En 1957 le CRAD sous la direction de Geneviève Baïlac donnait "LA FAMILLE HERNANDEZ" , cela donne un enregistrement sonore qui constitue la bible sonore des Pieds - Noirs pour la mémoire.
 
     

Scènes de la vie Algéroise
Une réalisation de Geneviève Baïlac
et du C.R.A.D d’Alger


Distribution

Le père Hernandez Clément BAIRAM
La mère Hernandez Alice FABRI
Carmen Hernandez Lucette SAHUQUET
Rosette Hernandez Anne BERGER
Paulo Paul LAURAC
Robert le Bègue Robert CASTEL
Madame Sintés Marthe VILLALONGA

et les voix de

Arturo Alcaraz, Amadéo Alcaraz, José Alcaraz,
Rachid Abdenour, Gina Bausson, Marcelle Damelée,
Mustapha Djezzar,Françoise Feuillat, Maria Fortès,
Mamy, Ahmed Laïchi , Benchaouch Sid Ali Siassi,
Andrée Varnon, Frank Varnon


A la guitare : Michel Gésina et José Martinez.

1. Introduction. Instrumental 1 :55
2. Face 1. 14 :11
3. Face 2 15 :25

Enregistrement public 1957 au théâtre Charles de Rochefort

 

 
E C O U T E
 
     
 
Le 17 septembre 1957 une troupe venue d’Alger issue du C.R.A.D Centre Régional d'Art Dramatique se produit dans un petit théâtre du quartier Saint-Lazare à Paris, le théâtre Charles de Rochefort, et se faisait acclamer avec "La Famille Hernandez".
Le programme comportait des mots inhabituels pour une soirée parisienne: "commedia dell'arte", "réalisation collective", "troupe d'amateurs", "improvisation". Un nom dominait la soirée, celui de Geneviève Baïlac, une jeune femme de 35 ans, créatrice et animatrice en Algérie d'une association culturelle importante le C.R.AD.
Ce 17 septembre 1957 le public parisien assiste à la création d’un genre nouveau dans le théâtre.
 
Geneviève Baïlac : "On m'a souvent demandé à quoi j'attribuais le succès de la Famille Hernandez. Certains, plus ou moins bien intentionnés ont déjà répondu pour moi en l'attribuant à la chance pure. C'est vrai en partie, car une réussite quelle qu'elle soit comporte toujours un facteur chance, mais en réalité je crois que le succès de la Famille Hernandez est tout entier dans celte recette : prenez bien conscience que le théâtre est un miroir, tendez ce miroir à un milieu riche de tempérament, de particularismes et de pittoresque, respectez essentiellement le naturel de l'acteur que vous aurez choisi de préférence hors de ce qu'on appelle "le métier", créez autour de lui une ambiance de liberté absolue mais de respect profond du théâtre, dans laquelle il évoluera sans complexe, donnez-lui à ressentir des situations simples, quotidiennes, "vraies" et... laissez aller les choses. Vous obtiendrez une ambiance, une chaleur, un naturel, une vie qu'aucune œuvre écrite, pensée, fixée par le moyen artificiel de la mémoire, interprétée par des acteurs rompus aux lois du métier mais oublieux de leur propre nature, donc de leur naturel, ne pourra vous donner." Certes, on pourrait croire à une doctrine, mais je ne suis en rien doctrinaire. Le hasard m'a fait simplement un jour essayé une formule de théâtre qui a réussi. Ce que je voulais surtout, c'était "dégager" d'Algérie un style dramatique propre à cette terre de cohabitation, où tant de communautés diverses, français, espagnols, italiens, juifs, arabes frottaient sous nos yeux, leur tempérament respectif, leurs particularismes, leurs coutumes et leurs moeurs et cela depuis 130 ans.
   
Un "homme nouveau" naissait ainsi en dépit des politiques, des différences fondamentales, des heurts de nature, un homme que l'on pouvait rencontrer dans la rue avec son langage pittoresque émaillé d'expressions empruntées à toutes les langues parlées en Algérie, avec son exubérance, sa truculence, son verbe haut et son humour méditerranéen. II me semblait que cet homme devait trouver au théâtre le moyen d'expression le plus adapté à sa nature, et je cherchais donc à le faire vivre sur une scène. "J'ai tâtonné huit ans. Gabriel Audisio m'a apporté une fois un prétexte qui a fait avancer mon projet en écrivant à ma demande une savoureuse turquerie inspirée de Cervantès, "La Clémence du Pacha", mais je ne parvenais pas à atteindre très exactement mon but. Aussi j'essayais moi-même d'écrire une pièce racontant les aventures d'une famille néo-française d'Algérie, une de ces familles simples, humbles et pauvres qui étaient l'immense majorité de la population
 
