Belkacem Ben Sedira.

BELKACEM BEN SEDIRA

 

Auteur d'un dictionnaire et d'une grammaire portant son nom, ouvrages qui étaient répandus dans les établissements scolaires d'ALGERIE, mais aussi de traités de jurisprudence qui firent autorité en Droit musulman, Belkacem BEN SEDIRA vit le jour à BISKRA en 1845. Très brillant élève de l'école arabo-française de cette ville, il fut signalé à l'attention du Général DESVAUX qui commandait alors la Division de CONSTANTINE et put ainsi entrer au collège d'ALGER.
De 1860 à 1863, il mérita des notes si satisfaisantes qu'il fut envoyé, par les soins et aux frais du Gouvernement Général, à l'Ecole Normale de VERSAILLES où il passa 2 ans. En 1984, un jeune Kabyle : BEN ALI, bénéficiant de cette sorte de " bourse " vint le rejoindre.

Le 1er janvier 1866, à peine agé de 20 ans, BEN SEDIRA fut nommé professeur à l'Ecole Normale d'ALGER. Trois ans plus tard, il devenait professeur de Droit musulman à la Medersa d'ALGER où son influence en faveur de la civilisation française fut très grande. Il y resta jusqu'en 1880, époque à laquelle il fut appelé à une chaire d'arabe à la Faculté de Lettres d'ALGER.
En 1882, BEN SEDIRA fut nommé à la Cour d'Appel où sa parfaite connaissance des moeurs indigènes et des 2 langues, arabe et kabyle, fut particulièrement utile et appréciée.
Unanimement reconnu pour son érudition, il fut l'auteur d'une série d'ouvrages destinés à vulgariser l'arabe usuel, la seule langue dont on se servait en ALGERIE au sein de la population musulmane et dans les actes de la vie publique et privée. Ses manuels pratiques devinrent indispensables à tous les auxiliaires de justice. BEN SEDIRA publia également, en plus des dictionnaires arabe-français et français-arabe, un cours de littérature, un cours de version kabyle, un cours de langue kabyle etc…
En 1872, il avait été le traducteur en arabe d'une partie de " Don Quichotte " de CERVANTES. En 1886 le Gouverneur Général TIRMAN le chargea d'une mission dans les tribus de DJURDJURA et de la région de BOUGIE. Nul n'était mieux qualifié que lui pour receuillir sur place tous les éléments propres à faciliter l'étude des dialectes berbères. Par un labeur incessant, une tenace volonté et des travaux de très grandes valeur il avait obtenu dans les milieux intellectuels de l'ALGERIE une situation très en relief.
Naturalisé français dès 1866, BEN SEDIRA épousa une française et fit élever ses enfants selon les usages français. Un de des fils, Charles, fin lettré, licencié en droit, fit une brillante carrière administrative. Chevalier de la Légion d'honneur en juillet 1893, Belkacem BEN SEDIRA fut décoré de la Médaille Coloniale pour avoir fait partie de la Colonne FOURCHAULT en 1871, comme franc-tireur. Lors de ses obsèques, le 1er Décembre 1901, c'est un détachement de Zouaves qui lui rendit de justifiés honneurs.
J.F.


LEÏLA BEN SEDIRA

Petite fille de Belkacem, elle est née à ALGER en 1902. Son oncle, le docteur MURAT, y était adjoint au maire.
Très jeune elle eut un goût prononcé pour la musique et Camille SAINT SAËNS orienta sa jeune destinée lors de ses fréquents séjours à ALGER. Ami de la famille, il lui donna ses premières leçons de piano. Elle continua à étudier avec V. LLORCA et, dès l'âge de 10 ans, put se produire en soliste.
Admise en 1919 au Conservatoire National de PARIS, Leïla travailla avec ferveur et obstination. Elle suivit ensuite les conseils de sa tante, Madame MURAT professeur de Musique, qui avait remarqué les dons merveilleux et précoces de la jeune fille pour le chant.



Leila Ben Sedira

En septembre 1928, elle fut immédiatement engagée après son audition à l'Opéra Comique. Six mois plus tard elle abordait la scène en interprétant le rôle de la poupée " Olympia " dans les " Contes d'OFFENBACH ". Grâce à d'intensives répétitions pour aborder cette " première " elle obtint un véritable triomphe.
Bien d'autres suivirent : elle sera " Barberine " dans les " Noces de Figaro ", " Rosine " dans le " Barbier de Séville " auprès du grand Féodor CHIAPALINE……Pour les cérémonies et les fêtes du Centenaire de l'ALGERIE elle retrouva son pays natal à l'occasion d'une tournée des concerts LAMOUREUX. C'est pourtant à l'Opéra Comique qu'elle obtint son plus grand succès ; elle était en effet l'interprète révêe pour le rôle de " LAKME ", héroïne de Léo DELIBES. On lui proposa alors de nombreux rôles et on se mit à la réclamer en province et à l'étranger.
La guerre marqua l'arrêt de sa carrière sur scène mais, jusqu'à la fin des années 50, elle travailla pour la radio, des disques ou des concerts. Elle côtoya les plus grands solistes et les meilleurs orchestres dans ses tournées à travers l'EUROPE. Sachant exploiter toutes les richesses de sa voix, qu'elle asservissait à toutes les nuances de son texte, Leïla semblait parfois s'en amuser.
Elle consacra la dernière partie de sa vie à l'enseignement musical. Décédée à PARIS le 1er juin 1982, elle repose au cimetière de SAINT NOM LA BRETECHE. Pour perpétuer le souvenir et l'œuvre de l'artiste, une association s'est crée à PARIS à l'initiative d'amis et d'anciens élèves. " LA SEDIRA ", 40 rue Godefroy, 75011 - PARIS, qui anime spectacles, conférences et concerts a permis la réalisation de compacts disques reprenant les grands succès de Leïla. Gravés sur 78 tours à l'origine, ils étaient devenus introuvables.
J.F.
Bibliographie :
Afrique du Nord illustré n°461, 1930.
GAMBA Marcel. - L'Algérianiste n°61, mars 1993. La Revue Algérienne.

Voir aussi son ami Georges Iguerbouchen