire du Rassemblement populaire en 1936, suivi par la création, en juin, du Parti ouvrier internationaliste (POI) qui réunit les trotskistes autour du journal La Lutte ouvrière . À ce stade, Pierre Lambert est membre de la tendance Gauche révolutionnaire de la SFIO dirigée par Marceau Pivert (1895–1958). Il lui faut attendre quelques années pour rejoindre effectivement un groupe trotskiste comme l’indique sa notice biographique : « En revanche, il suivit la nouvelle direction animée par Lucien Weitz quand les JS de la Seine, au lendemain de la fusillade de Clichy en avril 1937, rompirent avec la SFIO, alors au gouvernement, et devinrent les Jeunesses socialistes autonomes. […] Quand les JSA rejoignirent en juin 1938 la nouvelle formation, animée par Marceau Pivert, du Parti socialiste ouvrier et paysan (PSOP), elles constituèrent le noyau de son organisation de jeunesse, la JSOP. Pierre Boussel rencontra alors des militants trotskistes du PCI de Raymond Molinier et Pierre Frank, entrés individuellement dans le PSOP, et rejoignit leur groupe en décembre 1938. »
Là encore, un rappel s’impose. Les grèves avec occupation qui suivent l’avènement du Front populaire persuadent les trotskistes que « la révolution française a commencé » ; La Lutte ouvrière du 19 juin 1936 appelle les travailleurs à former des soviets partout… Cependant, Raymond Molinier (1904–1994) – créateur du Parti communiste internationaliste (PCI) en mars – est exclu en juillet d’un POI qu’il avait pourtant rejoint dans un souci d’unité. Après avoir relancé le PCI et son journal La Commune, en octobre, ses militants prennent acte, deux ans plus tard, de la « défaite ouvrière » de novembre 1938 – répression par le gouvernement d’Édouard Daladier de la grève contre les décrets–lois – et décident, en décembre, d’adhérer au PSOP. Ce nouveau parti, qui compte entre 7 000 et 8 000 adhérents, a été fondé en juin par les membres de la Gauche révolutionnaire de la SFIO réunis autour de Marceau Pivert. Ce dernier rejette la fusion entre sa jeune organisation et le POI préconisée par Léon Trotski : le « socialiste de gauche » préfère un front unique. Cela n’empêche pas une minorité du POI – contre l’avis de la direction mais avec le soutien de la IVe Internationale – de rejoindre le PSOP en février 1939. Animée par Yvan Craipeau (1911–2001) et Jean Rous (1908–1985), cette tendance, qui s’exprime dans la revue La Voie de Lénine, lancée en avril, mène un « travail fractionnel » que Marceau Pivert exhorte à cesser en juin. C’est dans ce contexte de tensions grandissantes entre les partisans de Léon Trotski et la direction pivertiste que Pierre Lambert – membre de la direction fédérale de l’organisation de jeunesse du PSOP de la Seine – est exclu, avant de militer dans le PCI clandestin pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans leur chapitre « Les deux entrismes », Laurent Mauduit et Denis Sieffert cherchent à opérer la distinction entre un entrisme « à drapeau déployé » – préconisé par Léon Trotski en 1934 – et un entrisme sui generis, assimilé à « un travail de “fraction” visant à placer des “sous–marins” dans des organisations ennemies ou rivales », voire à de l’« infiltration ». Or, l’histoire du mouvement trotskiste – et plus encore celle du courant lambertiste – nous apprend à quel point les deux tactiques sont indissociables mais aussi consubstantielles à cette famille politique dont la connivence avec la social–démocratie est devenue proverbiale. Ces pratiques – coûteuses humainement, stériles politiquement, sauf pour la survie de l’appareil – se reproduisent avec l’Union de la gauche socialiste ou le Parti socialiste autonome – en rupture avec la SFIO –, et, plus tard, avec le PS du congrès d’Épinay ou ses émanations.
Au sein de LFI, les lambertistes – ceux du Parti ouvrier indépendant (POI), à ne pas confondre avec le Parti des travailleurs (PT) qui, officiellement, réprouve cette orientation – constituent probablement le courant le plus structuré, en mettant leurs militants et cadres (connus ou non), leur local parisien (87, rue du Faubourg–Saint–Denis) et leur journal Informations ouvrières au service de la formation de Jean–Luc Mélenchon qui relève du réformisme, comme Jeremy Corbyn, Bernie Sanders ou Alexis Tsípras. Cette alliance au sommet s’inscrit dans le sillage des connexions susmentionnées, toutes frappées du sceau de l’opportunisme, témoignant de l’impossibilité ou plutôt du renoncement d’une poignée de bureaucrates permanents – cyniques, manipulateurs et sectaires – à construire une force révolutionnaire.
