Char du bouclage de Bab el Oued 22 mars 1962
   
 
C'est dans le quartier de Bab el Oued que les commandos de l'OAS
sont intervenus le 23 mars 1962


 
 
A 15h30, des tirs de mortiers et de fusils mitrailleurs ont été dirigés contre la cité
musulmane de Diar-el-Kef où déjà la nuit
dernière une roquette avait explosé blessant
deux musulmans.

A la suite de ces tirs une perquisition a été
déclenchée au siége d'une importante société
de construction (ARMAF) boulevard de
Champagne.

A 16 heures tout le quartier a été bouclé et des chevaux de frise ont été installés en chicane dans toutes les rues menant à ce quartier
.
 
 

L'ANXIETE S'EMPARE DE TOUS LES CIVILS ET MILITAIRES


De différents points de la ville des camions chargés de troupes convergent vers le quartier en effervescence. Des colonnes d'automitrailleuses de la gendarmerie s'engagent dans l'avenue de la Bouzareah et gagnent les Trois horloges le coeur de Bab el Oued.
Sur les trottoirs des soldats casqués le doigt sur la détente de leur arme, un tous les cinq mètres frôlent les murs. Une voiture haut parleur de l'armée annonce le couvre feu et invite chacun à renter chez soi toutes les rue toutes les ruelles qui conduisent à Bab el Oued sont bouclées par des réseaux de barbelés devant lesquels stationnent des pelotons armés. Aucun véhicule n'est autorisé à entrer dans le quartier névralgique tous ceux qui en sortent sont fouillés, du moteur à la malle arrière. Les passants ne peuvent entrer et sortir qu'après avoir fait l'objet d'un contrôle minutieux. Dans le ciel à basse altitude, un hélicoptère tournoie sans relâche.
Aux balcons aux fenêtres, les habitants de Bab el oued sont rassemblés en grappe souis le linge multicolore qui sèche sur les fils le calme celui qu'impose la présence des troupes, règne à présent. Les soldats qui patrouillent le long des trottoirs s'arrêtent un instant sous les petits arbres qui bordent les avenues. Sur le tronc de chacun d'eux un tract blanc de l'OAS, ronéotypé est apposé.
C'est un ultimatum aux CRS, gendarmes mobiles et soldats du quadrillage. Un autre indique ; " Pour nous le combat commence " Quand la nuit tombe sur Bab el oued , investi par la troupe , cerné par les automitrailleuses , l'anxiété s'empare de tous civils et militaires.


Un couvre feu "intégral"


Vers 18 heures , la préfecture a diffusé un communiqué annonçant que " le couvre-feu intégral est décidé dans le quartier de Bab el oued à partir de ce jour 20 heures et jusqu'à nouvel ordre. La circulation des piétons et des véhicules est rigoureusement interdite. La population est invitée à rester chez elle ".
Dans ce quartier, sept musulmans ont été tués et six blessés entre 11 heures et 15 heures. Au début de matinée, un musulman avait été tué et un autre grièvement blessé au marché Meissonier.
Dans la soirée , rue Edgar Quinet un musulman a été tué. Dans le même quartier un musulman a été blessé.



TROIS EUROPEENS ASSASSINES


Dans le quartier des Dunes, à Fort de L'Eau , à 30 km d'Alger MM Antoine Vidal 40 ans entrepreneur des travaux publics et Robert Massanet 23 ans maçon ont été massacrés à coups de hache et de fourche par des musulmans . Dans la banlieue d'Alger un européen dont l'identité n'est pas connue , a été lapidé à mort. D’autre part à l'angle de l'avenue des Consulats et du boulevard de Provence on a découvert dans un sac portant l'inscription : " communiste traite à la patrie ", le cadavre de François Martoreil 48 ans , entrepreneur de maçonnerie.


LA REPRISE DU TRAVAIL EST À PEU PRES TOTALE


Après une nuit assez agitée et qui fut marquée par une vingtaine explosion au plastic. La reprise du travail a été à peu près totale ce matin à Alger par un temps gris et pluvieux.
La circulation automobile était assez importante ; cependant la plupart des grandes artères centrales avaient été interdites au stationnement.
Les Algérois ont découvert cette nuit de nouveaux engins sous la forme de petites automitrailleuses biplaces équipées de projecteurs qui, de temps en temps balayaient les façades les façades des Immeubles. Cette nuit encore, on recollé un peu partout les affiches bleu et blanc : « Pour vos enfants, la Paix en Algérie », qui avalent à peu près disparues hier. Mais, au milieu de l'après-midi, ces nouvelles affiches étaient lacérées. Elles aussi. Des hélicoptères ont également lancé des tracts, mais ceux-ci arrivaient au sol déjà mouillés et souvent piétinés. Rares étaient les passants qui en mettaient dans leurs poches.

