Out, on respire !
Alger aura son (ou plutôt) ses festivals de jazz.
Un unique festival devait s'y dérouler avant Pâques.
Mais des problemes d'organisation entraînerent l'annulation du festival
organisé par le club de la R.T.F.
Aujourd'hui tout semble rentrer dans l'ordre.
Christian Guérin est la vedette d'un festival du jazz qui aura lieu
à la salle Bordes, jeudi soir 13 avril 1961.
Et le club de la R.T.F, a confié à Pierre Varan 1e soin de réunir
des jazzmen métropolitains et algériens pour un festival à
Alger prévu pour fin mai.
Espérons que le jazz (il compte dans notre cité de très
nombreux adeptes, jeunes ou croulants) sera le seul, le vrai vainqueur de
ces joutes musicales.
Jeudi soir 13 avril 1961 à la salle Bordes dans
un climat d'enthousiasme, Christian Guérin.
A conduit au succès
Le Festival de jazz
Tous les fauteuils de la salle Bordes étaient occupés,
jeudi soir, lorsque le tromboniste et chef d'orchestre Christian Guérin
ouvrit Le festival de jazz. Des centaines de fans, debout, tapissaient les
murs de la salle.
Et se déroula, dans un climat d'enthousiasme - il alla crescendo -
le festival de jazz. Ils défilèrent soixante musiciens sur la
scène. Certes, leurs talents se manifestèrent de façon
diverse, inégale mais un même amour des blues, du swing, des
negro spirituals, du be bop, de, rythmes modernes, du jazz en un mot, les
unissait.
Ce fut le côté le plus sympathique d'une soirée dont nous
espérions un tonus encore plus élevé. Tous les exécutants
méritèrent les uns pour leur bonne volonté et la plupart
pour leurs qualités, les applaudissement des spectateurs, jeunes en
majorité.
Les applaudissements tournèrent quelquefois à l'ouragan pour
Pierre Siste, pour l'ensemble vocal du Nègro spiritual du Newport Quintet,
pour" Jacques Sany, pour Olivier Despax, pour le pianiste Jais, pour
l'orchestre réuni par Christian Guérin et aussi, pour ne pas
dire surtout pour J-ChMichel, qui, avec sa clarinette, conduisit avec volonté
et passion, son ensemble, forçant ainsi une adhésion qu'une
partie de la salle n'était pas disposée à lui accorder.
En comme, une bonne soirée pour le jazz dont la cause n'a plus à
être plaidée et qui aurait pu se passer des commentaires, parfois
un peu longs, que Christian Guérin a administré à l'auditoire.
Armstrong, Dizzie Gillepsie, Sydney Béchet, Ella Fitzgerald, Fats Walter
n'ont plus besoin d'avocats pour être défendus : leur musique
plaide pour eux.
Christian Guérin sut être beaucoup plus éloquent, Dieu
merci, avec son trombone ou lorsqu'il conduisit son orchestre au succès.
ECLECTISME ET QUALITE SOULEVENT D'ENTHOUSIASME UNE SALLE ARCHI COMBLE
Pierre Siste "au piano " et sa formation, interprétant au cours du Festival de jazz, la "variation en sol majeur " qu'il a composée à cette occasion
I1 y a quelque temps déjà, Jean-Paul Sartre écrivait : " Le jazz, c'est comme les bananes ; ça se consomme sur place ", Voilà une boutade qu'il aurait très bien pu faire l'autre soir au cours du Festival de Jazz que Christian Guérin avait largement meublé des seules formations locales et sans avoir besoin de faire appel a un produit d'importation pour nous donner une très belle démonstration de cet Art jeune, solide, vigoureux et le plus libre du monde.
Salle archi comble, composée en grande partie de jeunes
(avec aussi beaucoup de moins jeunes) où les énervés
habituels, les énergiques bruiteurs et autres "craqueurs de doigts
" s'étalent effacés devant un public enthousiaste et venu
là avec la ferme intention d'écouler et de comparer.
Le jazz évoluerait il et deviendrait il adulte ? Dépasserait
il le stade de la frivolité et de l'Insouciance de la jeunesse dont
il excite et flagelle l'ardeur.
On serait tenté de le croire. Aujourd'hui il s'écoute partout,
et le public des amateurs, dilaté aux dimensions du monde, lui donne
une place qu'on lui aurait refusée Il y a 30 ans à peine où
on le jugeait encore "immortel " puisque c'est seulement. En 1935
qu'un prédicateur courageux déclara "qu'il n'était
pas forcement le chemin de l'Enfer. En organisant un peu partout des festivals
de jazz, la vieille Europe même a repris à son compte cette musique
afro-américaine dont l'extension prouve chaque jour davantage sa santé.
Né Il y a 60 ans. ; des "negro spirituals " des diverses
fanfares de la Nouvelle Orleans comme dans la fumée de ses bars, 1e
jazz, essentiellement ; sismique. Interrogeant, mouvant a déjà
subi diverses transformations. C'est là ce que Christian Guérin
tenta de résumer dans une première partie en donnant. Un cliché
rapide et à "vol d'oiseau " de l'évolution de ses
différents styles des origines à nos jours.
Six formations orchestrales et un guitariste devaient l'aider dans cet exposé
schématique fait à un public de "fans " connaisseurs
où se trouvaient réunies l'estime confiance et curiosité.