Tout le reste n’est que littérature. Sauf que nous sommes plus proches des mésaventures de Julien Sorel que des exploits de [2] ; le dogmatisme tient lieu de théorie, la démagogie de stratégie, la manipulation de tactique et la mythologie d’histoire, en usant ou abusant au passage de l’enthousiasme de jeunes gens prêts à monter à l’assaut du ciel mais qui finissent par tomber, pour leur plus grand malheur, sur les épigones d’O’Brien. Certes, pour paraphraser Sonia Combe – une « ex », elle aussi – les trotskistes ont voulu combattre le stalinisme avec les méthodes du stalinisme ; encore faut–il ajouter que cette forfaiture a été commise pour le compte de la social–démocratie et donc de la bourgeoisie. Ce qui doit aussi conduire à interroger les dimensions autoritaires, manichéennes et nationalistes de la culture politique française – à droite comme à gauche – dont le lambertisme n’est qu’un piètre avatar. En abordant de façon superficielle la séquence de la révolution algérienne, au cours de laquelle le groupe de Pierre Lambert s’est engagé dans le soutien inconditionnel au Mouvement national algérien (MNA) de Messali Hadj – tandis que celui de Pierre Frank a soutenu, tout aussi inconditionnellement, le Front de libération nationale (FLN) –, les auteurs reprennent quelques lieux communs, en s’appuyant surtout sur le témoignage de Michel Lequenne (1921–2020), mais passent à côté de l’essentiel. En effet, la « guerre d’Algérie » a représenté une épreuve majeure pour la gauche française – ou plutôt un échec pour la plupart des courants qui la constituent et dont le chauvinisme n’est plus à démontrer. Le problème de l’engagement lambertiste au cours de cette période réside surtout, au même titre que les autres tendances, dans le « malentendu opératoire » occasionné par la lutte anticolonialiste car si les internationalistes de France voyaient dans l’indépendance un prélude à la révolution prolétarienne, les nationalistes algériens combattaient d’abord pour l’instauration d’un État bourgeois, tout en usant, selon les situations, d’une phraséologie qui pouvait sonner agréablement aux oreilles de leurs interlocuteurs étrangers. Cette « erreur » ne sera reconnue dans Informations ouvrières qu’après le coup d’État mené par Houari Boumedienne, le 19 juin 1965 – ; signalons que des « erreurs » analogues seront admises par leurs concurrents, quelques années plus tard, dans Quatrième Internationale. Mais ces failles, révélées tardivement, reposaient sur la notion de « peuple–classe », empruntée aux notes d’Abraham Léon sur La Conception matérialiste de la question juive. Plaquée sur une Algérie colonisée que peu d’anticolonialistes français connaissaient véritablement, cette théorie conduisait à nier l’existence d’une bourgeoisie autochtone ou à minimiser son influence, pour mieux assimiler les colonisés – toutes classes confondues – à des prolétaires. Cette interprétation autorisait par conséquent le soutien inconditionnel des marxistes – isolés dans leur propre pays face à l’hégémonie des appareils stalinien et social–démocrate – aux partis nationalistes au nom de la lutte conjointe contre l’impérialisme, sans toutefois chercher à constituer des regroupements sur une base révolutionnaire. Là encore, il faudra attendre la brochure Quelques enseignements de notre histoire – rééditée plusieurs fois à partir de 1970 – pour que l’OCI fasse son mea culpa, même si, dans Comment le révisionnisme s’est emparé de la direction du PCI, Stéphane Just ira plus loin en accusant Pierre Lambert d’avoir réduit les militants trotskistes au simple rôle de « porteurs de valises ». Enfin, pour en terminer avec la question algérienne – qui renvoie à des considérations plus larges –, Laurent Mauduit et Denis Sieffert restent silencieux sur un autre pan de cette histoire qui, tout en ayant Paris pour centre névralgique, n’en possède pas moins quelques ramifications par–delà l’Hexagone. Après tout, la seule succursale lambertiste ayant prospéré à l’étranger n’est–elle pas celle du Parti des travailleurs de Louisa Hanoune en Algérie ? Au prix de bien des compromissions avec le régime militaro–policier, l’Union générale des travailleurs algériens – l’ancien syndicat unique, intégré à l’État –, le Front islamique du salut, etc. Tout cela aux dépens de militants sincères mais découragés – quand ils n’ont pas été odieusement sacrifiés – par tant de revirements imposés et de collusions douteuses. Cet opportunisme, sans doute désintéressé dans un pays qui exporte ses hydrocarbures, s’est illustré par la tenue de « conférences mondiales ouvertes » à Alger – où l’on bafoue pourtant les libertés démocratiques –, en novembre 2010 comme en octobre 2017, à l’initiative de l’Entente internationale des travailleurs et des peuples. Avec la bénédiction des autorités. Cela dit, pour être tout à fait juste, il faudrait traiter de ceux qui, à gauche – et ils sont nombreux –, ont troqué la dictature du prolétariat pour celle du mercenariat.
