LE COLONEL GEORGES MASSELOT
A la tête de son unité, le 18 ème régiment de chasseurs parachutistes, le Colonel MASSELOT prit une part active au putsch déclenché le 22 avril 1961 en Algérie. Pour ce soldat d’élite, rallier l’insurrection n’était qu’un des épisodes de ce qu’il considérait comme son devoir.
     
Comparaissant le 28 juin suivant, devant le tribunal militaire, sa déclaration liminaire : « Je suis né en Afrique du Nord où tous les miens vivent depuis 110 ans. Officiers, fonctionnaires, médecins, les MASSELOT de 5 générations ont en Algérie un seul bien à défendre : un caveau de famille dans le cimetière de BOUGIE. » exprimait éloquemment les raisons desintéressées et respectables de cet engagement.
Georges était né le jour de sa fête, le 23 avril 1911 à MAKTAR en TUNISIE. Son père, Ferdinand, né à BOUGIE en 1867 fut le contrôleur civil de cette région. Sa mère, née Jeanne Choisnet avait vu le jour à DELLYS en 1875. Son grand-père MASSELOT, officier de marine avait été le créateur du port de BONE. Georges fit ses études à TUNIS, à BIZERTE puis après 4 années d’internat, il opta pour le prytanée militaire de LA FLECHE. Trois ans plus tard, il entrait à l’Ecole militaire de
St CYR.

A Saint Cyr
DE 1932 à 1936, il sera sous-lieutenant au 25ème régiment de tirailleurs algériens à SARREBOURG. En mars 1936, sur sa demande, il sera affecté au 1er régiment d’infanterie basé à GERYVILLE dans le sud-oranais. Après un séjour en SYRIE puis au LIBAN, il rejoindra la France pour prendre part aux combats de l’AISNE et de la MARNE. Grièvement blessé en secourant un de ses légionnaires, il recevra sa première citation.
Capitaine en 1942, MASSELOT participera à la campagne de TUNISIE et sera blessé lors des combats de PONT de PHAS. Malgré ce handicap, il s’illustrera un peu plus tard en capturant une auto-chenille ennemie et en ramenant 200 prisonniers dans les lignes françaises. Ce sera ensuite, de la Provence, à BELFORT, la campagne de France. Le 7 avril 1944 il sera fait, à titre exceptionnel, chevalier de la légion d’honneur. Sa décoration lui sera remise par un général rentré de Londres.
MASSELOT accomplira ensuite un premier séjour de 2 ans en INDOCHINE marqué par quelques « prises de bec » avec le général MONCLAR. Le capitaine est déjà connu, redouté ou apprécié pour son franc-parler et son caractère bien affirmé. En 1949, il rejoindra le « 4ème étranger » basé à FEZ puis stationnera à FORT NATIONAL en KABYLIE. Breveté para à PHILIPPEVILLE, il sera ensuite désigné pour commander le 3ème bataillon étranger de parachutistes à MASCARA. En, 1951 c’est le retour en INDOCHINE à la tête du 1er bataillon étranger. Il se distinguera lors de l’attaque viet du 8 janvier 1952 contre le camp retranché de HOA-BINH. L’ennemi sera mis en déroute et un armement considérable sera saisi. Assurant ensuite l’arrière garde lors de l’évacuation décidée du camp, MASSELOT et son bataillon devront affronter 3 divisions viets commandées par GIAP. Cette opération de repli sera si efficacement menée que MASSELOT et ses légionnaires seront accueilli au champagne par le Colonel GILLES. Prévu pour être sacrifié le bataillon n’aura compté que 4 morts. MASSELOT, pour faits de guerre exceptionnels, sera fait officier de la légion d’honneur.
Proposé au grade supérieur par le général DE LINARES, MASSELOT, qui entre temps a contesté quelques décisions périlleuses pour ses hommes, devra attendre un an sa promotion.
Retrouvant sa chère Algérie ensanglantée en juillet 1953, MASSELOT sera nommé 3 mois plus tard commandant en second du 3ème B.E.P. basé à SETIF.
En INDOCHINE la situation s’était gatée ; DIEN BIEN PHU était encerclé. Refusant d’être parachuté sur le camp retranché Paul DUSSERT, commandant le bataillon, sera supplée par MASSELOT. Trop tard pourtant car DIEN BIEN PHU tombera le 7 mai 1954. MASSELOT se vit alors chargé de reformer le 2ème bataillon étranger entièrement décimé lors de cet affrontement. Il participera avec ses hommes en képi blanc au dernier défilé du 14 juillet à HANOÏ puis rejoindra l’ALGERIE fin 1955. Implanté à PHILIPPEVILLE, le bataillon devint régiment (le 2ème R.E.P.) et devait donc être commandé par un colonel. Il se trouve que celui-ci, Alfred de VISMES, « ne se sent pas légionnaire » ; c’est donc, MASSELOT, avec son accord, qui en sera le vrai patron pendant les 2 années suivantes. Les résultats obtenus seront particulièrement brillants.
     
