Dépêche Quotidienne d'Algérie, Jazz-Club Universitaire d'Alger du 16 Avril 1959

Jazz-Club Universitaire D'ALGER

Grand poète, gloire du Jazz d'hier et d'aujourd'hui, Sydney Bechet pleure souvent de joie au "vieux Co ". II pleure de cette joie intérieure du pays retrouvé dans l'accent de sa clarinette et, pour lui, cette, "sacrée cave ", lorsqu'il y joue est un peu le quartier de New York où il fut petit garçon.

Ses tempes blanches et les rides du bonheur cernant ses yeux clairs marqueront non vingt ans comme son style marque ceux qui ne les ont plus. Heureux, bienheureux Bechet symbole vivant de la tradition du Jazz. Si, au temps passé de notre gloire, nous pûmes offrir à New York une statue de la Liberté que les buildings géants de l'industrie étouffent à présent, l'Amérique nous délégua en ambassadeur cet enfant du pays au coeur sincère. Sa forte silhouette préside aux destinées des jazzmen de la douce Europe.
C'est cette communicative passion pour le Jazz, qui poussa. Jean-Christian Michel à créer un orchestre de style. D'abord trio, puis quintette, il prit naissance en 1958, et, parce qu'il s'était formé parmi les étudiants algérois, prit le nom de Jazz-Club Universitaire d'Alger Durant l'été de cette même année, ce jeune ensemble fut l'orchestre attitré de la croisière qu'effectua, au large des côtes méditerranéennes, la "Ville-d'Oran ". Depuis, il s'est manifesté en de nombreuses, circonstances : au St George, à la Soirée du Jazz, à 6-4-2 l'émission de la Radiodiffusion française, présentée par Jacques Bedos, etc... II est temps de vous les présenter.

François Laffargue, batterie ;
Jean-Pierre Clément, banjo ;
Jacques Vernier, piano ;
Alain Foradellès, cornet ;
Jean-Christian Michel, clarinette.

Ils font les beaux jours des manifestations estudiantines, et, très prochainement, les 25 et 26 avril. Joueront au grand gala des beaux-arts, qui se tiendra sur le parvis de cette école.
J'ai longuement parlé avec Jean-Christian Michel. Sans toutefois reprendre un débat sur un sujet qui alimentera pendent longtemps encore des conversations stériles, je voulais connaître son avis.
Le plus gênant, chez les jazzmen, est que chacun a sa position : " J'y suis, j'y reste ". On ne fait aucune concession ; on végète ; on piétine. Pourtant. Ces amateurs devraient tout de même compter avec le néophyte, avec le brave néophyte qui regarde ce match sénile, compte les, points et se retire sur la pointe des pieds... Dans le joyeux univers du Jazz. On n'est pas toujours d'accord, et l'on se casse volontiers clarinette et guitare sur le sommet de la boite crânienne. C'est distrayant ; ça passe le temps ; ça défraie la chronique et ça enchante les amis de l'Oncle Sam. Quant aux sympathisants, s'ils ne sont pas contents... Vous connaissez la suite.
Le.Jazz ne s'explique pas ; il se ressent et même s'il affiche d'une étiquette, sa valeur n'existe que dans l'interprétation. On a dit trop souvent : le jazz ? . Du bruit. Jean-Christian Michel est, heureusement, moins définitif et c'est infiniment agréable. Il analyse sa conception de la musique. Il reconnaît, bien que New Orléans, aux tendances modernes un certain crédit et, du moins, l'intérêt de la recherche. Peut être est. Ce par une modération, persuasive malgré tout, qu'il acquiert plus de suffrages que certains... Si le public ne doit pas obligatoirement terminer, comme Gélinotte. Le spectacle dans un fauteuil (le jazz est fourni en exemple), il est comme un enfant capricieux et aime qu'on s'intéresse à, lui.
Jacques-Christian FREYBURGER.


Alain Forradellès et Jean_Christian Miche
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