Le 9 novembre 2003, nous avons pu assister à l'inauguration d'une vitrine consacrée au regretté Colonel Georges Masselot, originaire de Bougie en Algérie.
   Bienvenue, remerciements à :
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Nous rendons hommage aujourd'hui au colonel Georges Masselot président d'honneur de l'AMEF, officier emblématique d'une génération qui n'a connu que les guerres, officier pied-noir qui a chèrement payé son attachement à sa terre natale.

La vitrine que nous inaugurons contient des objets lui ayant appartenu, ou illustrant sa carrière, des livres dédicacés par les généraux Challe, Jouhaud, Salan et Zeller, une aquarelle qu'il a peinte alors qu'il était en prison et qui représente le port de Bougie - le berceau de sa famille- avec un petit sac rempli de terre d'Algérie qui lui a été offert par un de ses anciens sous officiers.

Quelque fois des gens m'ont demandé qui était notre président d'honneur : il est vrai qu'il était plus connu dans les milieux militaires que civils.
Pour ceux qui ne le connaissaient pas, il faut dire que le Colonel Masselot n'était pas un de ces officiers médiatiques qui prenaient plaisir à avoir la presse autour d'eux chaque fois qu'ils faisaient un bilan, mais il était un officier de terrain dont la mission était de faire son métier avec les meilleurs résultats et le minimum de pertes.

Pour ma part, la première fois que j'ai entendu parler de lui, c'était en décembre 1960 à Alger : les officiers des SAU avaient poussé les habitants des quartiers musulmans à descendre vers Belcourt pour apporter leur soutien à la politique du chef de l'état ; ce qu'ils firent, mais encadrés par les hommes du FLN. La manifestation a vite dégénéré et des européens furent assassinés et leurs maisons pillées sans que les CRS n'interviennent. Nous étions avec quelques amis du coté du Champ de Manœuvre lorsque nous avons vu arriver des camions de bérets rouges qui venaient rétablir l'ordre. Et c'est le soir ou le lendemain que nous avons appris que ces paras étaient ceux du 18 éme Régiment de Chasseurs Parachutistes commandé par le colonel Masselot.

La deuxième fois que j'ai entendu son nom ce fut au moment du putsch d'avril 1961.

Les années passant, je me suis intéressé à l'histoire de notre empire et à plusieurs reprises, j'ai retrouvé le nom de Georges Masselot que sa carrière amenait sur de nombreux théâtres d'opérations.

Aussi lorsque nous avons créé l'Association pour la Mémoire de l'Empire Français, il m'a semblé tout à fait naturel de lui demander d'en être le président d'honneur, car il représentait parfaitement notre Empire :

Il est né en Tunisie, issu d'une famille originaire de Bougie.

En 1930 il intègre Saint Cyr, et quand il en sort en 1932 il rejoint d'abord les tirailleurs Algériens, puis la Légion.

Les campagnes se succèdent, 1936 la Syrie et le Liban, 1940 la guerre est en France, il est blessé sur la Marne ; c'est ensuite le Sénégal, 1943 la Tunisie : 2éme blessure, 1944 la campagne de France avec la 1ère armée du général De Lattre. De 1946 à 1955 il fera 3 séjours en Indochine, et c'est peut être là que l'on commencera à beaucoup parler de lui, par ses coups d'éclat mais aussi par son caractère difficile.

Arrivé trop tard en Indochine pour sauter à Dien Bien Phû, avec le 3 éme Bataillon Etranger de Parachutistes, il va reformer le 2éme bataillon disparu durant la bataille ; et puis fin 1955 c'est le retour en Algérie, là, la guerre est sur SA terre et Georges Masselot va s'engager corps et âme, d'abord au 2éme Régiment Etranger de Parachutistes, puis comme adjoint opérationnel à Djelfa, enfin en 1960 à la tête du 18éme RCP qu'il dirigera jusqu'au 25 avril 1961 date de la fin du putsch.

Le colonel est arrêté, traduit devant les tribunaux et en 4 heures de temps, le 28 juin 1961, il est condamné à 8 ans de réclusion. Son régiment (d'appelés il faut le souligner) est dissous, de ses trente années de carrière militaire, de ses 3 blessures au combat, de ses 15 citations dont 10 à l'ordre de l'armée, de ses titres de chevalier, officier et commandeur de la Légion d'Honneur, à chaque fois à titre exceptionnel, il ne restera rien :

le Colonel Masselot aura tout perdu, tout… sauf l'Honneur.

Tous les témoignages l'ont décrit comme un homme au tempérament bien trempé, d'une grande rigueur, au caractère brut, pour ne pas dire brutal surtout envers ses supérieurs, dur, mais généreux envers ses hommes.

Et pour l'accompagner dans sa vie il ne pouvait avoir auprès de lui qu'une épouse également exceptionnelle. Elle préside notre assemblée aujourd'hui et il faut que vous sachiez, sa modestie dut-elle en souffrir, que Madame Masselot qui fut assistante sociale de la Légion Etrangère en Indochine est titulaire de plusieurs citations et surtout Légionnaire honoraire de première classe à la
13 éme DBLE, distinction qu'elle a préféré à une croix de guerre des TOE.

Le colonel nous a quitté il y a un peu plus d'un an, laissant un grand vide chez tous ceux qui l'ont connu. Et on peut souhaiter, comme l'a écrit le général Arnaud de Foïard, qu'un jour une promotion de Saint-Cyr portera le nom de Colonel Masselot.

En attendant, quelle belle récompense pour sa mémoire que de vous voir aussi nombreux ici aujourd'hui, vous les membres de sa famille, vous ses amis, vous, qui vous êtes battu à ses cotés ou qui avez partagé avec lui les geôles de la république pour avoir voulu conserver l'Algérie Française.

Je vous remercie en mon nom et surtout au nom de Madame Masselot.

Robert Saucourt président AMEF Aix-en-Provence le 9/11/2003

Détail de la vitrine


Aquarelle peinte en prison......
Une partie de l'assistance

René Andres Me Masselot Robert Saucourt

Assistance

Découverte de la vitrine par Me Masselot
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Hommage des anciens détenus de ADIMAD

Vitrine du Colonel Georges Masselot
Maison du Maréchal Juin Aix-en-Provence.
Photos JL Weinmann