 
       
   
européenne d'Algérie et en forgeaient le tempérament. J'échouais... Ma pièce ne me plaisait pas. C'est alors que l'idée me vint de cette recette que je vous ai indiquée tout à l'heure. Je conservais de ma pièce ratée le thème général et les définitions des personnages principaux, je rassemblais des amateurs dont le tempérament me semblait évident, qu'ils fussent européens ou musulmans, et je leur annonçais que nous allions ensemble "jouer" à "jouer la comédie"... Quinze jours après la "Famille Hernandez" était née. Si elle fut dans sa forme la génération spontanée, elle fut dans son essence le résultat de 8 ans de recherches dans une voie bien définie. "
   
Le recrutement : « Entre amis et connaissances. Au cours de surprises parties en 1956 et pour amuser la galerie Lucette Sahuquet commença à improviser, créant petit à petit le personnage de la famille Hernandez. Notre premier spectacle fut "scènes de la vie algérienne" qui allait devenir, au fil des improvisations de la troupe, la famille Hernandez.
Je conservais de ma pièce ratée le thème général et les définitions des personnages principaux, je rassemblais des amateurs dont le tempérament me semblait évident, qu'ils fussent européens ou musulmans, et je leur annonçais que nous allions ensemble "jouer" à "jouer la comédie"...
   
Quinze jours après la "Famille Hernandez" était née. Si elle fut dans sa forme la génération spontanée, elle fut dans son essence le résultat de 8 ans de recherches dans une voie bien définie. " Nous avons joué entre nous comme le font les enfants lorsqu'ils se distribuent des personnages et s'inventent des jeux, l'épicière, le docteur, l'infirmière, l'agent de police, etc. . Je donnais à chacun un personnage en fonction de son propre tempérament et je le priais de réagir à sa manière au sein d'une situation elle-même bien définie. Je les aidais tous, ils s'aidaient les uns les autres, chacun désireux de faire éclater de rire toute la troupe. Portés par la mise en scène dans laquelle je m'efforçais de les inscrire sans les enfermer, ils se mettaient à animer spontanément leur personnage, avec amour, avec passion tout simplement parce qu'ils le sentaient vivre au fond d'eux-mêmes sans avoir à le transposer intellectuellement par le truchement d'un texte imposé.
   
Les membres de la troupe : Marthe Villalonga née le : 20 mars 1932 Fort-de-l'Eau . Marthe étudie l'art dramatique au Conservatoire d'Alger, après le théâtre en amateur entre six et dix ans, puis elle monte à Paris et joue Mme Sintès dans la Famille Hernandez, ce premier succès donne toute la mesure de son talent.
Lucette Sahuquet (1927-1987) joue Carmen Hernandez
Robert Castel est né le 21 mai 1933 à Alger. Il est élevé dans une ambiance artistique grâce à son père, Lili Labassi, le plus grand auteur-compositeur de folklore oriental d'Algérie, virtuose du violon et du luth. Après ses études, il demande un poste d'instituteur et il enseigne pendant un an. En 1957 à Paris il joue Robert le Bègue dans la Famille Hernandez, qu'il jouera plus de 1500 fois en France et à l'étranger. Après l'indépendance de l'Algérie, il s'installe à Paris et écrit avec Lucette Sahuquet La Purée de nous z'ôtres. Il publie aux Editions Pierre Horay Inoubliable Algérie. Il fait du music-hall avec Lucette Sahuquet.
     
   
     
   
  Pour sauvegarder et restaurer et ensuite confier les enregistrements à une association Aixoise d’utilité Publique nous recherchons.
BAILLAC Genevieve/HERNANDEZ
Les péripéties de la famille Hernandez, 4 "la calentita" 45 tours Vogue EP
BAILLAC Geneviève/HERNANDEZ
Les péripéties de la famille Hernandez, 2 "le sousto des castagnes, les princesses, la pastèque"" 45 tours Vogue EP
BAILLAC Geneviève/HERNANDEZ
Les péripéties de la famille Hernandez, 3 , vogue 45 tours EP
 
   
In : PNHA N° 36 mai 1993, Là Bas souvenirs d'une Algérie perdue, Éditions du Chêne.