La VIE DU COLLECTIF AIXOIS DES RAPATRIES Bulletin de MARS 2004
     
   
 
  C'est vrai. L'année 2003 a été éprouvante. Déstabilisante.
Avec toujours cette désagréable impression que quelque chose, un mot, une image échappaient à notre vigilance.
Que tout notre patient travail d'accumulation de preuves, de témoignages, nos conférences, notre lutte pour faire comprendre, admettre une parcelle de vérité, avaient été inutiles.
Dans une catastrophique et décourageante régression.
Mais nous avons résisté.
Nous résisterons encore.
Lorsque l'espace de quelques  heures, le temps d'une soirée, nous disions « Pouce! Ce soir, je n'y pense plus! » , il y avait toujours quelqu'un pour nous rappeler à l'ordre.
  Pour moi, c'était souvent un de mes fils: « Mam's… Viens vite! Il y a une émission sur nous! »
Nous les Pieds Noirs nés « là-bas » il y a plus de quarante ans et eux qui n'ont que 17 et 30 ans.
  Génération de Pieds Noirs par procuration mais tout aussi concernée. J'en suis parfois inquiète. Je ne voudrais pas qu'ils revivent mes tensions. Trop tard.
La résistance est peut-être là?

Il leur faut rejoindre l'association « Racines Pieds Noirs ».
Pour la mémoire de leurs grands pères… de leurs aïeux.
Pour faire l'équilibre avec ceux qui les renient.
Comme, cette fille de harki, fin 2003, qui faisait la promotion de son livre, et affirmait sans preuves, que 40% des harkis donnaient en cachette des munitions au FLN.
Pauvre père. Pauvres harkis.
Heureusement les harkis du Collectif et tous ceux faisant partir de Ajir pour les Harkis eux aussi,  résistent!
  « Nous n'avons qu'un seul drapeau: la mémoire de nos pères! déclare avec conviction Saïd Merabti
« Et nous militons. Pour la condamnation judiciaire du génocide harki, pour une juste réparation, pour la présence des harkis dans tout le champ politique, pour leur intégration dans l'islam de France dont ils sont scandaleusement exclus, pour le rapatriement des familles de supplétifs « oubliées » en Algérie…. Mais surtout contre toutes les promesses.

Colère encore: La poseuse de bombes Zohra Driff, actuellement vice présidente du Sénat algérien, lors d'une émission télévisée du service public insulta en toute impunité les harkis,  traita sur la lancée, les messalistes de traîtres….
Aucune réaction sur le plateau. Ni la fille de harki précitée, ni un représentant pieds noirs, membre du HCR ne trouvèrent rien à redire!
Plus tard seul un député socialiste, Jean Paul Bacquet s'insurgera officiellement.
S'insurger. Résister.

Quelle tristesse aussi que ces hémicycles vides (29 députés sur 600) lors du débat le 2 décembre à l'Assemblée Nationale et le 17 au Sénat.
  Pourtant,  le projet avance.
Evelyne Joyaux nous fait dans ces pages un point sur la situation et nous vous présentons le projet de loi dans son intégralité.
Mais là aussi… il y a de la résistance:
« Suite au projet de loi sur les rapatriés présenté le 10 mars dernier au Conseil des Ministres, un mécontentement s'est exprimé au sein de la communauté harkie.
La section Harkis du Haut Conseil des Rapatriés comprend ce mécontentement et remettra demain à l'occasion de la réception qu'organise le Premier Ministre une lettre demandant d'apporter des modifications au projet de loi et qui répondraient aux vives attentes et à l'impatience qui perdurent depuis plus de 40 ans. »
Communiqué de Presse du HCR Section Harkis, daté du 10 mars 2004.
Nous faisons aussi un point (Grâce à Evelyne Joyaux) sur le mémorial qui va enfin voir le jour à Marseille.
Notre mémorial à nous, notre maison de la mémoire, reste pour l'instant notre belle Maison Maréchal Juin.
Cette année 2004 y voit un regain d'activités.
Les conférences, les expositions, les débats, les projections se succèdent  sans faillir.
Conférences mensuelles pour le  Cercle Algérianiste. Notons entre autres: « L'Empreinte Romaine en Terre d'Afrique » par Maurice Cretot qui nous avait régalé d'une projection de diapositives lors de la conférence « Cirta Constantine ». Ses conférences témoignent toujours d'une solide culture classique.
Bon sang ne saurait mentir! Il est en effet le fils de Raymond Cretot-Duval, poète et peintre orientaliste dont il nous avait fait découvrir les œuvres il y a quelques années.
Connaissances, précisions et humour caractérisent la plupart des exposés qui ont pour cadre la Maison Maréchal Juin:
« La famille Raffo à la cour du Bardo au 19 ème siècle » par le professeur Arnoulet pour l'Amicale des Enfants de Tunisie, réguliers et efficaces.
« Bône et son langage » par René Vento.. « Le Salon de l'Art Bônois »
Nombreuses conférences  pour l'Amef , la dernière en date par Michel Lagrot « Regard sur le Maroc d'Hier et d'Aujourd'hui.