La première partie du spectacle était donc consacrée
à cette défense et illustration du jazz par toutes ces formations,
interprétant deux ouvres chacune. Sans insister sur leurs mérites
personnels mais différents, disons qu'à l'applaudimètre
on aurait put donner ce classement : jean-Christian Michel (New-Orleans),
suivi de prés par le " Newport Quintet " (negro spirituals).
Olivier Despax (guitare) et "l'Original Bidule Band " (New-Orléans).
Viennent ensuite Jacques Sany, le " Jazz group " et enfin Pierre
Siste. Il semble que le publie ait davantage apprécié le jazz
dans sa forme la plus représentative, la plus pure mais la plus primitive
: New Orleans.
Jean-Christian Michel, tout aussi acclamé que chahuté, grand
officiant de ce style où il se révèle parfois lyrique
et émotionnel " Jazz me blues " et " St Louis Blues
" reste, avec ses pouvoirs et ses limites, le grand favori auprès
des spectateurs.
Réussite totale pour le " Newport Quintet " qui recrée
magnifiquement la couleur et même la densité des " spirituals
" dans un entrelacement ordonne des voix avec " He's got the whole
world in his hands " et " When the saint go marchin'in ".
Olivier Despax, " un jeune qui cherche sa voie " dit Christian Guérin,
apporte un montent de contentement vrai par l'inflexion élastique du
son et l'atmosphère de son " Night in Algéria ".
Le style des autres formations, moins accessible, surtout moins spectaculaire
ou " public " mais tout aussi élaboré, n'a pas trouvé
le même écho chez les spectateurs.
En seconde partie. Christian Guérin présentait et dirigeait
sa grande formation (19 Instrumentistes) aux sonorités, pleines, expansives,
d'une grande dignité , d'allure où on retrouvait tout le temps
l'hommage patent que ce jeune musicien porte ; la valeur esthétiques
des " classiques " dont. Il a fait des arrangements avec un sens
inné du " swing ", dans le respect le plus pur des traditions.
Ses très beaux solos (" Solitude ", Body and sone ")
d'un climat émotionnel intense tout comme les magnifiques ensembles
temoingnaient incontestablement , de son amour pour cette musique qu'il a
jouée bien mieux qu'il n'a su en parler.
Jean-Paul PARAY
AUTOUR D'UN FESTIVAL DE JAZZ
Les amateurs de jazz ont été comblés
jeudi soir 13 avril 1961, à la salle Bordes. Ils "tenaient "
leur festival. Une salle de jeunes électrisés ont ovationné
les diverses formations qui se produisaient.
L'affiche était alléchante : 60 musiciens ont défilé
apportant leur talent, leur punch et leur style.
C'est dans une ambiance de fans que s'est déroulé ce festival
d'une très bonne, tenue.
Ce fut une belle soirée pour le jazz, ses exécutants et ce jeune
public terrible, mais combien sensible. S'il fallait établir un classement
parmi les orchestres, ! Le choix serait très, laborieux. Les musiciens
se donnèrent à fond. Tour à tour se firent entendre l'Original
Bidule Band " dans un style très traditionnel ; le Negro spirituals
du Newport Quintet, un ensemble vocal aux qualités certaines Jean-Christian
Michel promis à un bel avenir, Jacques Sany, finaliste du Festival
de jazz européen pour 1960, Pierre Siste de
De la R.T.F illustra remarquablement le style modern jazz en interprétant
la "variation " en sol majeur qu'il composa à cette occasion,
et les applaudissements nourris traduisirent l'enthousiasme d'un public connaisseur
à l'égard de cette brillante formation.
Le Jazz Group d'Alger et Olivier Despax étaient également très
applaudis. Leurs interprétations étaient riches de technique
et de sensibilité. Enfin, Christian Guérin et son grand orchestre
méritèrent les bravos d'un publie conquis. Ses solos dans "solitude
" et "body and Sone " Etaient tout simplement très beaux.
En vérité, ce soir-là, la jazz était la grands
vedette.
Juillet-Aout 1961 Revue de Jazz Jazz-Hot.
A ALGER
* Présenté et organisé par
Christian Guérin, ancien trombone de Claude Luter, le Festival d'Alger
a réuni soixante musiciens de jazz de tout l'algérois. En première
partie, un historique du jazz a fait entendre les Negro Spirituals du Newport
Quintette de Blida, puis les orchestres N.O. de l'Original Bidule Band et
de Jean-Christian Michel. Ensuite, vint le quartette de Jacques Sany qui a
représenté l'Algérie à Juan les Pins en 1960.
Enfin les orchestres modernes, de Pierre Siste, le Jazz Group d'Alger, et
Olivier Despax, l'un des meilleurs guitaristes français.
En deuxième partie, Christian Guérin a
présenté son grand orchestre (20 musiciens) qu'il dirige depuis
plus d'un an à Alger. Ses arrangements et ses compositions s'apparentent
au style Basie et il a réuni les meilleurs musiciens algérois
ou -de passage, tel le batteur Georges Lalue qui a troqué le costume
Jacques Hélian pour le calot et qui fera parler de lui.
Une salle Bordes archi comble a accueilli avec enthousiasme
ce premier Festival qui fut retransmis à la radio et l'on parle déjà
d'un second Festival en novembre, avec des vedettes étrangères.
Jazz-Hot juillet 1961.