   
     
Rattaché à la 25ème Division parachutiste le régiment sera écarté de l’affaire de SUEZ en 1956. Il interviendra par contre sans cesse dans le CONSTANTINOIS et sur la frontière tunisienne. En 1957, MASSELOT sera à nouveau blessé au cours d’un accrochage ; une balle, après avoir traversé poste de radio, jumelles et stylo l’atteindra à la poitrine. Ces 2 derniers objets sont exposés au Musée du 2ème R.E.P à CALVI. En janvier 1958, De VISMES sera remplacé par le Colonel LEFORT. Décidement bien mal récompensé MASSELOT
commandera une dernière fois ses légionnaires au cours de l’opération des BENI- SBIHI, avec un bilan éloquent : 217 fellaghas au tapis et plus d’une centaine d’armes récupérées..
Rentré à Philippeville, MASSELOT exprime son dépit à LEFORT et lui rappelle son « absence » lors des moments « chauds » vécus en INDOCHINE. Convoqué dès le lendemain à l’Etat major d’ALGER, il sera muté à DJELFA comme adjoint opérationnel. Il quitte ainsi ses hommes après avoir obtenu un des plus beaux bilans de la « guerre d’ALGERIE » et ce, avec un minimun de pertes. A DJELFA, MASSELOT dépendant directement du général SALAN, aura en fait autorité sur les colonels de secteur. Sa première mission sera de détruire le « général » félon BELLOUNIS. L’affaire sera promptement réglée. En avril 1959, ce sera au tour des « colonels » AMIROUCHE et SI HAOUES, anéantis avec leurs troupes dans le djebel KORAA.
Nommé lieutenant colonel début 1960, MASSELOT prendra le commandement du 18ème régiment de chasseur parachutiste, héritiers du « Royal AUVERGNE », et formé essentiellement d’appelés. Sous son impulsion l’unité deviendra le fer de lance de la division et les paras
légionnaires le baptiseront le « 3ème R.E.P ». Ce temps de commandement sera l’un des moments les plus marquants de sa carrière. Il y aura sa participation au putsch mais surtout le décès de son fils Philippe.
Né en 1941, à ORAN, Philippe MASSELOT fut breveté para à 16 ans seulement, accumulant les sauts avec le régiment de son père. Profitant de ses vacances scolaires et ne supportant pas que lui, pied noir, ne contribue pas à la défense de sa terre natale, il rejoignit le 18ème. Le 17 juillet 1960 sur la côte 711, près de DJIDJELLI, il trouvera la mort au sein de la compagnie portée du régiment. Ce fut un drame pour le colonel qui jamais ne s’en remit.
En décembre 1960, MASSELOT et ses hommes envoyés à ALGER lors des manifestations F.L.N. orchestrées par le Délégué Général MORIN auront vite fait de calmer l’ardeur des émeutiers.
Début 1961, contacté par le général JOUHAUD, le colonel engagera son régiment dans le sursaut tardif du putsch. Devant l’échec, il assumera toutes ses responsabilités en faisant en sorte que son unité ne soit pas dissoute. Mais rien n’y fera. Condamné à 8 ans de détention criminelle, MASSELOT passera 51 mois en prison avant de benéficier de l’amnistie.
Toujours apprécié de ses hommes, il sera fêté à PAU pour son 90ème anniversaire par une centaine d’entre eux.
Il s’est éteint le 1er juin 2002

John Franklin

         
 
N.B : Président de l’association « pour la Mémoire de l’Empire Français » dont le siège est à Aix, Maison Maréchal Juin, Monsieur Robert Saucourt avait obtenu que le colonel MASSELOT accepte la Présidence d’Honneur de son association. Après son décès, Saucourt désira lui rendre hommage dans une biographie d’une trentaine de pages, fruit de leurs entretiens et de certaines confidences de l’officier. Cette biographie est disponible au C.D.H.A..
Le 9 novembre 2003 a vu l’inauguration d’une vitrine consacrée au souvenir du colonel MASSELOT. Elle a pris place dans la salle JOUHAUD de la Maison Maréchal JUIN à Aix en Provence.
 
         
Bibliographie :
COTTAZ, Maurice. – Les procès du putsch d’Alger et du complot de Paris. – Paris : Nouvelles Editions Latines, 1962.
Le Mire, Henri. – Les paras français. La guerre d’Indochine et la guerre d’Algérie. 2 volumes. – Paris : Société de Productions Littéraires, 1979.
Historia Magazine. – La guerre d’Algerie , n°84.