Editorial, Lettre au président république
Mme. Marguerite Masselot, l’épouse de notre président d’Honneur, est décédée.

Une grande Voix s’est tue. Serge de Beketch nous a quitté
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Bulletin
A.M.E.F N° 30
 
       
 
 

EDITORIAL

      Ma lettre au Président de la République de juillet dernier a eu la réponse . Que faut-il en déduire ? Que nous n’intéressons pas plus le chef de l’Etat d’aujourd’hui que ceux d’hier.
     On sait que les campagnes électorales sont faites pour attirer les voix des électeurs (j’allais écrire des gogos) et depuis toujours les Français d’Algérie ont sans cesse étaient encensés durant ces périodes... Beaucoup de promesses jamais tenues ensuite.
     Avec Sarkozy, on ne déroge pas au phénomène. Avant, c’était non à la repentance, pas question d’institutionnaliser le 19 mars 1962, vous êtes les oubliés de la République, je vais vous réhabiliter et vous donner la place qui doit être la votre dans nos institutions. Après, c’est la non réponse à ma lettre, et à d’autres, où les scribes de l’Elysée, même si ce ne sont pas les mêmes, écrivent au mot près la même chose à propos du 19 mars et seulement du 19 mars, les autres points sont occultés. On retrouve cette sémantique dans les réponses aux courriers mettant en cause le sieur Marleix (inféodé à la FNACA communiste), et dans plusieurs autres que nos amis ont écrits et dont l’inventaire serait ici trop long à faire. C’est aussi la visite à Alger de Sarkozy et le dépôt de gerbe aux monuments à la gloire des terroristes FLN, c’est son discours au Maroc le 23 octobre où il dit : « l’Islam est une partie de la France ».
     C’est aussi le tapis rouge (il ne peut en être autrement) déroulé aux communistes par le biais de la fameuse lettre de Guy Môcquet. Mais en occultant les véritables raisons de l’emprisonnement du jeune homme : incarcéré non pour fait de résistance ou propagande antiallemande, mais pour propagande communiste, donc anti-française, sachant qu’à cette époque (10 octobre 1940, avant l’occupation) l’Allemagne et l’URSS sont alliées et que le parti communiste français soutient l’Allemagne nazie! Quand, en 1941, le PC toujours aligné sur Moscou se fait anti allemand, il fait assassiner un officier de la Wehrmacht à Nantes. Les Allemands exigent alors des otages et  Guy Môcquet est parmi eux et sera fusillé. L’histoire est simple mais ne va pas du tout dans le sens qu’on lui donne aujourd’hui.
     Ce jeune homme est mort, et c’est regrettable.
     Mais d’autres jeunes hommes de 17 ans sont morts pendant la guerre de 1939-1945, en combattant l’ennemi les armes à la main, pour l’honneur de leur Patrie : la France. En Indochine sous les tortures des Japonais ou des Viêts, en Algérie, tués par le FLN dans des conditions trop souvent atroces, tués par l’armée gaulliste le 26 mars 1962 place de la poste à Alger, exécutés dans des opérations barbouzardes, enlevés, assassinés le 5 juillet 1962 à Oran. Et ceux là n’ont droit à aucune commémoration, aucun hommage officiel de la Nation. A ceux là on interdit le recueillement de leurs amis. Ils sont les parias de la République.
     Ah ! S’ils avaient été communistes, porteurs de valises, déserteurs de l’armée française : ils auraient aujourd’hui des rues à leurs noms, des monuments érigés aux quatre coins de France et le locataire de l’Elysée irait régulièrement leur déposer des fleurs et gémir sur leur triste sort.

 

Madame Marguerite Masselot, l’épouse de notre président d’Honneur, est décédée.

Le 12 septembre dernier, nous apprenions le décès de madame Masselot.
"Guite", comme l’appelaient ses proches, s’est éteinte à Gan (64) petite ville proche de Pau où le colonel et elle s’étaient retirés au moment de la retraite.
Elle a vécu dans l’ombre de son époux, mais fut, elle aussi, un personnage extraordinaire, particulièrement en Indochine et en Algérie. Elle était Légionnaire Honoraire de 1ère Classe à la 13ème DBLE, titulaire de la Croix du combattant, de la Médaille Coloniale avec agrafe Extrême-Orient.