Dans leur conclusion, les auteurs dressent le constat suivant :
« La synthèse lamberto–mélenchonienne conduit aujourd’hui à un désastre : une sympathie mal dissimulée pour les dictateurs qui viennent plus ou moins directement de l’espace post–communiste, russe, chinois ou latino–américain. Le tout justifié par un anti–américanisme qui agit de façon pavlovienne. »
Assurément, cette description, qui correspond à une vision « campiste » du monde vaut également pour d’autres tendances : elle n’est donc l’apanage ni des lambertistes ni de Jean–Luc Mélenchon, même si cette inclination a sans doute favorisé ce rapprochement décrié dans l’ouvrage, sur fond de piétinement des libertés démocratiques, de vision paranoïaque des relations internationales mais aussi de mépris – teinté de biais cognitifs, pour ne pas dire autre chose – à l’égard des espaces extra–européens. Il suffirait d’exhumer les articles d’Informations ouvrières, parus en 1978, au cours de la révolution iranienne, où l’on regarde d’un œil favorable les masses « amenées à s’appuyer sur l’attitude d’opposition adoptée par la hiérarchie religieuse » (12–19 avril). Combien d’autres sont tombés dans les mêmes travers ?
Dans la galaxie marxiste, le lambertisme n’est qu’un astre moribond – mais ô combien nocif – sur lequel il vaut mieux ne guère s’attarder afin de ne pas perdre son âme, malgré l’existence, en son sein, de « quelques personnages flamboyants » qui ne pesaient pas lourd face au règne des « combinards ». Mais l’univers révolutionnaire est bien plus vaste. Ceux qui veulent voir le monde changer de base, « les yeux vraiment ouverts », et non pas composer avec l’ordre existant, iront explorer des constellations plus stimulantes – souvent en rupture avec la tradition léniniste – et, par exemple, découvrir la galaxie libertaire qui recèle bien des trésors.
Nedjib SIDI MOUSSA
Escaliers de la gare Saint Charles
Manifestation de comméoration du massacre du 17 octobre 1961
17 octobre 1961 – 17 octobre 2024
Non au racisme et non à la colonisation
A l’appel de la Fédération de France du Front de Libération Nationale (FLN), le 17 octobre 1961, des milliers d’ algérien.nes déferlent sur les boulevards parisiens pour protester pacifiquement contre le couvre feu qui leur est imposé dans le contexte de la révolution de libération nationale algérienne.Sur ordre du Préfet de Police Maurice Papon et sans doute avec le feu vert des plus hautes autorités de l’État, les forces de police ont torturé, assassiné, jeté dans la Seine, et emprisonné des milliers d’algérien.nes.
Quarante ans plus tard, la colonisation n’a pas cessé. Mais les résistances non plus. De la Kanaky à la Martinique, les populations se soulèvent contre le régime colonial. Face à cela, l’État français tue et réprime. En Kanaky, depuis mai 2024, 13 personnes dont 10 kanak ont été tués et plusieurs leaders indépendantistes kanaks sont arrêtés et déportés en Métropole. En Martinique, face au mouvement contre la vie chère et les injustices, le gouvernement Macron envoie la CRS8, unité de police connue pour sa brutalité. Cette même unité de police qui a été déployée dans les quartiers populaires, notamment lors des révoltes de la jeunesse suite à la mise à mort par des policiers de Nahel Merzouk en juin 2023.
