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Mais non je dois attendre : La femme qui est dans la Jeep est plus atteinte que moi, son état nécessite une prise en charge immédiate. Je m'entends encore dire: "la Galanterie française: les femmes d'abord, les hommes ensuite ! Mais dépêchez vous .... Nous étions dimanche soir, qu'un chirurgien de garde. Il fallait laisser le temps aux renforts ... d'arriver.
Dans ma douleur, je m'étais pris à croire au miracle. Je me dis: j'ai été transporté rapidement à l'hôpital, mon pied gauche est là, près de moi .Le garrot a produit son effet le chirurgien va pouvoir greffer artères, veines, nerfs, tendons..." Le surlendemain quand je refais surface, mon premier geste est de passer les mains sur ma jambe gauche : un grand vide après le genou, et, sur le mollet de la jambe droite, un énorme pansement. Je suis quasiment Je suis quasiment sourd : la violence du souffle de la déflagration a fait éclater mes deux tympans. Je ne récupérerai jamais totalement mon audition.
Je partage ma chambre avec deux camarades, qui ne se relèvent pas de blessures de guerre, et le sergent Paul M., qui était au Milk Bar en même temps que moi-Lui aussi a dû être amputé d'une jambe Tout comme la jeune fille qui était avec moi, transportée dans une clinique privée.
Quelques jours après la tragédie, nous recevons la visite de Mme Massu: Je viens vous apporter, de la part du général, des souhaits de réconfort et de prompt rétablissement. Qu'est-ce qui vous ferait plaisir ? – Du champagne madame, pour fêter ce moment : nous sommes encore en vie ! "Tu es gonflé! Me dit mon camarade. J'étais encore sous le choc des blessures, morales et physiques, et de l'anesthésie. Un moment près Mme Massu revient avec du champagne et cinq verres. Elle débouche la bouteille et elle en offre aux quatre blessées. Nous trinquons à notre guérison à notre remise sur pied, pour Paul et pour moi. Quelques jours plus tard, c'est le général Massu qui nous rend visite Il venait voir ses soldais blessés, comme tout grand patron qui aime ses hommes. Prévenus au dernier moment. J'avais eu cependant le temps de penser à la question. Après ses souhaits de prompt rétablissement, je lui demande s'il nous remet une décoration à mon camarade et à moi même. Devant sa stupéfaction, je reprends: Dés lors que vous nous décorez pas, c'est que nous allons nous en sortir ! .
Qui ne se souvient avoir vu, dans de telles circonstances des remises de décorations et, hélas, le lendemain ou les jours suivants, l'annonce du décès du décoré ! Ne pas être décorés était pour nous la garantie que nos vies n'étaient plus en danger! Après avoir exprimé mes regrets ne pouvoir partir pour Suez, après toute la préparation effectuée je précise : "Si je peux servir après mon rétablissement dans un emploi en rapport avec mon handicap sachez que je serai volontaire ". |