Les forces de l'ordre dans Bab el Oued
 
DONS Avec drapeau tricolore, dans de nombreux endroits, organisés par de jeunes Européens. On y accueille les dons en espèces et en nature pour Bab-el-Oued.  
Bataille Bab el Oued
25 mars 1962

" On n'a trouvé que des bricoles caché dans ce quartier."
- La trêve aura été de courte durée à Alger.
Le dernier coup de canon a été entendu hier soir 24 mars 1962 à 22H le premier attentat a été commis vers 9 heures ce matin.
En quarante huit heures les attentats individuels ont fait 13 morts et 31 blessés la plupart musulmans. si aucun coup de tiré aujourd'hui dans Bab el Oued la bataille continue. Elle a dépassé le cadre du périmètre bouclé Elle se déroule dans la ville, non pas sur mais sur le plan des postes , avec drapeau tricolore, de nombreux endroits, des par de Jeunes Européens. On y accueille les dons en espèces et en nature pour Bab-el-Oued. D'autres opèrent à bord de camions qui circulent dans les principales artères. Les dons sont rassemblés à la Maison des Etudiants boulevard Baudin, Boulevard Salnt-Saëns, à l'endroit même où hier soir une voiture piégée a fait explosion, blessant trois militaires et un musulman d'un Immeuble voisin, et provoquant d'importants dégâts matériels, un drapeau tricolore a été tendu en travers de la rue sur un fil électrique.
Un tableau noir devant la porte : « Pour Bab-el-Oued ».
       
 

Le blocus de Bab-el-Oued


"Blocus de Bab-el-Oued","No man's land" établi devant Bab el Oued, telles sont les formules employées par les envoyés spéciaux des différentes agences pour présenter la situation.
- Ce quartier populeux autour du dispositif qui cerne un vaste " no man's land " établi à 12 h 45 sur ordre de la préfecture de police. Automitrailleuses, chars lourds, mitrailleuses braquées dans l'enfilade des grandes artères. L'un de ces chars s'appelle, ironie, « Algérie »... Depuis cette heure. il est interdit de faire entrer le ravitaillement que, par camions et voitures, les Algérois apportaient aux assiégés.


Une véritable chaîne de solidarité


La « zone interdite » commence désormais avenue du 8 novembre de et à l'entrée de la place Jean Mermoz des barrages de gendarmes bloquent automobilistes et piétons n'autorisant que le passage des sels habitants du quartier. Devant ces barrages s'embouteillent camions et voitures qui. Pleins jusqu'aux toits de victuailles apportaient du ravitaillement.
Depuis ce matin une véritable de solidarité chaîne de solidarité s'était développée dans Alger pour venir au secours de Bab-el-Oued. Esquissée vers 9 ou 10 heures l'opération "vivres" avait pris des proportions spectaculaires en fin de matinée .dans toutes les rues du centre camions voitures recueillaient les victuailles. Des caisses de conserves, des cartons de pâtes, des casiers de bouteilles d'eau minérales, des paniers de pains sortaient des immeubles et s'engouffraient dans les véhicules.
Sur la route de Bab-el-Oued. Les larges boulevards du front de mer. L’avenue du 8 novembre, la place Jean Mermoz, l'avenue de la Marne enfin la où commence le quartier interdit les voitures filaient en klaxonnant pour aboutir aux barbelés aux chars et aux soldats, postés square Guillemin. Là des bras se tendaient pour saisir les vivres par-dessus les chevaux de Frise.
Refoulés depuis cette heure, automobilistes et piétons s'arrêtent â une cinquantaine de mètres de là pour examiner la situation et « tourner » le dispositif. Des portes d'immeubles s'ouvrent avenue du 8 novembre des Jeunes gens et des Jeunes filles, les bras chargés de caisses disparaissent dans les couloirs. Derrière, d'autres personnes attrapent les vivres, et discrètement traversent la place Jean Mermoz, à cent mètres, place du Gouvernement, on fait la chaîne pour transvaser le contenu des camions dans des véhicules â croix rouge ou de pompiers, qui vont tenter de franchir les barrages.
Sur les trottoirs des conserves, des pains, des bouteilles s'amoncellent. Les voitures y déversent leurs stocks puis repartent « les tas montent sans arrêt» entourés par des Jeunes gens qui ne savent plus qu'en faire Les piétons sont aussi impitoyablement refoulés, même s'ils ont les mains vides : cartes de presse, carte de correspondant... "Périmé". Répète inlassablement et sur un ton monotone, un gendarme.
Cependant, un car rouge des pompiers, bourré de vivres parvient â franchir le barrage, après que son conducteur eut parlementé avec les gendarmes. Le véhicule passe les barbelés, sous les applaudissements de la foule.

       
     
 

Les soldats paraissent inquiets

A 15 h. 45. Le nombre des automobiles bloquées par le barrage de gendarmes, avenue du 8 novembre, grossit encore. De 400 â 500 personnes sont massées à deux ou trois mètres du cordon formé par les forces de l'ordre, en majorité des gendarmes, mais aussi quelques soldats. En arrière de ce cordon, une voiture blindée à chenillette, montée par des militaires, qui regardent la foule à la Jumelle.
Depuis un balcon s'échappent des accents d'une marche militaire que diffuse à partir un pick-up à grande puissance.
Vers 15 h 50 un convoi militaire traverse la foule rassemblée avenue du 8 novembre.

 
     
 
 
     
 
Encadré par deux camions bourrés de soldats, le fusil tourné vers les trottoirs, passent deux véhicules bâchés, complètement clos.
Par les Interstices de la toile des mains et des bras s'agitent ce sont « des prisonniers » emmenés de Bab-el-Oued que l'on conduit vers un centre de tri.
La foule hurle, les acclame, court vers les camions qui ne roulent qu'au pas en raison des embouteillages Les soldats paraissent tendus, inquiets, mais le convoi parvient à se dégager et par la place du Gouvernement emprunte à la plus grande allure les boulevards du front de mer. Un hélicoptère tourne au-dessus du quartier. | Lire la suite |