Face au massacre colonial en Palestine, l’État français continue de soutenir militairement et politiquement l’État génocidaire israélien.
Dans un contexte de montée d’une extrême droite nostalgique de l’Algérie Française et de nomination d’un gouvernement ultra–réactionnaire, nous appelons à être nombreux.ses le 17 octobre
2024 pour :
- Honorer la mémoire des victimes du 17 octobre 1961 et exiger que ce massacre soit reconnu comme crime d’État.
Dénoncer tous les crimes policiers et racistes et exiger que justice soit rendue aux victimes. Exprimer notre solidarité au juste combat des peuples pour leur émancipation et leur libération du joug colonial. RENDEZ VOUS
JEUDI 17 OCTOBRE 2024 À 18H
SUR LES ESCALIERS DE LA GARE SAINT CHARLES
Premiers signataires
: Antifa Social Club Marseille, AfroFem, Front Uni de l’immigration et des quartiers populaires Sud (FUIQP), MarseillecontreDarmanin, NPA, Riposte Antifasciste, Survie13, Vérité pour Souheil.
OQTF : la bataille des laissez–passer consulaires entre la France, l'Algérie et le Maroc
Alexandra Saviana
7 octobre 2024
C’est l’histoire cachée d’un revirement diplomatique majeur. Le 30 juillet, Emmanuel Macron reconnaît dans une lettre adressée au roi du Maroc que "le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine". Virage spectaculaire. La prudente diplomatie française avait, jusqu’ici, toujours veillé à ménager autant Alger que Rabat dans ce conflit vieux de soixante–dix ans. C’est dire si les négociations ayant précédé la déclaration du président français ont été nombreuses, précises, intenses. Depuis six mois, le Quai d’Orsay et le ministère de l’Intérieur se réunissent avec leurs homologues marocains. Au centre de ces pourparlers, les Marocains interdits de séjour en France, mais toujours sur le territoire. "Dans le deal secret qu’on a fait avec les autorités marocaines sur le Sahara occidental, on a notamment négocié qu’elles devraient reprendre plus de personnes sous obligation de quitter le territoire français [OQTF] – et donc donner davantage de laissez–passer consulaires [LPC]", indique un ex–haut responsable du ministère de l’Intérieur présent à ces réunions. Ce "deal" est essentiel pour la France : Rabat, en froid avec Paris, rechigne à accorder les précieux laissez–passer. Ce document de voyage est indispensable pour renvoyer tout étranger dans son pays d’origine quand il n’a pas de passeport. Sans accord, impossible d’exécuter les OQTF, la personne se verra opposer une interdiction de pénétrer dans le pays, la France devra la reprendre. "Cela faisait partie du rétablissement de la relation des deux côtés, note un autre participant à ces réunions, cette fois du côté du Quai d’Orsay. Il n’y avait pas de quota de laissez–passer consulaires fixé, mais on demandait un engagement." Pour venir en aide à ses préfets, Paris a donc accepté de revenir sur une position diplomatique remontant au mitan des années 1950. Le signe de l’explosivité du dossier.
Refus du Maroc
La question de ces fameuses OQTF est revenue en pleine lumière après le meurtre de Philippine, retrouvée enterrée le 21 septembre dans le bois de Boulogne à Paris. Le Marocain Taha O., meurtrier présumé, était soumis à une OQTF depuis le 18 juin, déclenchée deux jours avant sa sortie de prison, au terme de sa peine. Un laissez–passer consulaire a bien été délivré par le Maroc, mais seulement le 4 septembre. Soit deux mois plus tard après la demande de la préfecture. Le jour même, impossible de mettre la main sur Taha O. La veille, l’homme venait d’être autorisé par un juge à quitter le centre où il était retenu, au–delà de la limite légale, a considéré le magistrat. Pourquoi la préfecture de l’Yonne n’a–t–elle pas déclenché la procédure avant ? "Les laissez–passer consulaires peuvent avoir une date de péremption très courte. Si l’administration avait déclenché la demande plus tôt, on risquait d’avoir un document périmé avant même la fin de sa peine", avance–t–on dans l’entourage du ministre de l’Intérieur. Ni trop tôt, ni trop tard, le document doit arriver à temps. Et c’est bien dans cette gestion du timing que l’enchevêtrement des procédures françaises et la multiplication des acteurs interrogent. Auprès du consulat du Maroc, la préfecture essuie d’abord un refus. La procédure n’est relancée qu’un mois plus tard, à Paris, au ministère de l’Intérieur, le 16 juillet. La demande est renouvelée le 27 août. L’entourage du ministre se défend de toute erreur de la préfecture – la démarche "utilisée au départ était bien conforme à la note de procédure qu’avaient les agents", indique–t–on – mais considère que "le refus du Maroc a mis du temps à être compris par les équipes". Un retard suffisant pour enrayer la machine.
