Jean Morin


 

Novembre 1960 : nommé par le général de Gaulle à la tête de la délégation générale du gouvernement en Algérie, Jean Morin se voit confier une mission d'une extrême difficulté qui avait déjà eu raison de son prédécesseur, Paul Delouvrier.
Il arrive à Alger   le 23 novembre 1960 il en partira le 19 mars 1962.
Son séjour en Algérie  est caractérisé par un échec permanent il sera remplacé le 19 mars 1962 par Christian Fouchet.
Jean Morin est désigné pour prendre la succession de P. Delouvrier. Il ne connait rien à l'Algérie et il va suivre sans hésitations les instructions du gouvernement. Il est confronté aux manifestations de décembre 1960. Il fait remplacer les paras par les gendarmes mobiles. Il juge illusoire la réconciliation de mai 1958.
Les  9 et 10 décembre 1960 à Alger, il se trouve au sommet de son incapacité avec les manifestations de Belcourt,  à son compte le bilan entre le 9 et 15 décembre 1960, se monte à 118 morts - dont 6 européens & 2 commissaires de polices « égorgés » 600 européens et 250 musulmans internés, et la révocation des fonctionnaires qui ont fait grève.
La population d'Alger est réveillée, le 22 avril 1961 à 7 heures du matin, par un message lu à la radio : "L’armée a pris le contrôle de l’Algérie et du Sahara…". Les trois généraux rebelles, Maurice Challe, Edmond Jouhaux, et André font arrêter le délégué général du gouvernement, Jean Morin, le ministre des transports, Robert Buron, qui se trouvait en voyage, et un certain nombre d’autorités civiles et militaires.

 
                   
 

le 22 avril 1961 le 1er REP, de fait, s'empare des centres de décision : siège de la délégation générale, principaux états-majors, etc. Le délégué général Jean Morin, qui reçoit au Palais d'été le ministre des Travaux publics et des Transports Robert Buron, est arrêté avec son hôte. Le général Gambiez qui tente dans la nuit de s'opposer à la marche des unités rebelles vers Alger, le général Adolphe Vézinet, commandant du corps d'Alger, le général Bernard Saint-Hillier, commandant de la 10e division parachutiste, sont arrêtés et envoyés avec eux en résidence surveillée à l'hôtel Atlantique à In Salah. Le ministre de l'Industrie Jean-Marcel Jeanneney, en visite privée à Saïda, parvient lui à regagner Paris. L'amiral Querville, commandant en chef des forces maritimes françaises en Méditerranée, échappe aussi au coup de filet. Il regagne son QG algérois, puis Mers el-Kébir.
On en est donc là lorsque, ce samedi matin 22 avril, de Gaulle est tenu informé des événements de la nuit par Debré. Le Premier ministre, alerté par Jean Morin, a déjà fait prendre les premières dispositions : la branche parisienne du « putsch » est décimée par l'arrestation du général Jacques Faure, d'officiers et de civils activistes. Le général Jean Olié, chef d'état-major général de la Défense nationale, est nommé commandant en chef. Il s'envole aussitôt vers l'Algérie en compagnie du ministre des Affaires algériennes, Louis Joxe
Dans son livre posthume  le Général Charles Ailleret.  Le général Ailleret, qui, avant l'accident où il trouva la mort, avait rédigé ses souvenirs sur cette période où "sans état d'âme" selon son préfacier, il eut à diriger la lutte contre l'ALN et surtout contre l'OAS. « Il se présente comme un briseur de putsch, même s'il a parut avoir invoqué l'Algérie française à Bône ». Fidèle sans défaillance à la politique du général de Gaulle, surtout le 26 mars 1962 il condamne l'action de pacification de l'armée. Il s'oppose aux "commandements" du Délégué général Jean Morin en hésitant à impliquer les unités dans le maintien de l'ordre urbain.

   

L'ARGENT SALE DE JEAN MORIN


En septembre 1961, l’autorité civile quitta Alger. Après le général Ailleret, qui, dès le mois de juin avait abandonné le quartier Rignot pour s’installer à la base de Reghaïa, Jean Morin s’éloigna de la Ville blanche pour emménager dans les bureaux ultramodernes de la cité administrative de Rocher-Noir, entre Aïn-Taya et Courbet Marine.