Marguerite-Marie Paintiaux est née le 31 décembre 1919 en Picardie. Famille catholique pratiquante, parents enseignants, son père est directeur d’une école libre. Jeunesse heureuse entre des parents chéris et une sœur plus âgée de dix ans.
Son éducation la dirige vers le dévouement, l’altruisme. Elle fait des études d’infirmière puis d’assistante sociale, en Picardie d’abord, puis en Normandie à Rouen où elle est affectée au tribunal pour enfants. Ensuite elle sera en poste aux usines Francolor Kulhmann.
La peur de la routine lui fait répondre à une annonce de l’armée cherchant des assistantes sociales pour l’Extrême-Orient. Elle est attirée par le milieu militaire dont son père, qui avait fait Verdun en 1914-1918, lui vantait l’abnégation, l’héroïsme, le don de soi.
En février 1950 elle embarque sur le "Cap Tourane", direction Saïgon.
Ses diplômes d’Etat lui permettent d’avoir le grade de sous-lieutenant.
Sa première affectation à Saïgon est dans un hôpital de Cholon. Puis un an plus tard, à sa demande, elle part au Tonkin comme assistante sociale d’un Groupe Mobile.
Le général de Lattre venant de prendre le commandement en Indochine désirait que les assistantes sociales soient nommées par armes et non  par secteur où, comme le dit Guite, elle avait à s’occuper d’un cocktail de Sénégalais, tirailleurs Algériens, paras, légionnaires. Elle est alors affectée à la Légion Etrangère, poste de choix très demandé.
Elle prolonge son séjour et restera en Indochine de janvier 1950 à septembre 1953.
A Hanoï des collègues lui avaient dit que les officiers de Légion n’étaient pas tous commodes et certains pouvaient même être hostiles et désagréables. Comme un certain capitaine…Georges Masselot !
En janvier 1952 elle hérite de son bataillon, le 1/5ème REI, après avoir servi à la 13ème DBLE qui l’avait nommée Légionnaire Honoraire de 1ère Classe. Elle avait refusé une Croix de Guerre des TOE pour ce galon qu’elle jugeait plus valorisant et rare chez une femme.
C’est à Hoa-Binh qu’a lieu la première rencontre avec Georges.
Elle raconte : « Je me trouvais en face d’un officier de Légion, pipe à la bouche, je lui demande s’il est le capitaine Masselot et il me répond par une boutade pleine d’humour en me reprochant de n’être pas venue plus tôt voir son bataillon qui était, bien sûr, le plus beau, le meilleur, le plus intéressant, et me donna rendez-vous pour le petit déjeuner. »
Elle tombe sous le charme. Ce fut d’abord de l’estime, puis vint l’amour et le mariage à Saïgon en 1955.
1956. Le retour en Algérie. Philippeville, Georges est avec le 2ème REP jusqu’en 1958, puis ce sera Djelfa comme adjoint opérationnel jusqu’en janvier 1960, il prend alors le commandement du 18ème RCP.
Et puis c’est le drame. Juillet 1960, Philippe le fils de Georges est tué en opération avec le régiment de son père.
Cruel destin. Pour Guite les enfants de Georges Philippe, Simone et Claude-Hélène sont les enfants qu’elle n’a pu avoir. Et la perte de Philippe sera, comme pour Georges, le grand drame de sa vie.
22 avril 1961, c’est le putsch. Georges est arrêté, jugé, condamné. Guite n’a pas de ressources, elle vit misérablement avec leurs petites économies. Elle s’installe à Tulle avec les deux chiens de Georges. Malgré la pauvreté de ses moyens, elle reçoit les épouses des autres détenus qui sont elles aussi sans le sou. Solidarité militaire et patriotique !
Elle sert aussi de "boite aux lettres" pour passer certains courriers des prisonniers, elle apporte un appareil photo (interdit) dans son tricot, ainsi qu’un révolver !
Lorsqu’une fouille est prévue, Guite est alertée, alors elle vient récupérer les objets interdits et les restitue ensuite…
Alors que Georges est à la Santé, elle va au donjon de Vincennes où se trouve "en exil" le drapeau du 18ème RCP, et avec des ciseaux coupe quelques franges qu’elle rapporte à Georges. Celles-ci ne le quittèrent jamais.
Retirés à Gan près de Pau à la retraite de Georges, elle l’accompagnera dans toutes ses activités, familiales, militaires, civiles et politiques.
Elle nous quittera en septembre, peut-être fatiguée de vivre seule après le décès de  son époux,
nous  laissant l’immense souvenir d’une femme d’Honneur.

SERGE DE BEKETCH

Une grande Voix s’est tue. Serge de Beketch nous a quittés le 6 octobre, épuisé mais non vaincu par la maladie. Il allait avoir 61 ans. La France, que dis-je la France ? L’Occident a perdu un trésor inestimable : un homme libre, courageux, fidèle, qui oeuvrait dans un secteur rongé par le politiquement, le moralement, l’historiquement, le culturellement correct : la Presse. Nous Pieds-Noirs, nous qui ici, à l’AMEF, voulons être toujours, envers et contre tout, des « Gens d’Empire », non par la puissance ou la domination, mais par la résistance à l’oppression intellectuelle, et par la droiture d’esprit vivifiée par un supplément d’âme, nous avons perdu un ami, un frère. Un frère d’armes. Le réalisons-nous ? Le savions-nous ? Et, je ne peux m’empêcher de poser la terrible question : Cet homme, ce tribun « électron libre », ce fort en gueule tendre, qui fut de tout temps défenseur ardent de notre Cause, qui mit au service de celle-ci sa plume aiguisée et sa parole redoutable et redoutée, qui ouvrit aux nôtres les colonnes de son périodique : « le libre journal », et plus encore le micro de sa célèbre émission du mercredi sur Radio Courtoisie, combien parmi nous sont ceux qui  connaissent son action, voire son existence ?