Enquête
La France peine de façon chronique à obtenir ces sésames. Déjà, en 2020, un rapport de la Cour des comptes soulignait une procédure d’éloignement qui "se heurte dans les faits à des impasses". D’après les chiffres d’un rapport sénatorial datant de 2023, à peine un peu plus d’un laissez–passer sur deux (53,7 %) a été envoyé à la France dans un délai utile par les autorités consulaires en 2021. En janvier 2024, un autre rapport de la Cour des comptes pointait que, entre 2018 et 2022, "58 % des libérations de centres de rétention administrative [CRA] avant éloignement ont résulté de décisions des juridictions judiciaires, souvent en raison d’une impasse dans les délivrances de laissez–passer consulaires". Des cas similaires, donc, à celui du meurtrier présumé de Philippine.
Emblématique, le cas de la préfecture de l’Yonne n’est pas inédit. "Certaines préfectures sont moins rompues à l’instruction de tels dossiers, pointe Fernand Gontier, directeur central de la police aux frontières de 2017 à 2022. Dans ces cas–là, il y a plus de risques de faire des erreurs." Entre 2019 et 2022, le département n’a par exemple délivré "que" 1 437 OQTF. Dix fois moins que le Nord (18 748) ou les Bouches–du–Rhône (17 605). Autant de demandes de laissez–passer à envoyer aux consulats des pays concernés en France, après avoir élucidé la nationalité de la personne à expulser.
Un lourd dossier
Plusieurs lourdeurs administratives, dont l’absence d’empreintes à exploiter dans certains pays, entraînent des découragements chez les agents préfectoraux. "La préfecture du Pas–de–Calais, confrontée à des nationalités difficiles comme l’Iran ne demande même plus de laissez–passer consulaires, affirme Fernand Gontier. Cela arrive aussi avec le Vietnam, dans une moindre mesure". Or, l’évolution de la procédure doit être surveillée de près. Si l’administration ne fournit pas la preuve qu’elle a relancé avec assiduité les autorités consulaires, son dossier devient fragile. L’individu incarcéré peut être relâché, notamment parce que la justice estime que le cas n’est manifestement pas suffisamment urgent pour concentrer les attentions de l’administration. "Les équipes s’affolent lorsqu’un individu détenu en CRA est présenté devant un magistrat, observe un ancien de Beauvau. Mais souvent, les préfectures envoient leurs relances aux consulats à la toute dernière minute".
Nombre d'OQTF et de retours forcés réalisés.© / L'EXPRESS
Problèmes d’effectifs
En 2023, un rapport très critique de la Cour des comptes sur "la capacité d’action des préfets" soulignait des "moyens devenus insuffisants". Entre 2010 et 2020, près de 5 000 emplois ont été supprimés dans les préfectures. Les rapporteurs mettaient en exergue le cas des Alpes–Maritimes "l’une des préfectures les plus affectées par l’augmentation des flux migratoires", dont la direction chargée des migrations était confrontée à "un nombre important de congés et d’absences pour longue maladie" et "une proportion excessive de contractuels de courte durée". Un turn–over dommageable tant la relation de confiance avec les autorités consulaires est capitale dans l’obtention des laissez–passer.
Mais cette confiance ne sert à rien quand les pays ne veulent tout simplement pas reprendre des ressortissants au passé peu glorieux. "Les consulats ne mettent pas beaucoup de bonne volonté pour récupérer chez eux les personnes sous OQTF lorsqu’elles ont des profils de petits délinquants. Objectivement, ils n’y ont d’ailleurs aucun intérêt", remarque Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France à Alger. Face à ces cas difficiles, les demandes des préfectures sont depuis longtemps centralisées par la police aux frontières pour une trentaine de pays, notamment la Bosnie–Herzégovine ou le Pakistan. "Déchargeant les préfectures", les taux de réussite de cette voie sont "excellents", avec 91 % d’obtention des laissez–passer consulaires en 2022, souligne un rapport de la Cour des comptes publié en janvier. Mais les fonctionnaires en question ne sont pas suffisamment nombreux pour prendre en charge l’intégralité des procédures.