Ce départ laissait la ville aux mains de l’O.A.S qui, en cet automne de 1961, avait définitivement pris son essor. Les commandos de Roger Degueldre venaient de réussir le premier hold-up de l’histoire de l’organisation en enlevant 80 millions de francs sur le port. Chaque jour, les (delta) faisaient crépiter leurs armes automatiques aux quatre coins de la ville, laissant sur le bord des trottoirs les cadavres toujours plus nombreux de gaullistes, des libéraux ou de musulmans PRO-F.L.N. Les rayons du soleil et le bleu du ciel contrastaient étrangement avec l’atmosphère de guerre civile qui s’était abattue sur la capitale de l’Algérie.
Couchés dans le fond du caisson de leurs automitrailleuses, les gendarmes mobiles sillonnaient les artères d’Alger le doigt sur la détente de leur P.M. arrosant de courtes rafales la façade des immeubles dès qu’une présence suspecte apparaissait sur un balcon ou sur une terrasse.
Chargé du nerf de la guerre, Bitterlin reçoit de Jean Morin trente, millions, pour commencer. Les besoins d'argent sont considérables. Le recrutement bat son plein. Dominique Ponchardier, puisant dans ses relations, envoie le gros de la troupe. Jacques Dauer, toujours actif malgré ses réticences et scrupules, offre à Bitterlin quelques recrues de choix : Pierre Lecerf, ancien de Corée, ami de Goulay ; Mario Lobianco, ancien des Brigades internationales et, hélas, de la Légion ; Gérard Maugueret, parachutiste de 23 ans, expert en explosifs ; Michel Dirand, ex-commando de l'Air ; Gaston Quetel, chargé de surveiller Bitterlin...

   

Certains affirment que les barbouzes ont servi à leurrer l'OAS en l'entraînant vers des cibles secondaires tandis que se mettait en place, discrètement, la Mission C, dirigée par Michel Hache, directeur de la police judiciaire. Celui-ci était à la tête de deux cents policiers triés sur le volet, fonctionnaires du gouvernement, lesquels, aidés par les gendarmes du capitaine Lacoste, allaient porter de durs coups à l'organisation clandestine. Cette théorie du leurre a été soutenue par le journaliste et historien Yves Courrières. De nombreux chefs de l'OAS, comme le docteur Pérez, l'estiment valable. Toutefois, pour Jean Morin, alors délégué général en Algérie, comme pour Vitalis Cros, alors préfet de police d'Alger, une conclusion s'impose : ce rôle de leurre, les barbouzes ne l'ont joué que par hasard.

 

De son côté, Jean Morin débloque soixante autres millions, une trentaine de véhicules (en majorité des Peugeot 403, 404 et des fourgonnettes) et un stock de faux passeports, cartes d'identité et permis de conduire. Pistolets, revolvers, mitraillettes, grenades et plastic sont fournis par la Sécurité Militaire ainsi que les permis de port d’armes.
Le 7 mars 1962, Roger Frey donne l’ordre à Jean Morin, Délégué Général, de rapatrier en métropole les survivants.
La sanglante épopée des barbouzes prenait fin en Algérie. L’opération aura coûté la bagatelle d’un milliard et demis d’anciens francs.
Les Français ne se doutaient pas que cette somme pouvait provenir des fameux « FONDS SECRETS »
Concernant la lutte anti O.A.S. Le " commandant “Azzedine " chef de la zone autonome d'Alger, a déclaré dans son livre " On nous appelait fellaghas ", qu'il était en liaison permanente avec la fameuse " mission C " du capitaine Lacoste, et qu'il avait été reçu par le préfet Vitalis-Cros pour coordonner leurs activités contre l'O.A.S.
Preuve de plus de la collusion FLN / Pouvoir Gaulliste.


Accords d’Evian


Comme point de départ les accords d’Evian. Dès le 28 février 1962, Le Journal d'Alger affirme savoir « de bonne source » ce qu’en sera le contenu : « l'armée restera 3 ans en Algérie, tous les biens français seront protégés mais, postérieurement réforme agraire avec indemnisation, statut spécial pour Alger et Oran, représentation des européens dans chaque conseil municipal... » Le 21 mars 1962, le même titre publie le texte intégral des accords. Avec une pointe de scepticisme, Jacques Parini, rédacteur politique remarque : « Il convient maintenant au gouvernement français et au FLN de faire appliquer l'accord qu'ils ont conclu ». Jean Morin, délégué général en Algérie, plaçait, a contrario, les populations locales devant leurs responsabilités. Dans une allocution radiotélévisée il affirmait : « La chance de paix s’offre enfin à ce pays. Européens et musulmans, un contrat vous lie, vous êtes voués à la collaboration ». Trois jours plus tard les politiques métropolitains poussent toujours les feux de l’espoir. Louis Joxe, ministre des Affaires algériennes, affirme aux Français d’Algérie : « Dans la paix définitive vous serez chez vous en Algérie ».

Jean Morin est avant tout un serviteur de l'État : l'esprit qui transparaît de ses écrits le démontre amplement.
Certes, il éprouve une incontestable admiration pour le général de Gaulle et approuve l'essentiel de ses vues sur le destin de l'Algérie. Cependant, l'auteur a su ne jamais se départir de son esprit critique, quand de nombreux thuriféraires du Général ont depuis longtemps abdiqué cette vertu.
C’était le béni oui oui de la guerre d’Algérie avec son actif plus de 600 victimes françaises un  suppôt, inconditionnel aveugle et inféodé du général de Gaulle, sans esprit critique, sans volonté, incapable d’avoir une opinion objective