Et c’est bien notre drame, et ma honte, de constater, trop souvent hélas, qu’on ignore ces « Justes » qui ont tout donné pour nous….Serge de Beketch, dans la lignée d’un Jean de Brem…Qui se souvient de Jean de Brem, qui tomba sous les balles de la police gaulliste, qu’il ne menaçait même pas, alors que tout était consommé, exactement une semaine après que le colonel Bastien-Thiry fut tombé sous celles d’un peloton d’exécution ? Jean de Brem avait 10 ans de plus que Serge de Beketch, et avait été  Lieutenant de Paras en Algérie. Serge, lui, avait eu son père, Sous-officier de la Légion, tué à Dien-Bien-Phu. Et son grand-père, dans sa Russie natale, avait été Officier dans les Armées Blanches qui avaient combattu héroïquement les Bolcheviks….

Que de sang, me dira-t-on… Autre temps, autres mœurs. Aujourd’hui, un livre comme le « Sanguis Martyrum » de Louis Bertrand, n’aurait même pas d’éditeur…Mais, justement, Serge, né en 1946, et ayant grandi après toutes les guerres classiques, a fait de sa voix un fusil, et de sa plume une épée. Et il a foncé dans le tas, au risque même, parfois, de bousculer ses amis. Mais son cœur, son cœur immense, fut toujours pour tous les siens, pour nous, fidèles d’une vraie France, non caricaturée, un bouclier contre les projectiles qui nous pleuvent dessus.

Bien sûr que les moyens étaient limités. Parce que l’Argent ne marche pas avec nous. Serge a tout au long de sa vie, flirté avec le dénuement. Et sa veuve et ses 2 enfants en savent aujourd’hui quelque chose. Mais aujourd’hui, partout en France, et même dans le Monde, on peut écouter Radio-Courtoisie dès lors qu’on a internet et l’ADSL. Et on peut lire la courageuse presse nationale – pas celle  des gros médias- au 1er rang de laquelle il faut placer « Présent »  pour la bonne raison que « Présent » est un quotidien, le seul, et qu’il a donc sur l’évènement la rapidité d’intervention dont nous avons tous besoin. En réalité, soyons honnêtes avec nous-mêmes : si nous voulons, nous pouvons. Et le plus difficile, ce n’est pas l’accès à la connaissance de nos moyens de diffusion qui sont notre seule défense, faibles mais réels, c’est de le vouloir, vouloir accomplir le geste qui sauve, au lieu de se laisser aller à la pente facile des récriminations amères qui ne servent à rien, sinon à apaiser notre conscience, tandis qu’on s’abandonne à l’air du temps….

En Algérie, nous avions, dit-on, un caractère bien trempé. Il faut voir que, placés face à une majorité de musulmans, qui appliquaient, faut-il le rappeler, un islam traditionnel, et non l’Islamisme, à la fois familiers et impénétrables, observateurs énigmatiques et attentifs de nos comportements, nous avions développé à ce niveau nos défenses immunitaires, et pratiquions cette forme première du respect des autres qu’est le respect de soi-même. Mais, près d’un demi-siècle d’immersion et de dispersion à travers un espace hexagonal où s’agite et s’instille insidieusement jusque dans les recoins les plus intimes de notre vie privée une  société désaxée, placée largement sous le signe de l’inversion des mentalités et des comportements, ne laisse pas indemne: ces défenses immunitaires se sont  affaiblies, au point de disparaître chez nombre d’entre nous. Nous luttons encore, pour partie, mais nous sommes tous contaminés.  

Mais, je vois que je m’emporte, que je commence à dire des choses un peu dures, parce qu’inspirées par l’amour que je porte à notre Cause à tous….L’esprit de Serge ne descendrait-il pas un peu sur moi, guidant ma plume ? Je dis cela, non pas par autosatisfaction, mais parce que je réalise soudain qu’au début de cette chronique, j’ai peut-être commis une grosse erreur : Serge de Beketch s’en est allé, mais sa Voix ne s’est pas tue. Elle parle en moi, comme  tout à l’heure, demain ou plus tard, elle parlera en vous. Comme ces étoiles qui se sont éteintes il y a des siècles ou des milliers d’années, elle continuera à nous apporter sa lumière, scintillant dans la nuit qui nous ensevelit.

Pierre Dimech

Association pour la mémoire de l'Empire français (AMEF) L'association a pour objet de maintenir le souvenir de l'épopée et de l'oeuvre française outre-mer. Elle défend également la mémoire de tous ceux qui ont fait tant de sacrifices pour le rayonnement de la France à travers le monde.