 

Tension dans le service d'ordre

Cette nuit un incident a aggravé la tension régnant dans le service d'ordre. Vers 22 heures deux grenades ont été lancées à Belcourt rue de Lyon , contre une patrouille de la Coloniale, mais n'ont pas fait de victime. Les militaires ont tiré en l'air quelques rafales de mitraillettes. De même, à Saint Eugène, A 23 h. 45, une voiture de police envoyée dans ce quartier, à la suite de l'effervescence a été également mitraillée, mais 11 n'y a pas eu de victime. Un bouclage effectué quelques instants après n'a donné aucun résultat. Trente impacts de balles ont été dénombrés.
Un fait divers anodin a provoqué de graves rumeurs dans les quartiers les plus éloignés européens et musulmans. Il s'est produit cette nuit dans la Casbah : Quatre musulmans ont été hospitalisés parce qu'ils avaient bu de l'eau gardée en réserve en cas de grève, eau qui avait croupi et Jusqu'à Maison Carrée et à Kouba, la rumeur se répandait que quelqu'un empoisonnait l'eau de la ville.

     
   
     
 
 

N'ayant pas de « visa » O.A.S., quinze journalistes sont bloqués à Alger


ALGER. 24 mars 1962 - Le préfet de police d'Alger a convoqué cet après-midi les directeurs locaux des compagnies aériennes pour leur demander des explications sur le refus opposé par des employés de délivrer à des Journalistes des billets d'avion pour la métropole ou l'étranger. Aux journalistes - quinze environ - qui s'étalent présentés hier après-midi ou ce matin dans les services de réservation, il avait été demandé comme condition à la délivrance du billet un " visa de sortie de l'O.A.S". Le premier Incident de ce genre s'est produit hier matin, un journaliste canadien qui voulait quitter Alger se heurta au " non possumus " des employés. Quatre de ceux-ci furent appréhendés pour être entendus par la police. Le journaliste put partir dans l'après-midi.
Mais, à partir de l'après-midi, des incidents identiques se multiplièrent : les journalistes étaient bloqués à Alger comme d'autres, la semaine précédente, avaient été retenus à Oran.« Je prends l'affaire en mains », a décidé le préfet de police.


ATTAQUE CONTRE LE SERVICE D'ORDRE DE LA DELEGATION GENERALE


ALGER 24 mars 1962 - Le service d'ordre en poste devant la Délégation générale a été attaqué ce soir vers 21 n. 45 A coups de feu. Les gendarmes mobiles ont riposté par des rafales d'armes automatiques ponctuées d'explosions sourdes ont été également entendues , à 22 heures paraissant provenir cette fois du secteur du champ de manoeuvre, du Ruisseau et du Clos Salembier. D'autres coups de feu isolés et des rafales d'armes automatiques sont entendues près du carrefour de l'Agha vers 22 h. 10.
Des rafales sont tirées au passage d'une jeep devant le Mauretania.
De différents points d'Alger on signale de nouvelles fusillades, des coups de feu Isolés, rafales d'armes automatiques, explosions de grenades n'ont pratiquement pas cessé depuis 21 h. 20.
De fortes explosions de plastic ou de T.N.T. se succèdent vers 21 h. 30 dans la partie européenne de Belcourt où l'on entend des rafales d'armes automatiques ponctuées d'explosions de grenades.
A 22 h. 35, un convoi de blindés se dirige vers la Délégation générale en passant par la rue Berthézen.


QUATRE OBUS SUR LE PALAIS D'ETE, A ALGER

ALGER, 24 mars 1962 - Quatre obus de bazooka ou de mortier viennent de tomber sur le Palais d'Eté, ancienne résidence du gouverneur général de l'Algérie.


GREVE DES SAPEURS - POMPIERS

Grève des sapeurs-pompiers : à la suite de l'arrestation d'un caporal de sapeurs-pompiers, René Falcone, à son domicile, les sapeurs-pompiers du Grand Alger se sont mis en grève ce matin. Les sorties d'ambulances et de voitures d'incendie sont cependant normalement assurées. C'est seulement le travail aux ateliers qui est arrêté. Le caporal Falcone avait déjà fait l'objet d'une mesure d'Internement mais avait été relâché au bout de quelque temps.

DERNIERE MINUTE : 1er mars 1962 l'ingénieur Camille Petit jean a été assassiné. Le corps de M. Camille Petit-Jean, Ingénieur des usines Berliet, a été retrouvé. Enlevé le 26 février 1962 , à Rouiba, sur les lieux de son travail, par des individus , Il a été assassiné deux jours après. 1er mars. | Lire la suite |