Chantage au renseignement
En 2019, une "task force laissez–passer consulaires" a également été créée. Réunissant cinq agents de l’Intérieur, appuyée par un ambassadeur chargé des migrations, elle prend le relais quand les préfectures se heurtent aux refus des consulats.
Avec un certain succès. "D’environ 50 % en 2018, nous sommes passés à 67 % l’année suivante, se félicite Hugues Besancenot, ancien directeur de l’immigration à la direction générale des étrangers en France, qui a participé à la création de la task force.
En centralisant et en permettant aux préfectures de s’appuyer sur nous, le résultat est meilleur." Dans son rapport de janvier, la Cour des comptes recommande justement une centralisation accrue de la gestion des laissez–passer. "La suggestion n’est pas forcément bien accueillie en préfecture, où l’on pense que l’on veut leur retirer des prérogatives. Mais c’est un moyen de les décharger", pointe Fernand Gontier.
Une réponse, aussi, au durcissement des pays.
Depuis le Covid, l’exécution des OQTF a chuté, notamment au Maghreb. De 1 627 éloignements forcés en 2019, l’Algérie n’en a finalement réalisé que 34 l’année suivante.
Idem pour le Maroc, passé de 908 en 2019 à 177 en 2020, ou la Tunisie (de 915 à 271).
En réponse, la France avait restreint en septembre 2021 l’octroi de visas aux Marocains, aux Algériens et aux Tunisiens. La décision a amené les pays du Maghreb à moins transmettre de renseignements à Paris, notamment sur l’islamisme. "Quand vous êtes ministre de l’Intérieur, vous avez le choix entre améliorer votre taux d’exécution des OQTF ou prévenir des attentats. C’est un arbitrage très difficile", fait valoir un ancien du cabinet de Gérald Darmanin.
Evolution du nombre de retours forcés. © / L'EXPRESS
Visites régulières
Les négociations entre Paris et les capitales du Maghreb ont néanmoins continué. Dans l’entourage de Gérald Darmanin, on insiste sur ses visites "régulières", notamment à Alger, pour négocier le retour "de personnalités dangereuses". On n’hésite pas non plus à griffer le Quai d’Orsay, jugé peu en soutien sur la question. Dans son rapport de janvier, la Cour des comptes regrettait une "coordination interministérielle, en particulier avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères insuffisamment développée". "Le Quai a toujours été présent aux réunions interministérielles avec Beauvau. Et nous mobilisons les ambassadeurs", oppose un ancien membre du cabinet de Stéphane Séjourné. Selon les projections du ministère de l’Intérieur, le nombre d’éloignements forcés devrait presque retrouver les niveaux d’avant–Covid pour le Maroc et la Tunisie, et les dépasser pour l’Algérie en 2024.
Beaucoup de ces éloignements ont lieu à bord d’un vol commercial. Ils peuvent aussi avoir lieu à bord d’un vol spécial regroupant plusieurs ressortissants d’un même pays. Pratique récurrente avec des pays comme la Géorgie, "il y a un départ tous les deux jours vers la Tunisie, note un haut fonctionnaire de l’Intérieur. On a aussi pu faire des vols groupés avec l’Algérie et le Maroc". Dans d’autres cas, les vols peuvent même être organisés par Frontex, l’agence européenne chargée des frontières de l’espace Schengen. Un même avion passe alors prendre des ressortissants d’un même pays dans plusieurs aéroports européens avant de s’envoler vers leur destination d’origine. Mais pour cela, il faut déjà obtenir des laissez–passer.
Libre journal de la défense du 7 octobre 2024 : "La tragédie de Tibhirine"
– Radio Courtoisie Nicolardot Philippe –
Libre journal de la défense du 7 octobre 2024
Philippe Nicolardot, assisté d’Axel Egnell, reçoit :
Guillaume de Chergé, officier général (2S), St Cyrien, cousin proche du père Christian de Chergé
Thème : “La tragédie de Tibhirine”
https://www.lejdd.fr/international/israel–gaza–quand–emmanuel–macron–arrive–avec–des–idees–simples–sur–lorient–complique–150356
Israël–Gaza : quand Emmanuel Macron arrive avec des idées simples sur l’Orient compliqué
CHRONIQUE. Sébastien Boussois* revient sur les propos controversés d’Emmanuel Macron, appelant à stopper les livraisons d’armes à Israël. Pour le chercheur, cette position, dénuée de pragmatisme, montre que le président français semble surestimer son influence sur le principal allié d’Israël : les États–Unis.
Sébastien Boussois 08/10/2024 à 12:00, Mis à jour le 08/10/2024 à 15:24
RPweb
Après un week–end de brouille diplomatique entre Emmanuel Macron et Benyamin Netanyahou, les détracteurs du président français continuent d’accuser Paris de vouloir abandonner Israël. Les propos de ce dernier sur Gaza n’ont pas manqué d’interroger sur ses intentions, mais également sur le message exact qu’ils sous–tendaient. En effet, lors du sommet de la Francophonie à Villers–Cotterêts, le chef de l’État français a lâché une de ses petites bombes discursives dont il a le secret et qu’il convient d’essayer de comprendre : il a appelé l’ensemble des parties à cesser de livrer des armes à Israël, destinées à poursuivre la guerre à Gaza. Pour lui, c’est un non–sens de défendre à la fois un cessez–le–feu et de continuer à alimenter la guerre.
Les États–Unis, premier fournisseur d’Israël
Depuis des mois, l’État hébreu a mené une guerre contre le Hamas qui aurait fait, selon les chiffres de l’organisation islamiste, plus de 40 000 morts et principalement des civils. Au nom de sa sécurité et après les terribles attaques du 7 octobre 2023, Israël a jeté un tapis de bombes sur l’enclave palestinienne avec le soutien de bon nombre de pays occidentaux. Soit, c’est une réalité. Les premiers fournisseurs occidentaux d’armes à l’État hébreu sont bien sûr les États–Unis, qui représentent près de 70 % des stocks livrés à Tel Aviv. Puis viennent l’Allemagne et la France bien loin derrière. Tandis que l’Espagne et l’Italie ont cessé de le faire depuis des mois, s’attirant la sympathie de leurs propres opinions propalestiniennes. Cela veut donc dire, qu’Emmanuel Macron espère faire des émules et peser dans sa décision face à Washington. Car il l’affirme, Paris ne livre plus Israël pour Gaza. Soit : mais quid pour le Liban par exemple ou sur les autres fronts auxquels s’est attaqué en même temps Netanyahou ? A minima, tout ceci est totalement dénué de bon sens car cela voudrait dire que le président français pense avoir une quelconque influence sur le premier allié mondial d’Israël : les États–Unis, directement visés. Et au pire, et c’est à notre avis le plus grave, Emmanuel Macron demande d’éteindre un feu, ce qui ne peut se faire sans la démilitarisation totale de la zone, voire de la région.
En effet, comment demander à l’État hébreu qui riposte aux attaques du Hamas et du Hezbollah, certes d’une façon si disproportionnée qu’il est impossible d’éviter la mort de civils et donc de commettre quelques crimes de guerre sur le chemin, et ne pas le « demander » poliment au Hamas et au Hezbollah soutenus par l’Iran ? Mouvements qui refuseraient bien évidemment si on leur demandait leur avis. En résumé : il est totalement illusoire de penser que la simple demande de Macron, qui n’aurait que peu d’impact, puisse convaincre les États–Unis d’opter pour une autre stratégie et de couper les vivres à Israël, que d’imaginer pouvoir le faire avec l’Iran. « La France risque de se trouver bien seule »
Que cherche le président français ? Cela n’est pas sans rappeler sa sortie du mois d’octobre 2023 à Jérusalem, où il proposait la mise en place d’une coalition internationale pour lutter contre le Hamas. Au vu des intérêts divergents des acteurs de la région, du manque de neutralité de la France, du risque lié aux populations civiles qu’endosserait alors la communauté internationale, et du refus anticipé des pays arabes de risquer de se mettre à dos leurs propres populations, c’était voué à l’échec. La France risque de se trouver bien seule à nouveau. Mais il s’est exprimé lors du Sommet de la francophonie, pressé aussi de donner des gages aux pays africains plutôt propalestiniens, alors que l’image de la France est déplorable sur le continent. Aujourd’hui, Emmanuel Macron propose d’arrêter de fournir des armes à Israël, sans avoir dans le même temps de proposition/solution pour empêcher le Hezbollah de continuer à tirer des roquettes sur le nord du pays, ou le Hamas de continuer à se battre et se régénérer. Personne n’est prêt aux compromis pour un cessez–le–feu. Cela paraît en effet bien saugrenu. On en revient en réalité toujours à la même problématique : si l’objectif est de pousser Benyamin Netanyahou à négocier et arrêter la guerre, il faudrait être sûr que ce dernier soit enfin enclin à le faire, avec une coalition gouvernementale portée par les juifs ultranationalistes religieux qui refusent catégoriquement de le faire.
Personne n’y croit, au point même d’abandonner les otages à leur propre sort depuis des mois. De plus, il faudrait être sûr que le Hamas et le Hezbollah soient considérés par l’ensemble des parties, voire la communauté internationale, comme des acteurs avec qui on doit discuter. Pourtant, comment parvenir à un accord sans justement l’accord de toutes les parties ? Le bilan de cette nouvelle proposition artistique du président français, c’est de penser qu’il a oublié en réalité une fois encore que la France ne pèse plus grand–chose dans la région. Mais surtout que les États–Unis dirigés par un(e) démocrate ou un républicain à l’avenir pourraient changer leur fusil d’épaule, et abandonner Israël et son droit inaliénable à se défendre quitte à avaler en permanence des couleuvres face à un Netanyahou qui n’obéit à aucune des demandes de l’administration de Joe Biden depuis des mois et des mois. Guerre au Proche–Orient : "Vous aurez tôt ou tard des comptes à rendre", l’eurodéputée LFI Rima Hassan menace BFMTV qui met fin à l'interview
Politique
Ce mardi 8 octobre, Alain Marschall et Olivier Truchot recevaient en duplex la députée européenne LFI, Rima Hassan.
Cependant, l’interview a été abrégée plus tôt que prévu en raison des déclarations de l'élue de la France insoumise.
Publié le 8 octobre 2024 à 21h24
L’eurodéputée LFI Rima Hassan. © SOPA Images/SIPA
Ce mardi 8 octobre, aux alentours de 17 heures, l’émission BFM Story, animée par Alain Marschall et Olivier Truchot, recevait en duplex la députée européenne LFI Rima Hassan. Bien que l’objectif initial de l’interview fût de recueillir sa réaction aux sifflets entendus lors de la cérémonie du Crif, visant le président de la République en hommage aux victimes du 7 octobre, la députée a choisi de commencer son intervention sur un sujet différent. « Je me permets juste une toute petite parenthèse et je répondrai ensuite à votre question », a–t–elle déclarée après avoir remercié les animateurs. « Je veux simplement dénoncer le fait que vous avez été félicités par Olivier Rafowicz, qui est un porte–parole de l’armée israélienne, une armée génocidaire, pour votre ligne éditoriale, a–t–elle commencé avant de souligner l’importance qu’elle prête à dénoncer cela à l’occasion de cette interview parce que ça dit beaucoup de la ligne éditoriale, qu’est la vôtre, sur le sujet. J’espère que vous vous rendez compte que vous aurez tôt ou tard des comptes à rendre ».
« On ne vous a pas invitée pour que vous attaquiez BFMTV »
Malgré ce désaccord, la députée européenne Rima Hassan souhaitait poursuivre l’interview en direct. Cependant, le duo de présentateurs a refusé. Olivier Truchot a immédiatement réagi : « Non, non, attendez Rima Hassan. Pardon, mais vous ne pouvez pas commencer par nous attaquer. On vous invite poliment à répondre à des questions, et vous mettez en doute la ligne éditoriale de BFMTV », a–t–il déclaré fermement.
Rima Hassan, visiblement amusée par la tournure des événements, a tenté de répondre tout en défendant sa liberté d’expression.
Le journaliste a alors rétorqué : « Je suis libre aussi de dire que votre attitude est inacceptable ».
« Non, non, non trop facile. On arrête l’interview. Ça veut dire quoi des comptes à rendre ? », a renchéri Alain Marschall. La députée européenne a réaffirmé ses dires du début tout en pressant les deux présentateurs, arguant qu’elle n’avait plus beaucoup de temps pour répondre à leurs questions. « On ne vous a pas invitée pour que vous attaquiez BFMTV. Merci. On va arrêter l’interview là. On va vous féliciter pour ça, merci. L’interview s’arrête, au revoir », ont décidé de concert les deux hommes. Alain Marschall n’a tardé à réagir sur X, ex–Twitter : « Quand on ment et nous menace, oui on coupe ! ».
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